Contribution de Flokta |
⇝ Introduction :
Le combat n’avait épargné personne dans le sous-sol des bains de St-Aubin, tous étaient parsemés de sang.
Alors que les damnés se réunissaient dans la salle télé, au-dessus de là où avaient eu lieu les combats, Elena passa rapidement sur le squelette encore chaud de Dominic. Son pistolet, c’était tout ce qui restait de son ami, de son frère de coterie.
Une fois tous les non-vivants encore debout réunis et la tension retombée, Aymeric annonça qu’il devait partir, pour protéger Dame Elyssa. Les bains étaient connus de trop de damnés ces derniers temps pour être sûr. Un rendez-vous fut donné, pour que l’on puisse enfin agir contre Rutor, le lendemain.
Ce rendez-vous aurait lieu au camp de Ravnos, au nord de Toulouse. C’était le seul lieu entièrement sur qui fut proposé, malgré les réticences d’Aymeric et son habitude des lieux mondains (même s’il était dans une cave il y a encore peu de temps).
Une fois parti, le groupe se met d’accord pour contacter leurs alliées, rallier tous ceux qui pourraient aider contre la puissance de Ruthor et ses derniers pantins.
Thémistocle était parti vers les terres Cathares au bord des Pyrénées, qu’il s’était promis de ne jamais refouler, d’après Mahadi. Il avait été compromis et ne pouvait pas rester sans être la cible de tous les alliés de Ruthor.
Nanosh rassembla ses infants et Elena contacta Moncelet pour le tenir au courant. Ce dernier la remercia et lui offrit une faveur pour ses informations.
Et c’était tout. Gaubert et Mahadi étaient trop anciens – et pas éveillés depuis assez longtemps – pour avoir des alliés de confiance.
L’heure était désormais à la chasse. Les estomacs criaient famine après le combat qui venait d’avoir lieu. Nanosh retourna dans son camp pour préparer la venue de tout ce monde la nuit prochaine. Gaubert retourna dans son club de boxe et Elena partie, marchant dans l’ombre des trottoirs de Toulouse pour trouver une proie.
La nuit suivante, Elena et Gaubert arrivent au camp de Nanosh dans une Kadjar un peu abîmée, mais le coffre rempli d’armes à feu. Peu après Aymeric, Dame Elyssa et d’une femme, précieuse, que peu avaient vue jusqu’alors. Simone de Vadel, l’infante d’Aymeric.
Mahadi arriva dernier, lui que l’on pensait si ponctuel.
La communauté était maintenant réunie, entourée par la famille Ravnos.
Assez rapidement, tout le monde l’avait ressenti.
Quelque chose avait changé chez Dame Elyssa. Elle qui était si terne, si effacée et si anesthésiée du monde réel, donnait cette nuit-là l’impression de pouvoir écraser le monde d’un simple claquement de doigts, menant Aymeric et Simone à la baguette. Mais c’était surtout cette aura, cette puissance nouvelle qui émanait d’elle, renforcée par sa robe d’époque, d’un pourpre profond reflétant la hauteur de sa lignée. Et, sentant ces regards interrogateurs, elle prit la parole sans tarder.
“Mes chers amis, récents plus anciens, vous me voyez heureuse et surprise d’être en votre compagnie ce soir.
Hier, quelque chose s’est brisé en moi. Une coquille, non pas protectrice, mais qui m’a emprisonnée pour ne pas que je puisse être moi-même. Une folie, un artifice mis en place il y a bien longtemps par Victorien Charlier, aussi connu sous le nom de Rutor.”
Cela expliquait ce changement d’attitude et de puissance. Mais ce n’était que le début des révélations.
Elle continua en disant qu’elle ne s’appelait pas Dame Elyssa. Mais qu’elle était Sybille, descendante de la mage Constance de Toulouse et du Comte Raymond VI, héritière directe du trône de Toulouse. Elle est née en l’an de grâce 1200 et avait une sœur, Beatrix, qui avait été à l’encontre du monde Damné alors qu’elle, Sybille, se rapprochait d’Esclarmonde la Noire.
Sybille parla ensuite du coup monté par Villon pour prendre la tête (littéralement) du trône et de ses potentiels adversaires, se servant de l’inquisition pour couvrir ses actes.
À ce moment-là, en tant que descendante directe, elle avait compris qu’il lui fallait fuir, se cacher pour ne pas perdre la non-vie, même si elle avait toujours refusé de prendre sa place, son sang justifiait sa mort. Et ce soir-là, où Ruthor avait été envoyé par Villon pour l’éliminer, Aymeric l’a trahie.
Aymeric avait négocié avec Ruthor pour la cacher, la garder au cas où il lui faudrait enlever Villon du trône. Qui de mieux qu’une descente directe pourrait lui prendre le trône après tout.
Grâce au sabbat et à un Tzimisce, le visage de Sybille changea et se transforma en celui de Dame Elyssa. Sa conscience fut aussi altérée, par des liens de sang avec Rutor, qui aujourd’hui disparaissait.
Elle finit son monologue en remerciant Gaubert puis Mahadi, qu’elle avait pu côtoyer quelque temps avant que ce dernier ne doive partir dans les Pyrénées, à la recherche d’un manuscrit qu’on lui avait volé. Que Gaubert lui avait volé.
Ce manuscrit volé, n’était que le manuscrit du signe rouge. Celui que Ruthor utilise aujourd’hui pour ses rituels et gagner en puissance. Gaubert ne s’excusa que de sa jeunesse et de son ignorance, pour ne pas lui avoir remis à l’époque.
Un silence nécessaire s’installa quelques instants.
Puis, Simone de Videl, L’infante d’Aymeric et donc petite infante de Sybille, prit la parole.
Elle exprima sa rage de combattre Rutor, le chantage qu’elle avait subi de sa part pour qu’elle engendre de nouveaux infants, pour qu’il puisse recueillir tout leur sang.
Aymeric, qui était toujours gêné d’être ici et exposé de la sorte, reprit d’une voix tremblante la liste des alliées de Rutor, qui pourrait poser problème.
Et la liste est courte.
Il ne restait plus que le Docteur, Carmen – signe du Sagittaire et Toréador de Bordeaux -, Naya et le clan des mages, Inya et quelques goules.
Gaubert suggéra que le groupe s’attaque d’abord aux alliés de Rutor, pour l’affaiblir un peu plus, mais le manque d’information sur certains, et la trop grande puissance des Mages, l’idée fut rapidement abandonnée.
Mais c’est à ce moment-là que Gaubert créa la surprise, ou le dégoût, général.
De ces mots, il proposa une alliance que personne n’aurait pu imaginer.
Une alliance des damnés et des Garous.
Il était en torpeur depuis bien longtemps et son réveil a été déclenché par la création d’un cairn garou à proximité de son lieu de repos. Il avait alors discuté avec eux de cette alliance. Il était le seul qui avait pu parler normalement avec ces monstres, grâce à une amulette qu’il avait soi-disant acquis en 1213 en les aidant. Les Garous n’étaient pas heureux de proposer cette alliance, mais ils avaient posé leur condition pour ça également.
Eux qui étaient bannis des villes depuis des siècles, sous peine d’y laisser la vie, ne voulaient plus voir personne sur le trône de Toulouse.
À ces mots, Sibylle explosa, il était hors de question pour elle, héritière du trône, que personne ne s’y trouve. Et si ce n’était pas elle, quelqu’un le prendrait d’une manière ou d’une autre. Et elle n’était pas la seule à réagir de cette manière, les garous et les damnés n’ont pas de bonne relation.
Nanosh et sa famille nomade en avaient rencontré plus d’un et des histoires se transmettent dans les familles Ravnos sur ces boules de poils. Parfois, on pouvait les battre, mais en général, il ne fallait pas y compter. Ces bêtes sauvages sont très puissantes, sans pitié et avide de destruction. Nul ne pouvait s’allier avec eux en ne surveillant pas ses arrières.
Au fil du débat, il apparut clair que les Garous ne comprennent pas qu’une place vacante était plus dangereuse qu’une place prise et qu’il était à la responsabilité de Sybille de changer son image auprès de ces garous, afin de passer de dominatrice écrasante à une alliée de confiance et ouverte à la nature des choses. Mais il était également clair qu’on ne pouvait imposer des conditions sans risquer une annulation pure et simple de l’alliance en retour. Il va falloir négocier avec ces animaux.
Gaubert avait donné l’adresse des bains de st-aubin aux garous, pour une rencontre potentielle. Si Elena n’était pas encore endeuillée, il est sûr que Gaubert y aurait perdu un oeil d’avoir pris cette liberté.
Les garous n’arrivant que dans les nuits prochaines, il fallut un plan pour ne pas perdre de temps.
Recruter des alliés chez les mages était envisagé, peut-être certain.s préféreraient combattre Ruhtor et Naya que de rester à leur service, mais même les Ravnos ne pouvaient bien se diriger et contrôler les rêves comme les mages le faisaient.
Les Technomanciens, un clan de damné lié aux technologies a aussi été énoncé, mais personne ne savait où les trouver.
Sibylle chargea les Ravnos de faire des balles en argent, avec le minerai que la famille avait “récupéré”, au cas où l’alliance garou se ferait, il fallait de quoi se défendre et il parait que l’argent à un certain effet sur eux.
Le plan de la nuit suivante était également établi. Le manoir de Rutor, au Nord Est de Toulouse en sera la cible. Aymeric avait posté des goules aux alentours, qui avaient vu Ruthor partir avec ses goules restantes dans sa grande voiture. L’une de ces goules l’avait suivi jusqu’à un couvent Dominicain. Le couvent de Fanjeaux. Mais cela laissait le manoir vide et libre de visite.
Avant de se séparer pour passer le jour, Sibylle proposa une chose que personne n’aurait pu prévoir. Une place de conseiller de la Rose à chaque membre. Et une place de choix pour Aymeric puisqu’il serait sur le trône, le temps qu’elle soit prête à le prendre.
Gaubert refusa poliment, ne souhaitant pas s’impliquer dans la politique Damné. Nanosh refusa entre deux rires. Un prince nomade n’avait pas sa place ici.
Elena ne refusa pas. Mais n’accepta pas directement non plus. Il lui fallait reconstruire l’entièreté de sa non-vie et de son domaine.
Sibylle accepta les réponses, un peu déçue mais heureuse de les savoir de son côté malgré tout.
Au crépuscule suivant, la visite au manoir de Ruthor se préparait.
Gaubert aiguisait ses griffes tandis qu’Elena faisait valoir sa faveur auprès de Moncelet. Une goule, pour accompagner et faire le guet une fois sur place. Il envoya Stefan pour cette tâche.
Et puis, quelque chose est revenu dans l’esprit d’Elena. Une lettre, trouvé la première qu’elle avait pénétré dans ce manoir. Une lettre, suppliant la libération de Dame Elyssa (qui est en réalité Sybille) et de lui rendre vie. L’auteur connaissait la vérité sur qui elle était et la situation. Une lettre signée A. de Cabaret. Elle appela Aymeric pour lui en parler. Il ria quand elle lui expliqua.
“Rutor laisse vraiment traîner mes courriers. A. de Cabaret pour Aymeric de Cabaret. Il est vrai que nous n’avons jamais vraiment eu le temps de nous connaître.”
A. de Cabaret aurait pu être un allié en plus, mais c’en est déjà un.
L’appel prenant fin, le départ vers le Manoir commença avec Elena, Gaubert, Nanosh et Stefan, la goule.
Elena guidait, vu qu’elle était la seule à déjà y être allée. L’entrée se faisait par la grille arrière pour plus de discrétion et nanosh se chargea d’ouvrir la grille.
La porte d’entrée n’était même pas fermée et Stefan prit d’ors et déjà position. Ils étaient partis en vitesse et cela se voyait à l’intérieur. Une partie de la bibliothèque avait disparu, laissant des piles de livres au sol, les chaises à moitiés renversées et de la vaisselle cassée au sol.
Gaubert s’assura que les gargouilles présentes étaient des gargouilles sculptées dans la pierre et non des gargouilles vivantes. Aucune ne semblait vivante.
Nanosh fouilla rapidement et ne trouva rien, alors qu’Elena et Gaubert revenaient avec des informations précieuses.
Elena avait trouvé qu’il y avait d’habitude quatres (4) goules habitaient ici, avec Rutor.
Gaubert avait épluché les livres et les notes de Rutor restante. Il découvrit l’existence d’un rituel thaumaturgique développé par Rutor, lui permettant de concentrer son sang pour résister toute une journée à la lumière du jour accompagné d’une aura protectrice contre toute attaque durant cette journée. Les damnées normaux ne pouvaient survivre le jour que très brièvement et cela leur coûtait très cher en sang.
Puisque rien d’autre n’avait été trouvé au rez-de chaussé, Elena guida le groupe vers l’escalier menant au sous-sol. Son angoisse dans cet escalier était palpable, puisque que c’était ici que les choses avaient mal tourné lors de sa première venue.
Une fois au sous-sol, la décoration était beaucoup moins soignée. Le sol était fait de pierre et dans la grande salle principale se trouvait le cercueil de nuit de Rutor, un bassin de sang récemment vidé et un cercle de rituel un peu plus loin à droite.
A gauche se trouvaient deux pièces. Une où se trouvait un trône de pierre, entouré de gargouilles. Toutes de pierres et bien non vivantes. Puis une autre pièce, où se trouvait différents restes de cercueil. C’était dans cette crypte qu’Elena avait trouvé Mahadi.
Il se trouvait également une grille, sur la droite, qui donnait l’accès à un cours d’eau.
Gaubert et Elena s’activaient à fouiller cette cave, rapidement mais méticuleusement.
Nanosh, lui, agissait de façon étrange. Il avait repéré une statue, au centre de la pièce, collé à un mur de la crypte. une femme regardant vers le ciel et les bras vers le ciel qu’il avait cru voir bouger. Il l’observa, se retourna comme pour essayer de la prendre par surprise, lui cria dessus avant d’aller chercher un crâne qui trainait par terre et de lui lancer dessus.
Le crâne explosa sur la statue, qui ne bougea pas d’un iota. Encore un Ravnos qui avait abusé de ses illusions et qui n’arrivait plus à différencier le réel de l’irréel à tous les coups.
Elena, en lisant les diverses notes trouvées vers le cercle, comprit que le manuscrit était là lors de sa précédente visite. Mais que Rutor était parti avec. Elle avait également la confirmation de son lieu d’asile. Le couvent de Fanjeaux, entouré de l’Ordre de Jupiter, la sororité de mage.
Mais elle eut également l’information que Rutor allait lancer son rituel. Celui pour lequel il prélevait du sang à Sybille. Pour lequel tant d’infant de Simone avait perdu leurs non-vie. Celui que tous redoutaient.
Le temps manquait de plus en plus. Rien d’autre n’était à trouver dans les restes que Rutor avait laissés ici.
A leur retour aux bains, il fallait maintenant se préparer à la venue des Garous, qui sont désormais indispensables pour combattre les puissants mages de Fanjeaux.
Et dans cet esprit, nanosh distribua les armes ramené à son camps par Elena a toutes les personnes présentes, avec des balles incrustées d’argent.
Les damnés ne peuvent pas prendre le risque d’échouer maintenant, pour Toulouse, pour la Liberté.
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