Campaign of the Month: December 2021

Le Sang versé d'Occitanie

Le Manuscrit
V20 & W20 :: Récit Final, Septembre 2020

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Contribution de Yakurou

⇝ Introduction :


Les immeubles défilaient à la fenêtre de la vieille camionnette qu’Audric Peau-de-lune conduisait pour rentrer dans la ville. Ses deux compagnons, à l’arrière, sous forme Lupus, étaient calmes. Étrangement calmes. Tout comme Audric, ils savaient où ils se rendaient, et se doutaient bien de ce qui les attendait. Une entrevue avec des créatures du Ver, c’était une invitation à la trahison. Une trahison dont vous seriez la cible… Mais dans ce cas, pourquoi Chouette les avait-elle mené jusqu’à eux ? Pourquoi l’un des leurs possèdait-il une amulette de la Rage Partagée ? Ses mains se raidirent alors qu’il mit son clignotant, indiquant aux autres automobilistes qu’il souhaitait tourner à gauche, dans l’impasse Saint-Aubin.

Assise au comptoir des bains, cet établissement qui lui appartenait maintenant, Elena se préparait à accueillir chez elle des ennemis jurés, ceux qu’on lui avait toujours enseigné à craindre. Sans s’en cacher, elle observait ce damné, le Témoin. Celui qui, avec Mahadi, avait fait irruption deux nuit plus tôt dans les sous sol pour vaincre Nerio, son Sire, et sa meute du Sabbat.
Mais aussi celui qui avait pris contact avec les futurs arrivants, et qui leur avait donné rendez-vous dans son Domaine sans même lui demander son avis.

Dans d’autres circonstances, auraient-ils été alliés? Elena n’eut pas le temps d’arriver au bout de sa pensée que dehors, des bruits de voix se firet entendre. La famille de Nanosh venait d’intercepter des gens qui souhaitent rentrer. Le Témoin sortit son collier, et alla accueillir les nouveaux arrivants.

Bien qu’ayant troqué sa robe habituelle pour des vêtements de sport, l’aura que dégagait Elena frappa les Garous au moment où ils entrèrent dans la pièce à la douce musique et aux odeurs orientales. La discussion et les négociations tournèrent court, et sans l’ordre mental de la Ventrue, elle aurait pris fin avant même le début des hostilités.

Bon gré mal gré, tous s’accordèrent pour dire qu’il fallait intervenir. Dès ce soir.
Et c’est après avoir fixé un point de rendez-vous à Fanjeaux que les Garous passèrent dans l’Umbra, disparaissant ainsi des bains. Les damnés prirent aussitôt la route.

Ce ne fut qu’une heure plus tard que les deux groupes se rejoignirent. A la faveur de la nuit, il s’approchèrent de la maison Saint Dominic, qu’Elena avait décrit comme étant le passage vers les souterrains du couvent. Ils furent cependant forcés de s’arrêter, pour ne pas se faire repérer par trois personnes encapuchonnées qui semblaient surveiller la ville.

Nanosh, Audric Peau-de-lune et le Témoin décidèrent de les suivre discrètement. Ce dernier s’approcha discrètement d’eux, et posa une main sur leur épaule, cherchant à les endormir à l’aide de sa Discipline, mais l’action ne sembla pas fonctionner.

Les trois humains se retournèrent, surpris, et avant même qu’ils n’aient pu ouvrir la parole, le damné leur expliqua qu’il venait ici en pèlerinage, cherchant asile pour la nuit dans un lieu saint.

D’abord surpris de voir quelqu’un ici, les trois humains ne tardèrent pas à inviter le Témoin à les suivre, sans aucun doute pour l’emmener dans un piège. Mais piégera bien celui qui mène les ficelles, et le damné les suivit bien volontier jusqu’à la maison Saint Dominic.

Derrière, les questions se posaient. Que voulait faire le Témoin avec eux? Fallait-il le suivre? Discrètement ou non ? Elena intervint mentalement auprès d’un autre groupe encapuchonné, afin d’en soutirer des information, mais les Garous étaient las de ces manigances. Ils assommèrent des pélerins, ne laissant d’autre choix à Elena que de faire de même face à ses cibles.

Les cinq individu étaient maintenant avec avec trois corps sur les bras, ainsi que trois habits leur permettant de se faire passer pour des fanatiques des lieux. Mais le rituel avait déjà commencé, et l’intervention devait se faire vite. Les Garou partirent avec leur vitesse qui leur est propre, en direction de l’église. Il passe non loin du Témoin, en pleine discussion avec une femme qui les aperçois bien vite, et qui tente de les arreter d’un sort. Mais le Damné réagit plus vite, et la femme s’écroule au sol, endormis.

Alors que la meute s’approche de l’église, utilisant la puissance de Gaïa pour faire fuir les derniers humains, Elena et Nanosh achèvent la mage endormie et aide le Témoin à ses adversaires. Une fois choses faites, ils se dirigent également vers l’église.

A l’intérieur, deux mages, et deux damnés. Le premier, Rutor est debout, derrière l’autel. Le second, Thémistocle, est en torpeur, en train d’être saigné pour le bien du rituel en cours, perturbé par l’irruption des Garou. Les mages accompagnant Rutor font parler leur art, et bientôt une lumière aveuglante, et un amas de bois sont mis en place pour empêcher leur adversaire d’approcher.

Mais cela n’arrête pas les balles que Nanosh tire de l’entrée de l’édifice, ni la rage des Garou, qui passe l’obstacle en quelques secondes.Quelque secondes, c’est le temps qui leur est nécessaire pour venir à bout du damnés et de ses deux acolytes mages.

Les esprits se calment, et chacun reprend son souffle. Les garou et les damnés se regardent en chiens de faillance. L’ennemi commun est mort. L’alliance va-t-elle tenir?

C’est Elena qui fait le premier pas, et se dirige vers Thémistocle, qu’elle entreprend de détacher, de libérer de sa torpeur et de nourrir de son sang. Le témoins fouille déjà les lieux, à la recherche du manuscrit du livre rouge, ne laissant que Nanosh pour entendre les menaces des Garou : “Nous avons respecté nos engagements. A vous de tenir les vôtre”

Sans plus de cérémonie, ils laissent l’édifice religieux derrière eux. Thémistocle remercie Elena et Nanosh de leur aide, pendant que le Témoin détruit le livre. Ce manuscrit qu’il avait vu, près d’un millénaire plus tôt, tombé dans les mains de Tremere.

Ensemble, ils repartent ensuite vers Toulouse, ou le chaos de la nuit doit encore trouver une fin. Malgré la menace des Garous, Aymeric prend la place du prince de Toulouse, dirigé dans l’ombre par Sybille, qui cherche à reprendre sa couronne de reine. On offre à Elena la place de primogène Ventrue, conseillère à la cour de Toulouse, et toujours secrètement agente de Charles de Sens.

Nanosh reprend son chemin avec sa famille, car c’est là la place d’un Ravnos. Le rêve de rassembler tous ses pairs sous un même clan fait son chemin dans son esprit.

Le Témoin n’a pas fini sa mission, et la Golconde n’est pas encore à sa portée. Il prend le temps d’apprendre ce qu’il s’est passé les dernières années, avant de repartir au château de Montségur. Il est maintenant le garant de deux mémoires, celles de pauvres hères massacrés pour leur croyance, et celle d’un trémère fou, près a tout pour devenir dieu.

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Les Révélations
V20 :: Récit 2.24, Septembre 2020

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Contribution de Flokta

⇝ Introduction :


Le combat n’avait épargné personne dans le sous-sol des bains de St-Aubin, tous étaient parsemés de sang.

Alors que les damnés se réunissaient dans la salle télé, au-dessus de là où avaient eu lieu les combats, Elena passa rapidement sur le squelette encore chaud de Dominic. Son pistolet, c’était tout ce qui restait de son ami, de son frère de coterie.

Une fois tous les non-vivants encore debout réunis et la tension retombée, Aymeric annonça qu’il devait partir, pour protéger Dame Elyssa. Les bains étaient connus de trop de damnés ces derniers temps pour être sûr. Un rendez-vous fut donné, pour que l’on puisse enfin agir contre Rutor, le lendemain.
Ce rendez-vous aurait lieu au camp de Ravnos, au nord de Toulouse. C’était le seul lieu entièrement sur qui fut proposé, malgré les réticences d’Aymeric et son habitude des lieux mondains (même s’il était dans une cave il y a encore peu de temps).

Une fois parti, le groupe se met d’accord pour contacter leurs alliées, rallier tous ceux qui pourraient aider contre la puissance de Ruthor et ses derniers pantins.
Thémistocle était parti vers les terres Cathares au bord des Pyrénées, qu’il s’était promis de ne jamais refouler, d’après Mahadi. Il avait été compromis et ne pouvait pas rester sans être la cible de tous les alliés de Ruthor.
Nanosh rassembla ses infants et Elena contacta Moncelet pour le tenir au courant. Ce dernier la remercia et lui offrit une faveur pour ses informations.
Et c’était tout. Gaubert et Mahadi étaient trop anciens – et pas éveillés depuis assez longtemps – pour avoir des alliés de confiance.
L’heure était désormais à la chasse. Les estomacs criaient famine après le combat qui venait d’avoir lieu. Nanosh retourna dans son camp pour préparer la venue de tout ce monde la nuit prochaine. Gaubert retourna dans son club de boxe et Elena partie, marchant dans l’ombre des trottoirs de Toulouse pour trouver une proie.

La nuit suivante, Elena et Gaubert arrivent au camp de Nanosh dans une Kadjar un peu abîmée, mais le coffre rempli d’armes à feu. Peu après Aymeric, Dame Elyssa et d’une femme, précieuse, que peu avaient vue jusqu’alors. Simone de Vadel, l’infante d’Aymeric.
Mahadi arriva dernier, lui que l’on pensait si ponctuel.

La communauté était maintenant réunie, entourée par la famille Ravnos.

Assez rapidement, tout le monde l’avait ressenti.
Quelque chose avait changé chez Dame Elyssa. Elle qui était si terne, si effacée et si anesthésiée du monde réel, donnait cette nuit-là l’impression de pouvoir écraser le monde d’un simple claquement de doigts, menant Aymeric et Simone à la baguette. Mais c’était surtout cette aura, cette puissance nouvelle qui émanait d’elle, renforcée par sa robe d’époque, d’un pourpre profond reflétant la hauteur de sa lignée. Et, sentant ces regards interrogateurs, elle prit la parole sans tarder.

“Mes chers amis, récents plus anciens, vous me voyez heureuse et surprise d’être en votre compagnie ce soir.
Hier, quelque chose s’est brisé en moi. Une coquille, non pas protectrice, mais qui m’a emprisonnée pour ne pas que je puisse être moi-même. Une folie, un artifice mis en place il y a bien longtemps par Victorien Charlier, aussi connu sous le nom de Rutor.”

Cela expliquait ce changement d’attitude et de puissance. Mais ce n’était que le début des révélations.

Elle continua en disant qu’elle ne s’appelait pas Dame Elyssa. Mais qu’elle était Sybille, descendante de la mage Constance de Toulouse et du Comte Raymond VI, héritière directe du trône de Toulouse. Elle est née en l’an de grâce 1200 et avait une sœur, Beatrix, qui avait été à l’encontre du monde Damné alors qu’elle, Sybille, se rapprochait d’Esclarmonde la Noire.

Sybille parla ensuite du coup monté par Villon pour prendre la tête (littéralement) du trône et de ses potentiels adversaires, se servant de l’inquisition pour couvrir ses actes.
À ce moment-là, en tant que descendante directe, elle avait compris qu’il lui fallait fuir, se cacher pour ne pas perdre la non-vie, même si elle avait toujours refusé de prendre sa place, son sang justifiait sa mort. Et ce soir-là, où Ruthor avait été envoyé par Villon pour l’éliminer, Aymeric l’a trahie.

Aymeric avait négocié avec Ruthor pour la cacher, la garder au cas où il lui faudrait enlever Villon du trône. Qui de mieux qu’une descente directe pourrait lui prendre le trône après tout.
Grâce au sabbat et à un Tzimisce, le visage de Sybille changea et se transforma en celui de Dame Elyssa. Sa conscience fut aussi altérée, par des liens de sang avec Rutor, qui aujourd’hui disparaissait.

Elle finit son monologue en remerciant Gaubert puis Mahadi, qu’elle avait pu côtoyer quelque temps avant que ce dernier ne doive partir dans les Pyrénées, à la recherche d’un manuscrit qu’on lui avait volé. Que Gaubert lui avait volé.
Ce manuscrit volé, n’était que le manuscrit du signe rouge. Celui que Ruthor utilise aujourd’hui pour ses rituels et gagner en puissance. Gaubert ne s’excusa que de sa jeunesse et de son ignorance, pour ne pas lui avoir remis à l’époque.

Un silence nécessaire s’installa quelques instants.

Puis, Simone de Videl, L’infante d’Aymeric et donc petite infante de Sybille, prit la parole.
Elle exprima sa rage de combattre Rutor, le chantage qu’elle avait subi de sa part pour qu’elle engendre de nouveaux infants, pour qu’il puisse recueillir tout leur sang.
Aymeric, qui était toujours gêné d’être ici et exposé de la sorte, reprit d’une voix tremblante la liste des alliées de Rutor, qui pourrait poser problème.
Et la liste est courte.
Il ne restait plus que le Docteur, Carmen – signe du Sagittaire et Toréador de Bordeaux -, Naya et le clan des mages, Inya et quelques goules.

Gaubert suggéra que le groupe s’attaque d’abord aux alliés de Rutor, pour l’affaiblir un peu plus, mais le manque d’information sur certains, et la trop grande puissance des Mages, l’idée fut rapidement abandonnée.

Mais c’est à ce moment-là que Gaubert créa la surprise, ou le dégoût, général.
De ces mots, il proposa une alliance que personne n’aurait pu imaginer.

Une alliance des damnés et des Garous.

Il était en torpeur depuis bien longtemps et son réveil a été déclenché par la création d’un cairn garou à proximité de son lieu de repos. Il avait alors discuté avec eux de cette alliance. Il était le seul qui avait pu parler normalement avec ces monstres, grâce à une amulette qu’il avait soi-disant acquis en 1213 en les aidant. Les Garous n’étaient pas heureux de proposer cette alliance, mais ils avaient posé leur condition pour ça également.
Eux qui étaient bannis des villes depuis des siècles, sous peine d’y laisser la vie, ne voulaient plus voir personne sur le trône de Toulouse.

À ces mots, Sibylle explosa, il était hors de question pour elle, héritière du trône, que personne ne s’y trouve. Et si ce n’était pas elle, quelqu’un le prendrait d’une manière ou d’une autre. Et elle n’était pas la seule à réagir de cette manière, les garous et les damnés n’ont pas de bonne relation.
Nanosh et sa famille nomade en avaient rencontré plus d’un et des histoires se transmettent dans les familles Ravnos sur ces boules de poils. Parfois, on pouvait les battre, mais en général, il ne fallait pas y compter. Ces bêtes sauvages sont très puissantes, sans pitié et avide de destruction. Nul ne pouvait s’allier avec eux en ne surveillant pas ses arrières.

Au fil du débat, il apparut clair que les Garous ne comprennent pas qu’une place vacante était plus dangereuse qu’une place prise et qu’il était à la responsabilité de Sybille de changer son image auprès de ces garous, afin de passer de dominatrice écrasante à une alliée de confiance et ouverte à la nature des choses. Mais il était également clair qu’on ne pouvait imposer des conditions sans risquer une annulation pure et simple de l’alliance en retour. Il va falloir négocier avec ces animaux.

Gaubert avait donné l’adresse des bains de st-aubin aux garous, pour une rencontre potentielle. Si Elena n’était pas encore endeuillée, il est sûr que Gaubert y aurait perdu un oeil d’avoir pris cette liberté.
Les garous n’arrivant que dans les nuits prochaines, il fallut un plan pour ne pas perdre de temps.
Recruter des alliés chez les mages était envisagé, peut-être certain.s préféreraient combattre Ruhtor et Naya que de rester à leur service, mais même les Ravnos ne pouvaient bien se diriger et contrôler les rêves comme les mages le faisaient.
Les Technomanciens, un clan de damné lié aux technologies a aussi été énoncé, mais personne ne savait où les trouver.
Sibylle chargea les Ravnos de faire des balles en argent, avec le minerai que la famille avait “récupéré”, au cas où l’alliance garou se ferait, il fallait de quoi se défendre et il parait que l’argent à un certain effet sur eux.

Le plan de la nuit suivante était également établi. Le manoir de Rutor, au Nord Est de Toulouse en sera la cible. Aymeric avait posté des goules aux alentours, qui avaient vu Ruthor partir avec ses goules restantes dans sa grande voiture. L’une de ces goules l’avait suivi jusqu’à un couvent Dominicain. Le couvent de Fanjeaux. Mais cela laissait le manoir vide et libre de visite.

Avant de se séparer pour passer le jour, Sibylle proposa une chose que personne n’aurait pu prévoir. Une place de conseiller de la Rose à chaque membre. Et une place de choix pour Aymeric puisqu’il serait sur le trône, le temps qu’elle soit prête à le prendre.
Gaubert refusa poliment, ne souhaitant pas s’impliquer dans la politique Damné. Nanosh refusa entre deux rires. Un prince nomade n’avait pas sa place ici.
Elena ne refusa pas. Mais n’accepta pas directement non plus. Il lui fallait reconstruire l’entièreté de sa non-vie et de son domaine.
Sibylle accepta les réponses, un peu déçue mais heureuse de les savoir de son côté malgré tout.

Au crépuscule suivant, la visite au manoir de Ruthor se préparait.
Gaubert aiguisait ses griffes tandis qu’Elena faisait valoir sa faveur auprès de Moncelet. Une goule, pour accompagner et faire le guet une fois sur place. Il envoya Stefan pour cette tâche.
Et puis, quelque chose est revenu dans l’esprit d’Elena. Une lettre, trouvé la première qu’elle avait pénétré dans ce manoir. Une lettre, suppliant la libération de Dame Elyssa (qui est en réalité Sybille) et de lui rendre vie. L’auteur connaissait la vérité sur qui elle était et la situation. Une lettre signée A. de Cabaret. Elle appela Aymeric pour lui en parler. Il ria quand elle lui expliqua.

“Rutor laisse vraiment traîner mes courriers. A. de Cabaret pour Aymeric de Cabaret. Il est vrai que nous n’avons jamais vraiment eu le temps de nous connaître.”
A. de Cabaret aurait pu être un allié en plus, mais c’en est déjà un.

L’appel prenant fin, le départ vers le Manoir commença avec Elena, Gaubert, Nanosh et Stefan, la goule.
Elena guidait, vu qu’elle était la seule à déjà y être allée. L’entrée se faisait par la grille arrière pour plus de discrétion et nanosh se chargea d’ouvrir la grille.
La porte d’entrée n’était même pas fermée et Stefan prit d’ors et déjà position. Ils étaient partis en vitesse et cela se voyait à l’intérieur. Une partie de la bibliothèque avait disparu, laissant des piles de livres au sol, les chaises à moitiés renversées et de la vaisselle cassée au sol.
Gaubert s’assura que les gargouilles présentes étaient des gargouilles sculptées dans la pierre et non des gargouilles vivantes. Aucune ne semblait vivante.
Nanosh fouilla rapidement et ne trouva rien, alors qu’Elena et Gaubert revenaient avec des informations précieuses.
Elena avait trouvé qu’il y avait d’habitude quatres (4) goules habitaient ici, avec Rutor.
Gaubert avait épluché les livres et les notes de Rutor restante. Il découvrit l’existence d’un rituel thaumaturgique développé par Rutor, lui permettant de concentrer son sang pour résister toute une journée à la lumière du jour accompagné d’une aura protectrice contre toute attaque durant cette journée. Les damnées normaux ne pouvaient survivre le jour que très brièvement et cela leur coûtait très cher en sang.

Puisque rien d’autre n’avait été trouvé au rez-de chaussé, Elena guida le groupe vers l’escalier menant au sous-sol. Son angoisse dans cet escalier était palpable, puisque que c’était ici que les choses avaient mal tourné lors de sa première venue.

Une fois au sous-sol, la décoration était beaucoup moins soignée. Le sol était fait de pierre et dans la grande salle principale se trouvait le cercueil de nuit de Rutor, un bassin de sang récemment vidé et un cercle de rituel un peu plus loin à droite.
A gauche se trouvaient deux pièces. Une où se trouvait un trône de pierre, entouré de gargouilles. Toutes de pierres et bien non vivantes. Puis une autre pièce, où se trouvait différents restes de cercueil. C’était dans cette crypte qu’Elena avait trouvé Mahadi.
Il se trouvait également une grille, sur la droite, qui donnait l’accès à un cours d’eau.

Gaubert et Elena s’activaient à fouiller cette cave, rapidement mais méticuleusement.
Nanosh, lui, agissait de façon étrange. Il avait repéré une statue, au centre de la pièce, collé à un mur de la crypte. une femme regardant vers le ciel et les bras vers le ciel qu’il avait cru voir bouger. Il l’observa, se retourna comme pour essayer de la prendre par surprise, lui cria dessus avant d’aller chercher un crâne qui trainait par terre et de lui lancer dessus.
Le crâne explosa sur la statue, qui ne bougea pas d’un iota. Encore un Ravnos qui avait abusé de ses illusions et qui n’arrivait plus à différencier le réel de l’irréel à tous les coups.

Elena, en lisant les diverses notes trouvées vers le cercle, comprit que le manuscrit était là lors de sa précédente visite. Mais que Rutor était parti avec. Elle avait également la confirmation de son lieu d’asile. Le couvent de Fanjeaux, entouré de l’Ordre de Jupiter, la sororité de mage.
Mais elle eut également l’information que Rutor allait lancer son rituel. Celui pour lequel il prélevait du sang à Sybille. Pour lequel tant d’infant de Simone avait perdu leurs non-vie. Celui que tous redoutaient.

Le temps manquait de plus en plus. Rien d’autre n’était à trouver dans les restes que Rutor avait laissés ici.
A leur retour aux bains, il fallait maintenant se préparer à la venue des Garous, qui sont désormais indispensables pour combattre les puissants mages de Fanjeaux.
Et dans cet esprit, nanosh distribua les armes ramené à son camps par Elena a toutes les personnes présentes, avec des balles incrustées d’argent.

Les damnés ne peuvent pas prendre le risque d’échouer maintenant, pour Toulouse, pour la Liberté.

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Le Visage
V20 :: Introduction (Récit 2.24), Septembre 2020

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Toulouse, septembre 2020

Ce visage. Elle l’avait déjà vu, il était venu hanter ses rêves avec tous les autres. Elle observait ses traits, sa jeunesse, sa fougue, ses yeux assagis. Ces yeux, si particuliers… Ils avaient été rieurs à l’époque.

Elle savait qu’il était un ami, un ancien ami. Elle ne l’avait pas croisé depuis longtemps, mais il n’avait pas beaucoup changé. Toujours cette tignasse rousse, impossible à coiffer, qui cachait son troisième œil. Elle se souvenait des fois où il venait visiter sa sœur..

Comment s’appelait-elle, déjà ? Hum, oui, voilà, Béatrix, sa sœur Béatrix. Il venait parfois discuter avec elle le long de la Garonne, vers cet hospice pour lépreux qu’elle avait forcé leur mère à faire construire. Leur mère… Cette belle femme à la chevelure d’or… Elle était belle lorsqu’elle chantait sous les étoiles, sa voix était d’une douceur infinie, cristalline, presque magique.

Il y avait eu sa mère, puis celle qui avait pris sa place, une seconde mère, une reine. Sa Reine. Le nom d’Esclarmonde lui revint en plein visage comme un coup de fouet, et avec lui, tous les souvenirs de ces soirées festives, artistiques ou sanglantes. Elle se souvenait à présent être devenue un monstre, pour faire plaisir à sa nouvelle mère, à son Sire. Pour la servir éternellement.

La Cour d’Amour de Toulouse. Les images de ces bellâtres à moitié poètes lui revenaient en mémoire. De belles soirées à la chaleur des cheminées, à la lumière des bougies, dans des pièces aussi froides que sa peau.

Les souvenirs de la chasse l’assaillaient désormais, la chasse qui avait été lancée contre Esclarmonde par l’Inquisition qu’elle avait elle-même aidé à installer, quelque temps après sa sœur Béatrix soit montée sur le bûcher de Montségur, quelque temps après que la dernière des Cathares ait été brûlée.

Et l’élection ensuite. Grâce aux soutiens de Foix et de Béziers, elle avait été désignée Reine. Mais elle avait rangé sa couronne. Elle ne voulait pas finir comme son Sire. Elle dirigerait la Cour d’Amour, face à celle de Paris, mais sans concurrence, sans compétition. La seule couronne portée serait celle du Prince de Paris, ainsi en serait-il.

Ainsi en avait-il été, jusqu’à la Révolution. Les Brujah avaient lancé la bourgeoisie contre la noblesse, et alors que le peuple renversait ses seigneurs, Villon décapitait ceux qui pouvaient contester son autorité sur la France. Elle avait été chassée à son tour, par l’envoyé de Paris, le Tremere Rutor. Elle se souvenait à présent sa capture, la façon dont Aymeric l’avait sauvé des griffes du Mage. “ À condition qu’elle perde l’esprit et la face, je lui laisserai la non-vie “, avait dit l’envoyé de Villon.

Elle eut un hoquet lorsque lui revinrent les douleurs et les souffrances imposées par le Tzimisce qui avait, sur ordre de Rutor, changer son visage. Puis les ténèbres, lorsqu’elle avait perdu la vue. Le Tremere avait usé de sa Domination. Il l’avait asservie, il l’avait rendu folle, la privant de ses souvenirs, il l’avait soumise pendant plusieurs décennies, allant même jusqu’à la convaincre qu’elle n’avait jamais pu voir, jusqu’à la persuader qu’elle était née aveugle…

Elle comprenait tout désormais, maintenant qu’elle voyait le visage de… de… de Gaubert. Le Mage devenu Damné, comme Rutor peu de temps avant lui. Elle réalisait toute la machination dont elle avait été victime, comment le Tremere avait puisé dans son sang pour ses rites impies, comment Villon avait pris le contrôle des deux Roses en l’éliminant, comment Aymeric avait veillé sur elle en chaque instant, comment elle avait été abusée deux siècles durant.

Son sang millénaire fut envahi d’un sentiment qu’il n’avait pas connu depuis plusieurs centaines d’années. La haine. Ses yeux se plissèrent, contemplant ce qui l’entourait. Elle n’était plus Elyssa la folle malkavien. Elle était à nouveau Sybille des Beaux, mathusalem Torédor, Prince de Toulouse et légitime Reine d’Occitanie.

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La Haine est son propre Bourreau
W20 :: Récit 2.5, Septembre 2020

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Contribution de Prolixe
⇝ Introduction :

WW 22124

Peau de lune se précipite vers Paul Simon, le meurtrier de son père. Le danseur est d’une taille incroyablement grande et les marques de la corruption défigurent son corps hideux impressionnant. Malgré ses coups d’une violence inouïe, Peau de lune voit ses attaques freinées par les forces du Ver. Debout sous la pluie bondit à son tour, et heurte violemment le danseur et le précipite au sol. Mais si les coups pleuvent, ils ne font qu’effleurer la gueule mouvante du monstre.

Quant à Orèe du Vent, il plante son Klaive dans la poitrine de son adversaire et le transperce littéralement.

Le combat enragé, Debout sous la pluie finit par briser l’épine dorsale de son adversaire. Mais c’est sans compter l’arrivée d’un nouvel ennemi qui, blessant à mort Debout sous la pluie, le pousse à la frénésie. Orée du Vent se précipite à son tour, et réussit à briser la défense de chitine du sombre garou, et plonge son klaive dans le cœur de l’adversaire.

Peau de lune hurle pour avertir nos alliés de la victoire et pour tenter de raisonner Debout sous la pluie. Il arrache la tête de Paul Simon, redevenu corps humain et la brandit en signe de vengeance. Sous le coup d’un aveuglement frénétique, Debout sous la pluie se jette sur son chef de meute qui entre lui aussi en frénésie et lâche la tête qui roule au loin.

Heureusement, Orèe du Vent hurle et déploie toute son autorité pour imposer un temps mort. La frénésie cesse et les garous qui l’ont subi sont honteux.

Orée du Vent se décale dans l’Umbra et disparaît. La carrière y est un immense ouragan infernal. La nature est entièrement dévastée. Mais malgré ce cauchemar, Orèe du Vent lance l’appel du devoir pour attirer des esprits de la nature en soutien de nos compagnons. Derrière nous, l’affrontement continue et nos compagnons n’ont pas le dessus. Orée du Vent réapparaît et nous devons poursuivre notre chemin par le puits, vers Malfeas…

Nous pénétrons enfin dans le bâtiment, construit à l’origine pour les excavations, il sert maintenant de réserve à la meute de la lune brisée. C’est surtout là que se trouve le caern qui nous dirige vers l’umbra corrompu. Nous y pénétrons, avançant dans des cavités sans cesse plus profondes, la roche luisant de manière étrange. Tout contact avec l’extérieur est rompu. Le Tellurien et l’umbra sont ici mêlés. Les lueurs de la roche sont acides et perturbantes.

Nous prenons le seul chemin qui nous semble praticable. Celui-ci prend la forme d’une spirale qui s’enfonce de plus en plus profondément dans la terre. Au moment ou nous franchissons le goulet, un haut le coeur nous saisi avec l’impression d’avaler un morceau de la membrane elle-même. Peau de lune vit mal le passage et s’étouffe littéralement, avant de reprendre difficilement son souffle.

Nous ne sommes plus au même endroit. Le chemin est une route au macadam brûlant. Nulle végétation. Au loin un volcan déchiqueté exhale d’immenses voluptés de fumées nocives. La terre est envahie de fumerolles verdâtres infectes, voire de rouille minérale. Aidan Voit Loin nous attend sur la route, un bâton à la main, écrasé lui aussi par l’ombre du volcan, malgré son aura habituelle. Il tient à la main le casque que nous lui avons laissé. Aidan voit loin nous offre un peu de son essence, une énergie maternelle puissante nous remet sur pied.

Nous le suivons en direction du volcan. Le temps s’étire et s’étiole. Derrière nous ne reste que l’horizon. Il bifurque sur un sentier qui nous emmène vers un domaine de Malfeas. Il nous tend le casque pour que ce lien, fumée verte reliant le casque au domaine, nous mène jusqu’au cœur du domaine du Seigneur Acier.

Après un temps indéfini, nous arrivons devant les restes corrompus d’un château qu’un architecte fou seul a pu construire.
Devant nous un “totem” grotesque constitué de corps humains ressemble à une grimace d’arbre. Le sol est poisseux.
Nous poursuivons en pataugeant dans la fange glauque. Orée du Vent et Peau de lune sont perturbés par le décor. Les visions avoisinantes sont particulièrement déplaisantes. L’environnement est hostile, malsain et génère de la colère.

Nous nous enfonçons dans les entrailles du château. Si l’endroit semble vide de tout être vivant, des ombres viennent néanmoins nous inquiéter. Un escalier qui s’enfonce dans les profondeurs de l’Umbra nous entraîne jusqu’à une gigantesque salle souterraine. En son centre le trône, occupé par le seigneur Acier lui-même, avatar de la haine depuis plus de mille ans.

Un pont enjambe un fleuve putride et une série de colonnades délimite l’accès jusqu’au trône. En son centre un brasier infernal brûlant de la haine du monde. Le colossal seigneur Acier nous montre son visage, flamboyant et armuré. Devant lui, trois guerriers, des esprits puissants qui ont durement mérité leur place aux côtés de l’avatar de la Haine.

Chacun réunit ses forces, Orée du Vent invoque deux esprits alliés grâce à son Klaive. Debout sous la pluie urine sur un des piliers. Aidan voit loin, dans un dernier conseil, nous enjoint à essayer d’arracher son casque.

Nous chargeons, les trois esprits fuient devant nous effrayés par la prestance de Peau de Lune. Le géant se lève et sa voix résonne. “Comment osez vous entrer dans ma demeure?!” Le combat débute. Bientôt les coups d’une fureur dans égal déferlent sur notre adversaire. Chaque blessure arrache des morceaux à son corps, qui se délitent dans les airs. Peau de lune se surpasse et place des attaques incroyables. Orée du Vent repère les faiblesses de l’adversaire et lui aussi lui inflige une série de frappes magistrales. La vraie peur, insufflée par le croc d’argent paralyse un instant l’ennemi.

Nous concentrons nos attaques vers son casque. Nous savons qu’il nous faut profiter de ces premières attaques, sinon l’avatar nous balaiera. Par sa simple aura, le seigneur Acier pousse Peau de lune et Debout sous la pluie en frénésie. L’épée titanesque frappe Orèe du Vent, le blessant durement.

Debout sous la pluie, semblant ne plus avoir conscience de rien, arrache enfin le casque dans une attaque frénétique. Orée du Vent voit ce simple petit visage humain, ridicule et couturé de cicatrices, paniqué. C’est le visage des visions de Chouette.

Debout sous la pluie dévore littéralement son visage et le seigneur Acier se disloque éteignant toute rage frénétique. Un apaisement se répand dans le domaine. Et dans le monde.

Tout le reste se passe très rapidement comme si nous étions un peu déconnectés, sonnés par ce combat dantesque. Aidan voit loin nous félicite et compare son exploit passé à notre prouesse actuelle. Il nous reconduit au pas de courses pour éviter les habitants de Malfeas. Une fois arrivés dans le tellurien, nous constatons avec soulagement que l’invocation faite par Orée du vent a permis à nos frères de remporter la victoire contre les danseurs. La fosse sera purifiée par Calixte et le théurge du sept de la Gloire du soleil, Oeil d’argent.

De retour, au sept de la montagne de givre nous fêtons dignement cette magnifique victoire, mais, alors que la fête bat son plein un goût d’inachevé nous reste en gueule. Tout n’est pas fini.

La nuit le sommeil est mauvais, hanté par des rêves déroutants, jusqu’à l’arrivée de chouette. Le monde s’effrite, la réalité nous y échappe. Heureusement, la présence de chouette rend la solidité à tout qui est proche d’elle, à tout ce que son ombre recouvre. Perdus, nous la suivons jusqu’à un château, des ruines, un lieu sûr, nous le savons. Au loin, une arche en ruine, la végétation autour de nous est dense. Une ombre encapuchonnée, à l’abri de l’arche, cherche à échapper à la lumière du soleil.
Nous sommes sur son territoire.
Sur sa poitrine, un médaillon antique et étrange, il symbolise “ami” chez les fils de Fenris. C’est une amulette de la rage partagée, que les tribus anciennes offraient aux alliés de Gaïa et la nation garou, elle ne s’obtient que dans des circonstances rarissimes. Aucun de nous n’en avait vu réellement jusque-là.

L’homme nous attend. Il nous explique que nous l’avons réveillé. S’il ne porte pas en lui l’odeur du Ver, c’est néanmoins un suceur de sang.

“Ils” ont un combat contre “les mêmes forces que nous” … Il veut “se battre contre plus puissant” …

Moi, j’ai rien compris.

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La Fosse
W20 :: Introduction (Récit 2.5), Septembre 2020

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La Bastide de Sérou, 27 juillet 2017

Dans les yeux de son ennemi, Paul voyait une rage étincelante. En face de lui, le Garou était géant, couvert d’un pelage blanc immaculé comme tous ceux de la tribu des Crocs d’Argent, et se battait avec une détermination impressionnante. Le contraste était frappant : Hurgh était un humain de belle stature aux cheveux noirs de jais, petit pour autant face à la taille du lycanthrope.

Chaque coup que le Garou portait, chaque griffure, chaque morsure que subissait Paul témoignait de la haine que le Croc d’Argent lui vouait. Et pourtant, malgré le sang et la colère sourde qui frappaient à la poitrine de l’humain, malgré les blessures et les coups qu’il recevait, celui-ci restait stoïque. L’enjeu était trop important pour qu’il cède lui-même à la rage, et Paul savait que le Garou était dans l’erreur, qu’il se battait pour de mauvaises raisons, qu’il vouait son existence à une cause que lui même savait perdue d’avance.

D’aussi loin qu’il se souvienne, Paul avait entendu le peuple Garou, les érudits Théurges, les bavards Gaillards expliquer que l’Apocalypse arrivait et que rien ni personne ne pourrait empêcher la mort de Gaïa, la défaite des Garous, la suprématie de l’Homme sur l’animal et sur la Terre. Et c’était pour retarder cette funeste échéance que le Croc d’Argent le frappait avec acharnement, presque frénétique. Comme si dans ses coups, il portait le destin d’un monde qu’il savait déjà perdu.

Et l’humain encaissait, se battant comme un beau diable, d’égal à égal avec le Crinos. Parce qu’il n’était pas seul. Il était accompagné des esprits, aidé par le monde mort lui même. Paul avait vu ce que les sages Garous refusaient de voir. Il avait compris ce que les Gaillards refusaient de comprendre. Il avait constaté de ses yeux que le monde était mort depuis longtemps, que l’Apocalypse avait déjà eu lieu, que Gaïa n’était plus qu’une carcasse mourante, dont les tribus Garou prolongeaient l’agonie par inconscience ou fierté déplacée.

Les griffes du Croc d’Argent tentaient de pénétrer la chair de Paul, mais ce dernier se savait protéger par une armure que lui offrait le Ver, comme il en offrait parfois à ses plus fidèles serviteurs. Le Ver n’était rien d’autre que la fin des tourments de Gaïa, la fin des espoirs vains, la fin d’une agonie morbide, et c’était là l’objectif de Paul.

Le Danseur de la Spirale Noire fit appel à un Don toxique, et le sol trembla sous les pieds du grand Garou au pelage blanc. Ce dernier hésita entre deux attaques, et Paul Simon en profita : il plongea sa main, son avant bras dans la poitrine de son ennemi. La cage thoracique explosa sous l’impact, et le puissant Ahroun attrapa le coeur de son ennemi. La rage s’éteignit dans le regard de Tankred Sagesse du Faucon, et il s’effondra sur le sol, terrassé.

Paul Simon se redressa. Il était couvert de sang, son propre sang et celui de son ennemi, et le coeur du Garou au bout de sa main était encore palpitant. Le hurlement de son compagnon Ragor l’empêcha de poursuivre le rituel. Ragor, qui avait été chargé de mener la meute à l’assaut du coeur du Caern de la Montagne de Givre, appelait à l’aide. Paul Simon déposa le coeur dans la boite qu’il avait emportée, et bondit vers ses amis, vers ceux qui avaient dansé avec lui sur la spirale, au son de la Litanie du Ver, vers ceux qui, comme lui, tentaient d’arrêter l’agonie de Gaïa.

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Du Sang et des Cendres
W20 :: Récit 2.4, Septembre 2020

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Contribution de Sylas
⇝ Introduction :

Nous progressons le plus discrètement possible vers les étages où nos cibles se trouvent ; Mais un Crinos dans un escalier n’est pas des plus discrets et c’est suite au craquement d’une latte de bois que les deux humains du premier étage se mettent en alerte. C’est alors que nous nous jetons dans la bataille, la haine qui m’habite alors est proportionnelle à la tristesse qui m’étreint d’avoir perdu la quasi-totalité de mes frères et sœur de Sept.

Au premier étage, une porte s’ouvre et un homme sort dans le couloir, c’est immédiatement qu’Orée du Vent fond sur lui et lui assène un grand coup de Klaive d’argent. La Lame découpe les vêtements mais à peine sa peau … alors qu’un humain normal aurait été coupé en deux … L’homme surprit laisse la place à sa comparse qui sort un fusil mitrailleur à la main.

De mon côté je monte à l’étage 4 à 4 et j’arrive dans un vieux bureau où se trouve une personne qui me tourne le dos. C’est à ce moment-là qu’une des portes latérales explose et Debout sous la pluie pénètre dans la pièce … Vas-y mon frère, tranches, déchiquètes, déchires, tues lui dis-je mentalement, que la colère du Harfang s’abatte sur cet ennemi !

Au rez-de-chaussée le combat fait rage mais il est clair que ce ne sont pas de simples humains. L’homme est incroyablement résistant et sa compagne prend immédiatement la direction du second étage et ouvre le feu sur moi dans mon dos ! Mais les balles n’arrivent pas à entamer mon cuir ; ma haine est à son paroxysme … Je me jette alors sur elle toutes griffes dehors et la lacère violemment, puis sans attendre, je la saisis et l’envoi heurter le plafond du bureau juste au-dessus de moi, son corps retombe inerte sur le sol.

Debout sous la Pluie fond sur son adversaire, un homme portant un blouson renforcé qui ne lui sera malheureusement pas très utile puisqu’après que les geysers de sang aient maculés les bibliothèques alentours, les deux parties de son corps s’effondrent sur le tapis.

Aucuns des trois n’a succombé au Délirium, ce qui en dit long sur leur véritable nature …

Debout sous la Pluie de son côté assène de violents coups et finit par occire son assaillant.

Visiblement nos sens nous ont trompés … car ils sont bien plus nombreux ! A l’étage des portes s’ouvrent et un nuage de ténèbres s’insinue dans la pièce, masquant ce qu’il y a derrière.

Un quatrième ennemi qui fuyait Debout sous la Pluie se précipite en direction des ténèbres et tente de s’y réfugier.

Sans réfléchir Debout sous la Pluie (c’est une habitude) saute directement dans les ténèbres et se retrouve directement en contact avec ces ombres quasi vivantes qui semblent se muer en autant de tentacules qui saisissent et enserrent le puissant Garou.

Mais il en fait plus pour immobiliser le jeune Ahroun du Sept de la Gloire du Soleil, celui-ci broie, déchire les tentacules et continue sa progression vers la pièce du fond.

Cette fois ci c’est clair … Ces ténèbres ne sont pas naturelles et ne sont pas de la simple fumée, alors que la lumière de Sélène la Lune commence à irradier de ma fourrure je me jette à mon tour dans la masse grouillante de tentacules tel un phare dans la nuit. Je dois rejoindre mon frère de meute !

Celui si se retrouve face au jeune homme qui avait fui et qui a encore assez de courage pour tenter d’attaquer la montagne de muscle avec une dague en argent, mais sans succès. Ce sera sa perte, car sa frêle carrure ne supporte pas le coup de patte même léger que lui assène Debout sous la Pluie. Il se retrouve tremblant recroquevillé au sol, incapable d’arrêter la fureur de mon frère de Clan.

Toujours dans sa lancée, le puissant Ahroun bondit sur le cercueil du cadavre et lui assène un magistral coup de griffes. Le vampire se déplace alors rapidement, son ombre anticipant ses mouvements. Mais subitement il retombe inerte dans son cercueil, comme …. Définitivement mort. Est-ce un subterfuge ?

Les tentacules se jettent sur moi et m’enserrent …. Mais la lumière ne peut perdre face aux ténèbres, en un clin d’œil les ténèbres disparaissent. Devant moi Debout sous la Pluie est en train de déchiqueter le corps du vampire dans son havre de repos éternel.

De son côté Orée du Vent s’emploie à fouiller le 1er étage méticuleusement et monte nous retrouver dans le mausolée.

Une fois le Vampire décapité, Debout sous la Pluie traine le cercueil en direction de la pièce où le gamin s’est réfugié et l’expose au soleil, terminant de réduire les restes du Lasombra en poussières.

Le gamin est légèrement teinté par le Ver mais il négocie pour sa survie et nous indique les endroits où son maître entrepose ses trésors et secrets. C’est dans une pièce remplie d’antiquités qu’Orée du Vent trouve le casque de Simon de Montfort sous verre. Aucun objet ne doit rester en leur possession ! J’ordonne donc à mes frères de récupérer un maximum de documents et d’objets avant de mettre le feu à cette demeure.

C’est dans les couloirs du second étage que je me laisse guider par le gamin jusqu’à revenir dans le grand Salon. En fouillant les grands bureaux, une lettre inachevée attire mon attention, il semble que le « Sabbat » soit mêlé à une tentative de Putsch au sein de Toulouse. De plus, un damné de la Camarilla, un certain Victorien Charlier connu sous le nom de Rutor va tenter un puissant rituel thaumaturgique pour devenir l’hôte de Simon de Montfort (Seigneur Acier). Nous avons désormais une nouvelle cible ! ….

" Nerio, mon frère de meute,

La nuit approche où nous devrons briser le pacte de tolérance qui nous lie à la Camarilla de Toulouse. Si tes frères et toi avez été chassés du Sud par la magie lupine des Pyrénées, il est naturel que nous nous établissions à Toulouse et que cessent la paix en ces terres. Arzailler sera surpris, après tant de décennies passés à manger dans ma main, mais si tu mènes une action rapide et offensive au coeur même du Capitole, il n’aura pas le temps de préparer ses damnés pour se défendre de la Main noire qui le saisit.

Méfie toi, par contre, de l’un de ses Conseillers. Victorien Charlier, que tu connais sous le nom de Rutor, pourrait revendiquer la couronne de Toulouse. Il a su tisser au fil des siècles des chantages et manipulations retorses, si bien que la moitié de la Camarilla toulousaine plie le genou devant lui, et l’autre moitié n’a aucune conscience de son statut de Tremere renégat. Si mes informations sont exactes, d’ailleurs, il prépare un rituel thaumaturgique sanglant, au cours duquel il associera son corps de Damnés à celui d’une puissance des Enfers, l’esprit de Simon de Montfort. Pour se faire, il s’est allié aux cabales de Mages installés dans le sud. Ensemble, lui et ses Mages sont hors de notre portée, et même seul, j’imagine qu’il ne sera pas facile à vaincre. Autant l’approcher sitôt Arzailler tombé pour lui proposer une alliance, mais méfie toi : s’il mène son rituel à son terme, sa puissance sera sans égale, même parmi nos plus anciens de la Main Noire.

Pour cette raison, depuis presque 32 ans, j’utilise de vieilles reliques de Simon de Montfort et puise dans les noires Abysses pour empêcher Rutor d’achever son rituel. Je continuerai jusqu’à ce que nous ayons trouvé un moyen de vaincre ce Tremere, même après notre prise de pouvoir à Toulouse. Rutor n’obéit à personne, ni Camarilla, ni Sabbat. Attention donc à ne pas l’avoir dans les griffes lors de ton coup d’Etat.

Pour le reste, une jeune coterie de la Camarilla a été envoyée ici par Villon pour enquêter sur Rutor. Tu reconnaîtras parmi eux des Infants du Sabbat, peut-être même ton engeance. Volontaires et batailleurs, ils se pensent de taille à vaincre le Tremere. N’hésite pas à abuser de leur confiance : ils sont encore animés par des sentiments humains et croient pouvoir empêcher le Mal de s’établir ici, sans mesurer que le Mal est souvent nécessaire pour pousser le bétail à une conduite fervente envers Dieu.

Enfin, attention aux Lupins. Les bêtes se sont entendues il y a longtemps avec Arzailler pour ne pas entrer sur certains territoires de Toulouse, dont le centre-ville (c’est pour cette raison que je m’y suis installé). Si tu élimines Arzailler, il te faudra montrer ta force à l’égard des Lupins pour qu’ils restent sur leurs terres voisines de Toulouse et te laissent tranquille en ville.

Compte sur moi pour mettre les ténèbres à ton service, et faire de Toulouse un nouveau Evêché du Sabbat.

Ton fidèle ami,

Ingelrando de Gurrea. "

Nous apprenons aussi qu’un groupe de jeunes vampires pourraient lutter eux aussi pour arrêter Rutor … Nous n’en sommes pas encore à dire que les ennemis de mon ennemis sont mes amis, mais il serait bon d’en apprendre plus sur eux afin de savoir si nous pourrons ou non les utiliser ou si nous devrons les détruire eux aussi.

Je décide de garder le gamin en vie et de le remettre au Sept du Chemin du Sanctuaire du Sud de Toulouse.

La Discussion avec leur Alpha, Alibris Enfant des Nuages le Marcheur sur Verre, est un peu houleuse car c’est eux qui ont passé le pacte avec le vampire Arzailler instaurant ainsi une sorte de pacte de non-agression sur Toulouse entre les Garous et les cadavres. Il semble que nous ayons fait quelques vagues. Mais nous n’en avons que faire, nos ancêtres glorieux en sont témoins, il n’est plus temps de faire ce genre de pactes ! L’Apocalypse est à nos portes !

De retour au Sept de la Montagne de Givre, nous apprenons que les Sept de la Gloire du Soleil a « décidé » d’un plan qui nous permettrait de rallier le Royaume de Malféas et porter un coup fatal à Seigneur Acier grâce à notre Fétiche.

La mine de Salsigne près de Carcassonne serait un Caern du Ver (une Fosse) et elle mènerait directement au royaume de Malféas et surtout, ce serait le Caern de la Meute de la Lune brisée, celle qui a tué mon père, Sagesse du Faucon.

Mais par contre point de renforts ! Le Sept de la Gloire du Soleil de FOUT DE NOUS ! Ce sont de foutus politiciens ! C’est donc fort de nos quelques alliés que nous partons à 12 à l’abattoir ; Sachant que puisque nous partons pour une mission suicide, le Sept de la Montagne de Givre sera à la Mercie d’œil d’Argent et de son père le Roi Croc d’Argents du Sept de la Gloire du Soleil. Mais on va encore dire que je vois tout en noir …. Putain de politique !

Les rapports de Wikipédia ne mentent pas … Cette mine est une véritable fosse, autant dans le Tellurien que dans la Pénumbra.

C’est au pied du Puits Castan que le gros de nos forces a attiré la meute de la Lune brisée alors que notre unité d’infiltration se dirige vers les bâtiments qui mènent aux galeries.

La bataille fait rage dans la mine … ils nous surpassent en nombre, mais la Colère de Gaïa nous accompagne et les plus faibles sentiront la terreur dans leurs tripes.

Debout sous la Pluie perce les lignes ennemies et fond droit devant donnant autant de coups qu’il n’en reçoit ouvrant ainsi une voie.

Orée du Vent et moi le rejoignons et c’est sans difficultés que nous nous retrouvons tous les trois de l’autre côté des lignes ennemies.

Mes deux frères sont aux prises avec deux danseurs de la Spirale Noire quand j’aperçois non loin Paul Simon, l’Alpha des Danseurs de la Lune Brisée … Ma vision devient rouge et mon sang ne fait qu’un tour …. C’est lui ! IL EST A MOI !

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L'Usine
W20 :: Introduction (Récit 2.4), Septembre 2001

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Toulouse, 21 septembre 2001

La matinée était belle, chargée de brumes tardives. Ces dernières, caressées par la douce chaleur du soleil, offrait à la ville rose un tendre berceau de coton. Pourtant, au sud de Toulouse, une virulente bataille faisait rage dans les entrepôts au pied d’une tour industrielle.

Les Garous du Chemin du Sanctuaire avaient enquêté des mois avant de découvrir où ceux de la Lune Brisée, les séides du Ver, avaient caché leur antre. Le hangar 221 menait aux profondeurs de la terre, vers une Fosse. De ces endroits où l’Umbra corrompue par le Ver et le monde tellurien se rencontrent, et c’est à la porte de cette entrée que la Meute du Chemin du Sanctuaire livrait bataille.

Les Danseurs de la Spirale noire étaient furieux d’avoir été percés à jour, et cette colère se sentait dans chacun de leurs coups. Déjà deux Crinos du Sanctuaire avaient succombé, et la lutte n’était pas aisée, d’autant que les Danseurs étaient accompagnés de Flaïels, esprits corrompus particulièrement toxiques.

Mais l’Alpha du Sanctuaire ne reculait pas. Il invoquait toute la force du Sauvage dans chacun de ses coups, certain de la justesse de sa cause. C’est alors qu’il vit les derniers membres du Sept périr dans la Pénumbra, dans les gueules fumantes des Flaïels. Il ne restait plus que lui, plus que quelques instants avant qu’à son tour, il ne cède face au Ver. Et il ne pouvait se le permettre. Les siens venaient de mourir pour détruire le nid des Danseurs, pour faire taire le Ver à Toulouse, et ces sacrifices ne pouvaient être vains. Alors il puisa dans ses dernières réserves, il concentra toute la force et le pouvoir des anciens, et il projeta son esprit contre les griffes des Flaïels et ses Danseurs qui l’entouraient. Il frappa de sa volonté l’esprit le plus puissant du Ver, et transformant ses griffes en lames de feu. Le corps du Crinos semblait être une tempête de feu et de flammes traversant ses ennemis. Il se savait perdu, et avait fait appel à un Don rare que seuls les esprits-foyer connaissent. Un Don dévastateur auquel nul Garou ne pouvait survivre, ni celui qui en était frappé, ni celui qui l’utilisait.

A cet instant, l’usine chimique AZF explosa. Le feu s’empara des hommes, des Danseurs, des Flaïels et des machines. Les stocks de produits s’embrasèrent. Le souffle de feu faucha tout le monde sur des centaines de mètres autour, et la détonation fut entendue à plus de 80 kilomètres du hangar 221, hangar dont il ne restait rien qu’un cratère béant et fumant.

L’entrée de la Fosse avait été avalée par Gaïa, et plus aucun esprit ne pourrait s’en approcher sans sentir le feu brûlant de la haine du Chemin du Sanctuaire. La bataille contre la Lune Brisée venait d’être remportée, mais à quel prix ?

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La Cendre
V20 :: Récit 2.23, Octobre 2020

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Contribution de Kapryss

⇝ Introduction :


Les Bains de Saint Aubin sont habituellement animés à cette heure-là, de rires, de musiques lascives et de manifestations de plaisir. Mais cette nuit, ils sont vides, tout comme la ruelle, déserte. Une Kajar s’y engouffre, portant à son bord Dominic, Nanosh, Aymeric et Dame Elyssa. Tous les quatre sont finalement parvenus à se tirer hors de l’Hôpital de la Grave et des griffes d’ Enzo, la goule que Rutor avait assignée à la surveillance d’Elyssa. Depuis quelques temps déjà, Aymeric cherchait un moyen de sortir Elyssa de l’emprise psychique que le Tremere maintenait sur elle, et il avait saisi l’occasion dans la cohue de l’attaque. Après quoi, bon gré, mal gré, il avait alors accepté que la coterie les cache, son aimée et lui, au sein du Domaine.
Alors que les quatre Damnés s’engouffrent dans le bâtiment, une seconde voiture rejoint la Kadjar et se gare, les amis de Nanosh en descendent et reprennent leur position à l’extérieur, en surveillance des lieux.

Dame Elyssa se laisse docilement guider par Nanosh jusqu’aux sous-sol des Bains, vers la salle de réunion de la coterie. Elle semble, comme à son habitude, absorbée dans la contemplation de choses qu’elle est seule à voir. Dominic, qui précède, se fige soudain pris d’un sentiment de malaise. Ses sens sont en alerte alors qu’il perçoit plus loin les voix d’ Elena et Nerio. Mais avant d’avoir le temps d’alerter son groupe, il est stoppé par Trimblio, le Gangrel et Sire d’Alex, qui sans attendre provoque verbalement les Damnés, un sourire mauvais sur le visage.

Entendant son sbire discuter, Nerio se détourne d’Elena pour aller accueillir les nouveaux venus. Lorsqu’il reconnaît parmo eux les deux rescapés, il ne peut contenir sa satisfaction et affiche un sourire carnassier. Ses cibles lui sont servies sur un plateau ! La tension monte d’un cran chez Aymeric, qui pense désormais être victime d’un traquenard. Elyssa quant à elle reste, inconsciente du danger, perdue dans son monde si différent de la réalité.

Tandis que Nerio et Aymeric échangent quelques propos acerbes, Dominic communique avec Elena par télépathie.
« La situation est catastrophique. Que peut-on faire ? »
Elena masque heureusement sa surprise, et fixe Dominic, lui répondant par le même biais.
« Il faut que nous accordions tous ces Damnés vers le même objectif, c’est la seule solution.
- Tu veux dire, détruire Rutor ?
- Exactement. Le Sabbat doit détruire la Camarilla et pour cela il lui faut du pouvoir. Celui que s’apprête à obtenir Rutor. Et pour ce faire, ils ont besoin d’Aymeric et Elyssa intacts.
- Donc, tu penses qu’il faut leur mentir ?
- A-t-on vraiment le choix ? »

De son côté, Nanosh est en pleine discussion avec Nerio, cherchant à le convaincre qu’il serait préférable de se lancer dès cette même nuit à la poursuite de Rutor. Nerio est peu réceptif : Aymeric et Elyssa lui semblent être des proies suffisantes pour le moment. C’est à cet instant que Nanosh reçoit un SMS de la part d’un des surveillants postés à l’extérieur, lui signalant que quelqu’un arrive et qu’eux partent se mettre en sûreté. Nanosh interroge alors Nerio, lui demandant s’il s’agit d’alliés qui arrivent. Nerio acquiesce.

« J’ai ressenti la curiosité de ton ami Tremere. Il est temps qu’il rencontre son Créateur. »

Une voix se fait entendre tout d’un coup, amplifiée par les capacités de Présence du Toréador, Aymeric.

« J’aimerais que l’on m’explique. Nous étions censés être à l’abri ici. Pas aux mains du Sabbat. Depuis quelques mois que vous êtes à Toulouse, jeune coterie, je n’ai jamais remis en cause votre loyauté. Mais entendant ici que l’on parle de ma destruction, je…
- Ta gueule. A genoux. »

Cinglante et teintée de toute la force de Domination dont peut faire preuve un Ventrue, la voix de Nerio coupe celle d’Aymeric. Ce dernier a beau chercher à résister, il ne fait pas le poids. Il plie et pose un genou à terre. La tension ambiante monte encore d’un cran, et alors que Dominic tente de s’interposer entre Nerio et sa cible, tout en expliquant l’intérêt mutuel qu’il y aurait à garder le Toréador en vie, Nanosh s’assoit dans un fauteuil stratégiquement placé de façon à visualiser toute la pièce et le couloir. Ainsi, c’est lui qui remarque que les exclamations des présents ont attiré dans la pièce le Tzimice, Mikhail, puis le Lasombra, Anselm. Il voit aussi, au bout du couloir, Trimblio pousser Dame Elyssa dans une petite chambre et tenter d’y entrer à sa suite, mais être stoppé net par les pouvoirs de Domination d’Elena.

Elena se plante dans l’encadrement de la porte, refusant tout net de laisser passer le Gangrel. Restant sourde à ses menaces, elle le nargue sans sourire et chuchote :
« Que t’arrive-t-il, pauvre animal stupide ? Tu ne peux pas entrer ? Attention, si tu t’attaques à l’Infante de ton maître, il va te punir… »
Le Gangrel montre les dents et semble à deux doigts de lui sauter à la gorge, lorsqu’un rire l’interrompt.

« Hahahaha… Quel spectacle… »

Dans l’escalier se tient un Damné d’une pâleur de mort, qui balaie négligemment Trimblio hors de sa vue, dans la chambre. Le Gangrel est sonné face à la force employée. Elena, quant à elle, résiste au souffle invisible qui aurait pu également la projeter à terre et reste dans l’encadrement de la porte. Le visage de l’homme lui donne une étrange impression de déjà-vu…
Pour Dominic, c’est une évidence. Il reconnaît sans peine le Damné qui hante ses cauchemars depuis cette fameuse nuit à la Feuille de Neige, 10 ans auparavant. Son Sire, Amalt.

Amalt a le regard vrillé dans celui de Nerio à présent. Sa voix est glaçiale quand il s’adresse au Sire Ventrue.

« Vous avez récupéré la folle ?
- Oui Amalt. C’est mon Infante et ton Infant qui l’ont récupérée.
- Bien. »

Comme pour mieux entendre les paroles des protagonistes, chacun se meut lentement, convergeant vers le couloir. Tous sauf Nanosh, qui maintient sa position de surveillance, et Elena, toujours dans l’encadrement de la porte en protection de Dame Elyssa. C’est désormais sur Elena que Amalt porte son attention, la dévisageant des pieds à la tête, avant de regarder derrière elle vers la Malkavian qui n’en est pas vraiment une.

Nerio poursuit, suivant attentivement la trajectoire des regards de l’autre.
« Ils ont été au-delà de nos espérances. »
Et l’autre lui répond, un sourire sans joie sur le visage.
« Je t’avais dit que ceux-là étaient les bons. Dociles, serviles, obéissants… »
Aymeric tente de se relever, mais un ordre sec de Nerio le cloue à genoux. Elena, habituée à faire preuve d’autorité, apprécie moyennement que la situation lui échappe ainsi. Elle lance sèchement à l’attention du Tremere :
« Lorsqu’on s’invite chez quelqu’un, d’ordinaire on a au moins la délicatesse de se présenter. »

Amalt tend la main vers Elena qui hésite puis finit par la serrer. Grave erreur… instantanément, son sang de Damnée se concentre contre sa volonté. Sa peau rosit, ses lèvres se teintent d’un rouge plus prononcé, et si son cœur battait encore dans sa poitrine, il battrait d’un coup plus fort, comme si son humanité resurgissait d’un seul coup.
« Je suis Amalt, et tu es à mon service. »
Alors que ses forces diminuent sous l’emprise de cette discipline visant à affaiblir ses réserves de sang, un grondement monte en elle : celui de sa Bête, qui s’éveille, énervée, enragée, prise d’un désir physique irrépressible pour lui. Il poursuit, sans se départir de son calme.
« Et je suis heureux de constater que tu es à mon service. »

Elena se débat contre sa Bête intérieure et tente de faire appel à ses disciplines Ventrue pour se tirer de ce mauvais pas. Sa cible ne semble pas affectée, mais Nerio, tout proche, cligne des yeux plusieurs fois, comme s’il découvrait que sa précieuse Infante est en mauvaise posture.
Nanosh se lève, conscient du danger – immédiatement, il comprend à leurs regards que le Tzimice et le Lasombra le suveillent. Prétextant devoir aller chercher du sang, il persuade le Tzimice de le laisser passer dans la pièce d’à côté, l’atelier de Dominic. Il lui faut des armes, et vite. Aussitôt entré, il s’emploie à crocheter l’armoire qui en contient.

Dominic abandonne l’idée de calmer le jeu. Il n’est pas dupe, et se doute bien que l’issue de cet échange ne peut se faire de façon pacifique. Il l’a compris au moment où Amalt a usé de thaumaturgie sur son amie, thaumaturgie qu’il connaît bien puisqu’il la pratique également. Alors il pause sa main sur l’épaule d’Aymeric et tout en usant du même pouvoir que son Sire, renforçant ainsi le Toréador, il glisse à Nerio :
« Ne l’abime pas. On en a besoin. »
Il s’avance vers son Sire et s’adresse à lui ensuite.

« Comment as-tu réussi à te défaire du joug des Tremere ?
- Il n’y a que dans ton monde et celui de la Camarilla que les Tremere anti-tribu sont détruits. Tu m’as beaucoup déçu. Tu es un bien piètre Thaumaturge, j’ai suivi ton parcours. Tu ne vaux rien, comparé à Rutor. Pourtant, tu es de sa lignée.

Le Tremere se désintéresse complètement de son Infant, et se tourne à nouveau vers Elena. Mentalement, il lui impose de se pousser de la porte afin de passer et de s’approcher d’Elyssa. Mais ni ses ordres informulés, ni les pensées hypnotiques qu’il tente de lui infliger ne fonctionnent, il se heurte au mur de sa Volonté. Il perd patience.

« Je ne commettrai qu’une seule Diablerie ce soir. Fais en sorte que cela ne soit pas toi, si tu tiens à ta non-vie.
- Renonce. »

Poings et dents serrés sous l’effort et la lutte interne contre sa Bête, Elena prononce cet ordre en y mettant, à son tour, toute sa puissance mentale. Sous les yeux hébétés d’un Nerio qui hésite à aider son Infante, Amalt s’apprête à agripper la jeune Ventrue pour la mordre et la détruire.

Tout se passe en une fraction de seconde. Elena s’esquive avec souplesse et Dominic s’interpose, attrapant les bras de son Sire pour l’empêcher d’agir. Amalt passe de la surprise à une colère froide.
« Tu oses toucher ton Père ?! »
Ses bras s’embrasent de flammes dévorantes, blessant sérieusement Dominic qui recule vers l’escalier, terrorisé par la vue du feu et la douleur mordante des brûlures.

Il n’est pas le seul à être effrayé. La volonté d’Elena vole finalement en éclats et c’est sa Bête qui prend le dessus. Se nourrir, tuer, déchirer l’ennemi. Non, pas celui-là, trop puissant, trop dangereux… l’autre.
Celui qui est faible.
Le Gangrel.
La Bête se retourne et se jette sur Trimblio, qui la répugne tant. Ne lui laissant absolument aucune chance, les canines acérées déchirent, déchiquètent la gorge de l’infortuné. Le sang coule à flot, éclabousse, inonde d’écarlate le sol, le mur derrière, et la jeune femme.

Nanosh a fini par trouver ce qu’il recherchait. C’est armé d’un fusil à pompe qu’il surgit dans la chambre par une porte dérobée depuis l’atelier, juste à temps pour réaliser la scène infernale qui s’y déroule – ses deux compagnons n’en mènent pas large. Alors par réflexe, il agrippe Elyssa afin de la cacher dans l’atelier d’où il provient. Elle le suit docilement, lui adressant un sourire étrange et le fixant de ses yeux aveugles.

Dominic ne peut fuir. Il ne peut que subir les flammes qui le dévorent et consument lentement sa non-vie, sous le regard dénué de pitié ou de regrets de son propre Sire, de celui qui l’a étreint dix ans plus tôt. La douleur se fait plus sourde, ses oreilles bourdonnent. Savoir que l’on est en train de mourir est une chose assez difficile à décrire. Mais il ne mourra pas en vain. Dans un ultime geste désespéré, il s’élance droit sur Amalt, afin que le feu qui l’emporte brûle également son ennemi.

Son hurlement de douleur. Voilà la dernière chose qu’entendra le jeune Damné Tremere avant de s’écrouler, de devenir un tas d’ossements noircis de suie, couverts de cendre.

La Ventrue quant à elle reprend lentement conscience, sa Bête est repue désormais, satisfaite, à la fois de s’être nourrie et d’avoir pu venger Alex. C’est un véritable massacre devant lequel Elena se relève, chancelante, effrayée. C’est Nanosh, toujours armé de son fusil, qui la rejoint et la soutient lorsqu’elle découvre les restes carbonisés de Dominic.
Nerio découvre à son tour la situation. Furieux, il prend le fusil des mains de Nanosh par la force, avant de s’adresser à son Infante.

« Tu n’as donc rien appris, sotte… Nous devons domestiquer notre Bête. Tu es une telle déception, tu ne me sers décidément à rien. Si tu veux me servir, retrouve la folle. Amalt en a besoin. »

Mais elle reste prostrée, tétanisée. Alors que Nerio retourne auprès de ses sbires du Sabbat, Nanosh emmène Elyssa dans une salle secrète, qui leur sert de cachette d’urgence. Sans attendre d’approbation d’Elena, qui n’est visiblement pas en état de prendre une décision, il referme sur la Malkavian l’ouverture camouflée de la toute petite pièce, avant de ressortir vers la plus grande salle, pour y rejoindre le Sabbat. Se déroule alors une négociation ferme entre Nerio et le Prince Ravnos, pour trouver un accord entre les deux partis.

Elena n’est plus là. Il lui a semblé apercevoir une ombre se dirigeant vers la chambre de Mahadi, et mue par ses seuls réflexes, elle s’y est rendue et a fermé la porte. Il est présent, serein, et s’il a aperçu partie ou entièreté du spectacle de feu et de sang, son port princier et son visage calme n’en montrent rien. Cette attitude a quelque chose de rassurant, et pousse Elena à sortir de son mutisme hébété.

« Quel choix faire ? Obéir au Sabbat et devenir servile ? Ou bien lutter contre lui et y perdre la non-vie ?
Mahadi sourit et sort de sa poche une dague, finement ouvragée, ciselée, brillante.
« Mon choix est déjà fait. Je vais détruire le Mal qui est entré dans se refuge, et peut-être récolterai-je la Mort Ultime en conséquence. Mais cela vaut le coup. Oh, bien sûr, le plus simple serait de couper le pouvoir et la source de vitae tant convoitée à la source… »
Son regard se porte vers la pièce secrète, et celui d’Elena le rejoint dans la même direction.
« Une diablerie sur Dame Elyssa ? S’il le faut… »

Résignée, elle se dirige vers la direction d’Elyssa mais est stoppée par le Maure.
« Si tu tranches la gorge d’une innocente, lui dit-il, tu deviendras une pécheresse. Et donc, mon ennemie. Elena, un peu de ton sang coule dans mes veines. Je me dois de te retenir de commettre une telle erreur. »

C’est à ce moment précis qu’un individu, un jeune homme portant un bonnet, apparaît comme s’il s’était toujours tenu dans la pièce. Il se présente succinctement à Elena : il dit être le Témoin, un Mathusalem attendant depuis des siècles le bon moment pour combattre l’horreur.
« Cette horreur qui porte le nom de Rutor. »

Mahadi hoche respectueusement la tête à l’attention du Témoin, avant de reporter son attention sur la Ventrue.
« Si tu souhaites en épargner un, donne-moi son nom. Je détruirai tous les autres.
- Nanosh, le Prince Ravnos.
- Oui, celui-ci, je ne le comptais pas parmi les cibles, je voulais dire…
- Je sais. Mais il est bien le seul qui ne mérite pas d’être détruit. »

L’assassin s’incline, ses dreadlocks ornées d’or émettant un tintement léger. Suivi par le Témoin, qui ôte son bonnet révélant une tignasse rousse et un troisième oeil au milieu du front, il ouvre la porte vers la salle principale et s’y engouffre.

Dans la salle en question, la discussion est âpre entre Nerio et Nanosh. Le Ventrue explique et répète, acide, à quel point son Infante est une déception par sa faiblesse et sa trop grande humanité qu’elle refuse de laisser de côté. Et juste à deux pas de cela, le Lasombra et le Tzimice sont occupés à saigner, lentement, avec un sadisme ignoble, Aymeric le Toréador afin de lui ôter lentement la non-vie.
Les Damnés agissent en un éclair. Elena crée la zizanie entre les membres du Sabbat avec ses pouvoirs hypnotiques ce qui a pour effet de les séparer. Ainsi, chacun engage le combat contre un ennemi – le Témoin abat sans difficulté Amalt puis Mikail, Mahadi s’engage dans un duel d’ombres contre le Lasombra Anselm, et Nanosh poursuit Nerio dans l’atelier pour lui régler son compte. Elena s’ouvre le poignet pour nourrir Aymeric, car il y a urgence, celui-ci est extrêmement faible et sa Bête gronde. Elle esquive les griffes du Toreador qui tente de l’agripper pour la vider de son sang, parvenant à ne lui offrir que ce dont il a besoin pour survivre.

Bientôt, tous les ennemis ne sont plus qu’à l’état de petits tas de cendres. Tous à l’exception de Nerio, maintenu fermement, immobilisé par le Témoin – ou devrait-on dire Gaubert. Ce dernier invite Elena à échanger de dernières paroles avec son Sire, visiblement en proie à la panique.

« Mon Infante ! Je.. je t’en prie, aide-moi ! Ensemble nous pouvons accomplir d’immenses choses ! Nous avons des objectifs communs, nous sommes alliés !
- N’est-ce pas toi qui me disais de ne faire confiance à personne ?
- Elena, je suis ta famille ! Ne gâche pas notre héritage !
- J’avais une famille et tu l’as détruite.
- Mais…
- Tu es une telle déception. »

Le Ventrue n’a pas le loisir de répondre. Les crocs de Gaubert se referment violemment sur son cou, à la seconde suivante il n’en reste plus qu’un tas de cendre, comme ses comparses. De la cendre qui lentement s’imbibe de rouge, à mesure qu’elle se mêle au sang versé par de nombreuses victimes en cette mortelle nuit.

Ainsi s’éteint une meute du Sabbat.

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Le Meurtre
V20 :: Introduction (Récit 2.23), Septembre 2020

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Toulouse, septembre 2020

Le soleil couvrait la belle ville rose de ses rayons d’automne, et les Toulousains vaquaient, innocents, inconscients de la guerre qui se déroulait dans les ombres. La lourde porte en bois de l’ancienne Commanderie des Hospitaliers battait contre son chambranle mais dans la rue du Lieutenant-Colonel Pelissier, personne n’y prenait gare. Nul n’avait prêté attention aux deux énormes chiens au pelage blanc qui se promenaient dans cette rue, ni à l’homme encapuchonné qui avait, d’un coup d’épaule surnaturel, ouvert la porte de la Commanderie.

Dans quelques heures, les corps déchiquetés des occupants des lieux seraient trouvés par les autorités, et la Police pensera à un cambriolage ayant mal tourné. D’ailleurs, les lieux avaient été fouillés, et certaines pièces d’art médiéval avaient disparu. Un vol par effraction…

Mais pour les Damnés de Toulouse, les choses ne seraient plus jamais les mêmes. Les Goules accouraient, les Harpies tissaient leurs toiles à l’annonce d’une nouvelle faisant froid dans le dos : des Loups-Garous avaient franchi la limite du territoire qui leur était accordé, et avaient massacré Ingelrando de Gurrea, l’émissaire du Sabbat à Toulouse. La Camarilla serait forcément accusée d’un tel meurtre, et le Sabbat risquait fort de débarquer en nombre dans la ville rose pour venger le Lasombra.

Mais paisiblement, comme si rien ne pouvait l’atteindre, le Comte Arzailler sirotait un verre de sang devant une représentation privée, au Théâtre du Capitole. Les affaires reprendraient, certes, une fois le rideau tiré.

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Le Sabbat
V20 :: Récit 2.22, Octobre 2020

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Contribution de Yakurou

⇝ Introduction :


La lune est haute. Haute au-dessus de Toulouse, où le bétail s’agite, inconscient des enjeux de la nuit.

Dans les sous-sol du capitole, au niveau du parking, des damnés se rassemblent.

Caché par les vitres teintées de sa limousine, Nerio attend, se préparant silencieusement au combat à venir, tout comme les trois autres membres de sa meutes. Trimblio, le gangrel ayant du mal à cacher son excitation, Mikhail, un tzimisce artiste de chair et d’ os, et Anselmn, silencieux et mortel parmi les ombres, qui aujourd’hui avait du mal à cacher son désir de vengeance.

“Nous l’aurons mon frère. Nous le ferons payer la mort d’Ingelrando de Guerra

La voix grave de Nerio troubla le silence, mais avant même que le lassombra puisse répondre, des bruits de pas attirèrent leur attention dans le parking pourtant désert jusque-là. Une silhouette approchait d’un pas gracieux. Elena se rapprochait d’eux.

Par une même action, trahissant la tension qui les animait et leur impatience, les quatre hommes sortirent de la voiture pour accueillir la nouvelle venue, celle qui les avait prévenus que ce soir était le moment propice.

Bien moins sûr d’elle qu’elle ne le laissait paraître, Elena répondit aux questions que lui posait son sire, désireux de s’assurer de sa dévotion. Après avoir entendu les réponses satisfaisantes, le groupe entra dans le capitole, où on savait le comte Arzailler en train de regarder une pièce de théâtre.

Menés dans les coulisses par une goule, ils ne mirent pas longtemps avant d’entendre la voix des acteurs. Une piètre adaptation de la pièce Roméo et Juliette, pour la faire coller au monde de la nuit des damnés.

Avançant toujours, les sens aux aguets, ils arrivèrent en vue de la scène, ou deux humains jouaient leur rôle. Dans la salle, outre la multitude de sièges vides, se tenait le compte Arzailler. Nerio ordonne à Trimblio d’aller couper leur retraite, et une fois le gangrel en place, le Ventrue sort, et sous la lumière des projecteurs, annonce la mort imminente du comte de Toulouse, Arzailler.

Celui-ci se redresse, et de toute sa hauteur, tenant toujours à la main son verre de sang, s’exclame :

“QUI OSE INTERROMPRE MA REPRÉSENTATION?"

Des deux côtés de la salle, les damnés se mettent en marche, sortent leur griffe et leur croc.
Anselm, impatient, saute directement jusqu’à ses ennemis, tandis que Mikhail transforme son bras en pieu sanguinolent, un sourire carnassier au visage. Comme à son habitude, Trimblio met en charpie tous ceux qui tentent de s’échapper.

Dans l’allée centrale, Elena suit Nerio, ordonnant à la Goule qui tente de les intercepter, laissant à son sire le soin de lui rompre le cou alors que des coups de feu résonnent dans la salle. Les autres membres de la meute, eux aussi, sont aux prises avec leur adversaires.

Arzailler décide enfin de se joindre aux affrontements. En quelques mots, il hypnotise Anselm pour en faire son allié. Ce n’est que grâce à sa volonté que le Lassombra parvient à résister, temporairement, aux charmes du comte de Toulouse. Mais il le sait, son temps est compté…

Une des damnés, invitée d’Arzailler, voyant que les issues étaient condamnées, décide de vendre chèrement ce qu’il lui reste de vie. Elle s’attaque à Elena, qui pendant le combat, lui intime l’ordre de faire la morte. L’inconnue se laisse convaincre, et s’effondre au sol, alors que Nerio, victime d’une immense peur infligé par Arzailler.

Mais cette peur est de courte durée. Alors que le comte de Toulouse interrogeait Elena sur sa présence ici avec le sabbat, une main griffue traverse son torse. Celui qu’il pensait sous son contrôle venait d’apparaître derrière lui, dans son ombre, pour transpercer le cœur du damné dirigeant la ville Rose. C’est ainsi que, retournant à la poussière, la non vie du comte Arzailler, feu le comte de Toulouse, prit fin.

Les esprits se calment, le silence reprend ses droits, et la nuit se tait. La meute prend le temps de se soigner et de rassembler ses blessures. Alors que Mikhail se perd dans son art, utilisant ses victimes pour ériger une sculpture en l’honneur d’Ingelrando de Guerra, Anselm interroge les siennes. Il apprend que le comte Arzailler avait pour inviter Giovanni. Lynda Sentola, la prince de Naples.

Elena, sous prétexte de se nourrir, retourne voir la damnée à qui elle avait ordonné de faire la morte. Elle lui explique la situation, proposant son aide, et prétextant sa bonne foi de ne pas vouloir la tuer, sans savoir à ce moment qu’elle parle au prince d’une ville lointaine.

Mais la nuit ne fait que commencer. Et elle ne se terminera pas avant que le sang ne coule, avant que tous les prétendants au titre du comte de Toulouse ne connaissent la mort véritable. Les noms d’Hervé Moncelet et d’Aymeric sont énoncés, et Elena en profite pour lancer la meute sur les traces d’Inya, la préfète de Toulouse, alliée cachée de Rutor.

Voulant récupérer ses affaires, Elena leur annonce qu’elle souhaite retourner à son domaine, espérant pouvoir prévenir sa coterie de ce début de soirée, mais la meute du sabbat ne la laisse pas y aller seule. Nerio s’étonne même de la voir s’attacher a son “ancienne” coterie. Elena rétorque qu’il est encore possible de les faire rejoindre le sabbat.

“Prends garde. On est trahis que par les siens”

Le trajet se fait sans commentaire, ni conversation. L’ambiance est lourde dans la voiture qui les mène jusqu’au bain de Saint Aubin. Afin de ne pas effrayer le bétail présent, Elena arrive à convaincre Nerio de la laisser entrer seul dans son repère.

A peine le temps pour elle d’envoyer un sms à Hervé Moncelet, lui intimant de fuir la ville au plus vite pour sauver sa non vie, que la voiture de Dominic tourne dans la ruelle menant aux bains de saint aubin.

La nuit ne fait que commencer. Le sang n’a pas encore fini de couler.

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