Campaign of the Month: December 2021

Le Sang versé d'Occitanie

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Vda :: Récit 1.16, Février 1244

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Contribution de Breloque
⇝ Introduction :

Dans la nuit froide du mois de Février, trois silhouettes progressent sur un chemin escarpé à lueur d’une torche.
L’un d’eux porte la sacoche caractéristique d’un luth et un autre porte un fanion blanc, qu’il brandit à l’attention des soldats qui les observent depuis le chemin de ronde.

« Nous demandons des pourparlers. » annonce Sébastian d’une voix monocorde.

Les damnés sont fouillés et présentés à un chevalier cathare à la mine soucieuse. L’homme hésite quelques instants et accepte de conduire les trois compagnons jusqu’à son maître. C’est accompagnés d’une solide escorte que les vampires sont menés jusqu’au castrum.

Même dans la nuit, le lieu est à couper le souffle. Le castrum se dresse comme un prolongement ouvragé de la montagne. Difficile d’imaginer que ce sont de vulgaires humains qui ont bâti cela ici. Les gardes postés en faction regardent avec curiosité le petit groupe monter les marches. Les vampires ressentent un malaise, leur Bête s’agite, mais rien qui ne les empêche de poursuivre l’ascension.

Raymond de Péreille apparaît sur le perron des portes monumentales. C’est lui le seigneur qui tient Montségur, ancien vassal de Raymond VI de Toulouse. Un homme au port altier et la mise digne.

Un long dialogue s’ensuit avec le maître des lieux. Sebastian annonce vouloir trouver une solution à ce siège afin que le moins de sang possible n’ait à couler.

Sur un quiproquo, Adhémar chante une chanson de trouvère d’Occitanie accompagné par son luth, au grand étonnement des assiégés.

Béatrix de Toulouse, la nièce de Sébastian, se joint à la conversation. C’est une belle jeune femme rousse qui n’a pas l’air intimidée par la situation. Sébastian l’invite à venir trouver refuge à Béziers. Elle refuse, sa place est ici.
Sébastian propose d’utiliser les chemins d’approvisionnement pour que les cathares quittent le fort en vie, et de laisser derrière eux brûler le lieu.

Mais Raymond de Péreille ne souhaite pas devoir se cacher pour pratiquer sa foi. Il préfère faire face à sa destinée.

Dans un grincement sinistre, les portes s’ouvrent derrière Raymond de Péreille et Béatrix de Toulouse. Trois silhouettes encapuchonnées s’avancent. Aucun doute possible, ce sont des damnés… les véritables maîtres des lieux. Et probablement la raison pour laquelle le siège du Poc de Montségur tient toujours.

Les trois nouveaux venus sont pourvus d’un troisième œil qui orne leurs fronts. Des Salubrien. Les membres de clan se font rares depuis le siècle dernier et leurs démêlés avec les Tremere. Parmi eux, les vampires reconnaissent Gaubert, le damné à la recherche de la Golconde, entrevu à Toulouse lors du couronnement d’Esclarmonde.

C’est la Dame-des-Cendres, la femme à trois yeux, qui prends la parole :

« Je ne m’attendais pas à voir venir en ces temps de guerre trois homologues pour négocier la reddition de Montségur. Quelle est la véritable raison de votre venue ? »

Sébastian lui réponds alors :

« Je ne laisserai pas Béatrix mourir comme sa mère. »

Puis la femme questionne tour à tour Sébastian, Adhémar et Innocent. Adhémar ne cache pas son désintérêt pour le sort des humains de la place, contrairement à Sébastian. Le troisième Salubrien, surnommé « La Voix-qui-se-Tait » déclame ensuite la descendance des trois vampires et confirme la véracité de leurs dits.

Hommes et femmes se rapprochent pour écouter les échanges entre les damnés. Parmi eux, se trouve un jeune homme : Sylvan, l’enfant que les vampires ont sauvé il y a des années dans la forêt aux abords de Toulouse. Ils reconnaissent aussi le Petit dans la foule.

La Dame-des-Cendre explique alors :

« Ce lieu n’est pas juste une place forte. Ce lieux est un havre pour notre clan. Nous vivons dans la paix avec les mortels depuis bien des années. Sans secret ni cachoteries. Ces mortels ont une foi que vous pourriez sentir rien qu’en goûtant leur sang. Nous vivons sans crainte. »

Sebastian s’échine à convaincre humains et damnés de Montségur que la fuite et la survie sont possibles. Mais en vain. Les cathares refusent de se cacher. Le couperet tombe quand le Seigneur Cathare conclu :

« Un discours de vérité, jusqu’à la fin. » dit Raymond de Péreille.

Innocent livre quelques vérités crues, qui semble faire réfléchir certains gens. Les Salubrien annoncent vouloir continuer à chercher la Golconde, mais ils resteront dans leur asile quitte à périr sous les épées des croisés. Pour les cathares il ne reste que deux choix possibles : la reddition par l’abjuration de leur foi ou le martyr aux mains des croisés.

Les Salubrien retournent dans le bâtiment, les portes se refermant derrière eux.

Sebastian et Béatrix discutent avec passion sur les notions de sacrifice. Le vrai Brujah en vient même à lui proposer la vie éternelle… Elle y réfléchit.

L’évêque Monseigneur Guihabert de Castres est tué par Innocent, afin d’éviter la torture aux mains des inquisiteurs. Il tourne des yeux reconnaissant envers son bourreau à l’instant fatidique, ce qui n’émeut guère le Nosferatu. La moitié de la tâche confiée par Stéfano est donc accomplie.

Après quelques échanges avec les cathares, les damnés finissent par redescendre avec le cadavre de l’évêque. Ils retournent voir le sénéchal croisé Hugues des Arsis dans sa tente de commandement. Le vétéran leur demande :

« Quels sont les termes de leur reddition ? »

Et Innocent de lui répondre :

« Il n’y a pas vraiment de termes. Abjuration de leur hérésie pour quelques-un et martyr de votre choix pour les autres. ».

Hugues demande alors aux vampires s’ils peuvent lui fournir une liste des cathares et leurs choix effectifs.

De retour au castrum la nuit suivante, Adhémar joue le rôle du scribe en griffonnant les noms demandés.
Pendant ce temps, Innocent et Sebastian essaient de convaincre les Cathares d’abjurer et de venir trouver refuge à Béziers. Gaubert a quitté la place, et ne démérite pas le nom de « Témoin-de-Montségur » dont l’affuble ceux de son clan.

La grande majorité des Cathares préfèrent le suicide. Parmi ces 341 noms, on retrouve le Petit, Sylvan, la Voix-qui-se-Tait ainsi que la Dame-des-Cendres.

Les trois vampires sont assez sceptiques de la façon dont renoncent les deux Salubriens à leur non-vie.

La construction et l’installation des bûchers prends quelques jours.

Au crépuscule du 16 Mars 1244.

Un messager se présente, porteur d’une missive de Wolfram Von Glattfurt. Celui-là même qui voulait capturer Esthelle, la goule d’Adhémar, pour ses petites expériences. Le Malkavian y expose par le détail ses théories. Selon lui, les âmes des parfaits cathares sont vouées à accéder au Paradis. Et il pense qu’Alvaro voulait utiliser ce vaisseau pour corrompre les cieux à jamais, en faisant périr l’Enfant de la Prophétie par le feu. Mais jamais son plan ne fût mis à exécution. Wolfram prend la peine d’expliquer qu’il a marqué les bûchers de Montségur de glyphes qui consumeront la voie vers le Paradis.

Sur le devant du castrum, les chevaliers cathares abandonnent armes et armures.

La processions descends du Pog en direction du camp croisé. Tous sont vêtus d’habits simples, y compris Raymond de Péreille. Ils sont rapidement escortés et malmenés par les croisés.

Arrivés en bas, la confession leur est proposée. Quelques dizaines acceptent d’abjurer leur hérésie. La majorité sont réunis dans un enclos. Ils prient et chantent un dernier cantique avant d’être conduits un à un au bucher.
Innocent regarde avec attention ceux qui montent sur le bûcher comme s’il mettait à jour une liste mentale.

Adhémar s’ennuie et a sorti une écritoire. Il fredonne et note quelques idées de balade à la lueur des bûchers qui s’embrasent et consument la chair des cathares.

Les cantiques sont perturbés par les pleurs de ceux qu’on mènent à la mort et par les hurlements de ceux qui l’expérimentent.

Les vampires remarquent que Wolfram a dit vrai. Toutes les bûches sont marquées de glyphes ensanglantées, un rituel thaumaturgique réalisé par le Malkavian.

C’est au tour de Raymond de Péreille et de sa fille Esclarmonde de Péreille. Mais la noblesse n’offre pas plus de dignité dans la mort.

La Dame-des-Cendres et la Voix-qui-se-Tait laissent un petit nuage de cendres une fois que le feu a dévoré jusqu’à la dernière once de leur âme. La damnation non plus n’offre pas plus de dignité dans la mort.

A proximité d’un feu aussi vorace, Le Petit ne peut s’empêcher de révéler sa vraie nature. Transformé en monstre de poils et de rage, il massacre un soldat puis hurle à la lune. Il adresse un dernier regard aux damnés avant de bondir de son propre chef dans les flammes.

Contrairement à ses comparses, Sebastian se montre actif. Il tente en vain de convaincre Sylvan de ne pas se suicider bêtement. Mais le jeune cathare n’en démord pas. Sebastian envoûte un des gardes qui emmène le jeune homme qui fût jadis un nouveau-né que le Prince de Béziers tenait dans ses bras. Le garde embroche Sylvan de sa lance, qui meurt dans une marre de sang.

Sébastian regarde fixement le cadavre au sol. Sa mine change, il a pris une décision.

Un nouvel envoûtement convainc un garde d’escorter Béatrix de Toulouse jusqu’à une tente pour un interrogatoire. Sébastian tente une ultime fois de la convaincre, mais fait face à un mur d’incompréhension :
« Vous me refusez le paradis ? »

Sébastian soupire… puis l’envoûte elle-aussi à son tour. Il a décidé de la sauver de ce suicide stupide, même contre son gré.

Les vampires ont un dernier conciliabule. C’est l’heure des adieux.

Innocent retourne à Toulouse et rend visite à Stéfano pour lui annoncer que la faveur est rendue.

Quand Sébastian retourne à Toulouse pour retrouver Thémistocles, ses suivants lui annonce qu’il a quitté la ville lorsqu’il a appris la mort des Cathares de Montségur, un coup de poignard en son cœur qui lui a fait perdre foi en l’humanité. Le vrai Brujah se réfugie avec sa protégée au monastère Saint-Martin de Canigou. Toujours sous la camisole occulte de son oncle, Béatrix entre dans les ordres et fait vœu de silence. Elle priera tous les jours de sa vie de mortelle et meurt recluse sous la surveillance de son oncle… et de quelques rats tapis dans les ombres. La deuxième moitié de la tâche confiée par Stéfano est enfin terminée.

Pendant ce temps, Adhémar retourne à Béziers pour s’occuper du domaine.

Folch meurt dans une embuscade qui a mal tourné. Les routes d’Occitanie ne sont pas vraiment sûres.

Et les saisons passent.
Les années défilent.
Le temps s’écoule différemment dans la malédiction d’après la mort.

Stefano fini brûlé sur un bûcher après que se soient déployés les plans ourdis par Sebastian. Il meurt des mains de sa création : l’inquisition.

Esclarmonde laisse sa place à Sibylle des Beaux, qui ne sera que Régente pour pacifier les relations avec Paris.

Wolfram von Gladfürt a poursuivi ses recherches. Et à force de côtoyer les Tremere, il a conçu un rituel pour envoyer son âme au Paradis. On raconte qu’il est monté lui-même sur le bûcher qu’il a préparé à son attention.

Adhémar voyage… et visite toutes les cathédrales d’Europe. Les statues détiennent ce secret qu’il doit connaître. Il voyage toujours plus loin. On raconte qu’il s’est enfermé dans le mausolée de l’Empereur Qin.

Sebastian voyage… en quête de Thémistocles. On raconte qu’il est parti vers le nouveau monde, pour embrasser un nouveau destin.

Innocent voyage… jusqu’à Jérusalem. On raconte qu’il y est resté, désormais en torpeur dans le temple de Salomon.

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