Campaign of the Month: December 2021

Le Sang versé d'Occitanie

Le Gangrel
V20 :: Introduction (Récit 2.20), Septembre 2020

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Toulouse, Septembre 2020

La lune était rousse dans le ciel toulousain, comme gorgée du sang des innocents. De rares nuages ponctuaient la voûte céleste, et le Vampire resta un moment à les observer, cherchant à y voir des animaux fantastiques ou des monstres de cauchemar. Sans résultat. Il haussa les épaules et se concentra à nouveau sur sa proie, en contrebas des toits sur lesquels le Gangrel patientait.

Dans la ruelle, un jeune Damné discutait à la sortie d’une discothèque avec une future victime. Le Gangrel le connaissait bien, il le traquait depuis des semaines. Depuis que Nerio lui avait confié son plan, depuis le début de la Guerre du Sang. Plusieurs villes étaient déjà tombées entre les mains du Sabbat, et Nerio voulait faire de Toulouse la capitale Sabbate française. Trimblio le Gangrel l’aurait suivi jusqu’en enfer si le Ventrue le lui avait demandé, alors pourquoi pas Toulouse.

Surtout que cela lui permettait de renouer avec son Infant, cette petite chose ridicule qui pavanait sous cette belle lune rousse au pied de cette boîte de nuit. Jamais Trimblio n’aurait imaginé que la Camarilla laisse survivre des Infants du Sabbat, et il était impatient de planter ses crocs dans le cou de sa progéniture pour goûter sa vitæ, connaître ses souvenirs, ses petits secrets, ses sales habitudes, ses vices et ses peurs.

Ne tenant plus en place, le Gangrel prit la forme d’un grand rapace et fondit sur Alex, en contrebas. Il s’abattit sur lui toutes griffes dehors, et son bec plongea dans ses chairs mortes avant de reprendre forme humaine. L’Infant était aux prises avec son Sire, son véritable Sire, et la rencontre serait brève mais – Trimblio l’espérait – intense.

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Derniers voyages
Vda :: Récit 1.16, Février 1244

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Contribution de Breloque
⇝ Introduction :

Dans la nuit froide du mois de Février, trois silhouettes progressent sur un chemin escarpé à lueur d’une torche.
L’un d’eux porte la sacoche caractéristique d’un luth et un autre porte un fanion blanc, qu’il brandit à l’attention des soldats qui les observent depuis le chemin de ronde.

« Nous demandons des pourparlers. » annonce Sébastian d’une voix monocorde.

Les damnés sont fouillés et présentés à un chevalier cathare à la mine soucieuse. L’homme hésite quelques instants et accepte de conduire les trois compagnons jusqu’à son maître. C’est accompagnés d’une solide escorte que les vampires sont menés jusqu’au castrum.

Même dans la nuit, le lieu est à couper le souffle. Le castrum se dresse comme un prolongement ouvragé de la montagne. Difficile d’imaginer que ce sont de vulgaires humains qui ont bâti cela ici. Les gardes postés en faction regardent avec curiosité le petit groupe monter les marches. Les vampires ressentent un malaise, leur Bête s’agite, mais rien qui ne les empêche de poursuivre l’ascension.

Raymond de Péreille apparaît sur le perron des portes monumentales. C’est lui le seigneur qui tient Montségur, ancien vassal de Raymond VI de Toulouse. Un homme au port altier et la mise digne.

Un long dialogue s’ensuit avec le maître des lieux. Sebastian annonce vouloir trouver une solution à ce siège afin que le moins de sang possible n’ait à couler.

Sur un quiproquo, Adhémar chante une chanson de trouvère d’Occitanie accompagné par son luth, au grand étonnement des assiégés.

Béatrix de Toulouse, la nièce de Sébastian, se joint à la conversation. C’est une belle jeune femme rousse qui n’a pas l’air intimidée par la situation. Sébastian l’invite à venir trouver refuge à Béziers. Elle refuse, sa place est ici.
Sébastian propose d’utiliser les chemins d’approvisionnement pour que les cathares quittent le fort en vie, et de laisser derrière eux brûler le lieu.

Mais Raymond de Péreille ne souhaite pas devoir se cacher pour pratiquer sa foi. Il préfère faire face à sa destinée.

Dans un grincement sinistre, les portes s’ouvrent derrière Raymond de Péreille et Béatrix de Toulouse. Trois silhouettes encapuchonnées s’avancent. Aucun doute possible, ce sont des damnés… les véritables maîtres des lieux. Et probablement la raison pour laquelle le siège du Poc de Montségur tient toujours.

Les trois nouveaux venus sont pourvus d’un troisième œil qui orne leurs fronts. Des Salubrien. Les membres de clan se font rares depuis le siècle dernier et leurs démêlés avec les Tremere. Parmi eux, les vampires reconnaissent Gaubert, le damné à la recherche de la Golconde, entrevu à Toulouse lors du couronnement d’Esclarmonde.

C’est la Dame-des-Cendres, la femme à trois yeux, qui prends la parole :

« Je ne m’attendais pas à voir venir en ces temps de guerre trois homologues pour négocier la reddition de Montségur. Quelle est la véritable raison de votre venue ? »

Sébastian lui réponds alors :

« Je ne laisserai pas Béatrix mourir comme sa mère. »

Puis la femme questionne tour à tour Sébastian, Adhémar et Innocent. Adhémar ne cache pas son désintérêt pour le sort des humains de la place, contrairement à Sébastian. Le troisième Salubrien, surnommé « La Voix-qui-se-Tait » déclame ensuite la descendance des trois vampires et confirme la véracité de leurs dits.

Hommes et femmes se rapprochent pour écouter les échanges entre les damnés. Parmi eux, se trouve un jeune homme : Sylvan, l’enfant que les vampires ont sauvé il y a des années dans la forêt aux abords de Toulouse. Ils reconnaissent aussi le Petit dans la foule.

La Dame-des-Cendre explique alors :

« Ce lieu n’est pas juste une place forte. Ce lieux est un havre pour notre clan. Nous vivons dans la paix avec les mortels depuis bien des années. Sans secret ni cachoteries. Ces mortels ont une foi que vous pourriez sentir rien qu’en goûtant leur sang. Nous vivons sans crainte. »

Sebastian s’échine à convaincre humains et damnés de Montségur que la fuite et la survie sont possibles. Mais en vain. Les cathares refusent de se cacher. Le couperet tombe quand le Seigneur Cathare conclu :

« Un discours de vérité, jusqu’à la fin. » dit Raymond de Péreille.

Innocent livre quelques vérités crues, qui semble faire réfléchir certains gens. Les Salubrien annoncent vouloir continuer à chercher la Golconde, mais ils resteront dans leur asile quitte à périr sous les épées des croisés. Pour les cathares il ne reste que deux choix possibles : la reddition par l’abjuration de leur foi ou le martyr aux mains des croisés.

Les Salubrien retournent dans le bâtiment, les portes se refermant derrière eux.

Sebastian et Béatrix discutent avec passion sur les notions de sacrifice. Le vrai Brujah en vient même à lui proposer la vie éternelle… Elle y réfléchit.

L’évêque Monseigneur Guihabert de Castres est tué par Innocent, afin d’éviter la torture aux mains des inquisiteurs. Il tourne des yeux reconnaissant envers son bourreau à l’instant fatidique, ce qui n’émeut guère le Nosferatu. La moitié de la tâche confiée par Stéfano est donc accomplie.

Après quelques échanges avec les cathares, les damnés finissent par redescendre avec le cadavre de l’évêque. Ils retournent voir le sénéchal croisé Hugues des Arsis dans sa tente de commandement. Le vétéran leur demande :

« Quels sont les termes de leur reddition ? »

Et Innocent de lui répondre :

« Il n’y a pas vraiment de termes. Abjuration de leur hérésie pour quelques-un et martyr de votre choix pour les autres. ».

Hugues demande alors aux vampires s’ils peuvent lui fournir une liste des cathares et leurs choix effectifs.

De retour au castrum la nuit suivante, Adhémar joue le rôle du scribe en griffonnant les noms demandés.
Pendant ce temps, Innocent et Sebastian essaient de convaincre les Cathares d’abjurer et de venir trouver refuge à Béziers. Gaubert a quitté la place, et ne démérite pas le nom de « Témoin-de-Montségur » dont l’affuble ceux de son clan.

La grande majorité des Cathares préfèrent le suicide. Parmi ces 341 noms, on retrouve le Petit, Sylvan, la Voix-qui-se-Tait ainsi que la Dame-des-Cendres.

Les trois vampires sont assez sceptiques de la façon dont renoncent les deux Salubriens à leur non-vie.

La construction et l’installation des bûchers prends quelques jours.

Au crépuscule du 16 Mars 1244.

Un messager se présente, porteur d’une missive de Wolfram Von Glattfurt. Celui-là même qui voulait capturer Esthelle, la goule d’Adhémar, pour ses petites expériences. Le Malkavian y expose par le détail ses théories. Selon lui, les âmes des parfaits cathares sont vouées à accéder au Paradis. Et il pense qu’Alvaro voulait utiliser ce vaisseau pour corrompre les cieux à jamais, en faisant périr l’Enfant de la Prophétie par le feu. Mais jamais son plan ne fût mis à exécution. Wolfram prend la peine d’expliquer qu’il a marqué les bûchers de Montségur de glyphes qui consumeront la voie vers le Paradis.

Sur le devant du castrum, les chevaliers cathares abandonnent armes et armures.

La processions descends du Pog en direction du camp croisé. Tous sont vêtus d’habits simples, y compris Raymond de Péreille. Ils sont rapidement escortés et malmenés par les croisés.

Arrivés en bas, la confession leur est proposée. Quelques dizaines acceptent d’abjurer leur hérésie. La majorité sont réunis dans un enclos. Ils prient et chantent un dernier cantique avant d’être conduits un à un au bucher.
Innocent regarde avec attention ceux qui montent sur le bûcher comme s’il mettait à jour une liste mentale.

Adhémar s’ennuie et a sorti une écritoire. Il fredonne et note quelques idées de balade à la lueur des bûchers qui s’embrasent et consument la chair des cathares.

Les cantiques sont perturbés par les pleurs de ceux qu’on mènent à la mort et par les hurlements de ceux qui l’expérimentent.

Les vampires remarquent que Wolfram a dit vrai. Toutes les bûches sont marquées de glyphes ensanglantées, un rituel thaumaturgique réalisé par le Malkavian.

C’est au tour de Raymond de Péreille et de sa fille Esclarmonde de Péreille. Mais la noblesse n’offre pas plus de dignité dans la mort.

La Dame-des-Cendres et la Voix-qui-se-Tait laissent un petit nuage de cendres une fois que le feu a dévoré jusqu’à la dernière once de leur âme. La damnation non plus n’offre pas plus de dignité dans la mort.

A proximité d’un feu aussi vorace, Le Petit ne peut s’empêcher de révéler sa vraie nature. Transformé en monstre de poils et de rage, il massacre un soldat puis hurle à la lune. Il adresse un dernier regard aux damnés avant de bondir de son propre chef dans les flammes.

Contrairement à ses comparses, Sebastian se montre actif. Il tente en vain de convaincre Sylvan de ne pas se suicider bêtement. Mais le jeune cathare n’en démord pas. Sebastian envoûte un des gardes qui emmène le jeune homme qui fût jadis un nouveau-né que le Prince de Béziers tenait dans ses bras. Le garde embroche Sylvan de sa lance, qui meurt dans une marre de sang.

Sébastian regarde fixement le cadavre au sol. Sa mine change, il a pris une décision.

Un nouvel envoûtement convainc un garde d’escorter Béatrix de Toulouse jusqu’à une tente pour un interrogatoire. Sébastian tente une ultime fois de la convaincre, mais fait face à un mur d’incompréhension :
« Vous me refusez le paradis ? »

Sébastian soupire… puis l’envoûte elle-aussi à son tour. Il a décidé de la sauver de ce suicide stupide, même contre son gré.

Les vampires ont un dernier conciliabule. C’est l’heure des adieux.

Innocent retourne à Toulouse et rend visite à Stéfano pour lui annoncer que la faveur est rendue.

Quand Sébastian retourne à Toulouse pour retrouver Thémistocles, ses suivants lui annonce qu’il a quitté la ville lorsqu’il a appris la mort des Cathares de Montségur, un coup de poignard en son cœur qui lui a fait perdre foi en l’humanité. Le vrai Brujah se réfugie avec sa protégée au monastère Saint-Martin de Canigou. Toujours sous la camisole occulte de son oncle, Béatrix entre dans les ordres et fait vœu de silence. Elle priera tous les jours de sa vie de mortelle et meurt recluse sous la surveillance de son oncle… et de quelques rats tapis dans les ombres. La deuxième moitié de la tâche confiée par Stéfano est enfin terminée.

Pendant ce temps, Adhémar retourne à Béziers pour s’occuper du domaine.

Folch meurt dans une embuscade qui a mal tourné. Les routes d’Occitanie ne sont pas vraiment sûres.

Et les saisons passent.
Les années défilent.
Le temps s’écoule différemment dans la malédiction d’après la mort.

Stefano fini brûlé sur un bûcher après que se soient déployés les plans ourdis par Sebastian. Il meurt des mains de sa création : l’inquisition.

Esclarmonde laisse sa place à Sibylle des Beaux, qui ne sera que Régente pour pacifier les relations avec Paris.

Wolfram von Gladfürt a poursuivi ses recherches. Et à force de côtoyer les Tremere, il a conçu un rituel pour envoyer son âme au Paradis. On raconte qu’il est monté lui-même sur le bûcher qu’il a préparé à son attention.

Adhémar voyage… et visite toutes les cathédrales d’Europe. Les statues détiennent ce secret qu’il doit connaître. Il voyage toujours plus loin. On raconte qu’il s’est enfermé dans le mausolée de l’Empereur Qin.

Sebastian voyage… en quête de Thémistocles. On raconte qu’il est parti vers le nouveau monde, pour embrasser un nouveau destin.

Innocent voyage… jusqu’à Jérusalem. On raconte qu’il y est resté, désormais en torpeur dans le temple de Salomon.

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Les Soeurs
Ars Magica :: Récit 3.10, Août 1934

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Contribution de Yakurou

⇝ Introduction :

Récit de Gaubert

Des coups répétés à la porte résonnent dans l’hôpital silencieux.
Sagal, tout en se dirigeant vers la porte pour accueillir les nouveau arrivants, explique à demi-mot à Béatrix que nous sommes du même genre que sa mère, des Mages.

Vous êtes comme elle, Sagal. Je ne le suis pas… Je ne le suis plus.

La porte s’ouvre finalement, et un homme en armure entouré de ses hommes se tient à la porte de l’hôpital, cherchant après Béatrix. Il n’en faut pas plus pour convaincre la jeune femme que nous ne sommes pas ses ennemis ici, et nous la suivons vers l’arrière du bâtiment.

Alors que nous nous dirigeons vers l’aile des lépreux, j’entend Sagal gagner du temps en réprimandant sèchement le chevalier, lui intimant le silence pour ne pas troubler le repos des malades…

L’aile des lépreux est faiblement éclairée par quelques braséros, permettant à peine de chasser l’humidité inévitable si proche de la Garonne. C’est vers un de ces feux que la jeune femme se dirige, empruntant un couloir sans issue. Ne voulant rien laisser paraître, je laisse Baruch passer à sa suite, puis prends quelques secondes pour me calmer.

Les flammes… le feu… Leur vision me rassurait jadis… Et elle m’effraie maintenant…

Contrôlant ma peur, je passe en vitesse à côté de ce braséro et rejoins un passage dévoilé derrière une armoire ouverte, où se sont glissés Baruch et Béatrix. De l’air frais me provient de l’extérieur, ainsi que des voix. Des voix menaçantes. Je me précipite pour les rejoindre, mais c’est une torche humaine créée par Baruch qui me coupe dans mon élan.

Ils sont trois, un homme bedonnant dont la damnation ne fait aucun doute, un deuxième menaçant Béatrix d’une lame sous la gorge, et le troisième qui semblait retenir Baruch, mais qui est désormais enflammé et essaye tant bien que mal d’éteindre les flammes qui le dévorent.

Le Damné, Jervais, reconnait là l’utilisation de magie et ordonne à son sous-fifre encore indemne de tuer Baruch. Avant qu’il n’en ait le temps, le mage fait disparaître les os des jambes de son nouvel assaillant, qui s’écroule au sol.
Je profite de la confusion pour me ruer sur Jervais, et le saisir à la gorge, utilisant mes nouveaux pouvoirs pour rendre ma main brûlante.

Jervais tente de se dégager de ma prise, mais il se débat en vain. Il se décide alors à se transformer en gelée liquide, le rendant impalpable. Avant, j’aurais sûrement pu le retransformer… Mais aujourd’hui, cette nuit, je suis impuissant, réduit à essayer de continuer de le frapper…

Alors que Sagal nous rejoint, et envoie l’homme au sol se noyer dans la Garonne d’une grande bourrasque magique, Baruch à une bien meilleure idée que moi et enferme la gelée de Jervais dans la pierre, lui empêchant tout mouvement, tout en prenant soin de laisser des interstices pour que la lumière du jour vienne le détruire une fois l’aube levée.

Laissant le Damné à cette mort certaine, nous nous dirigeons vers ma planque. Je laisse mes compagnons en route afin d’aller trouver une de mes connaissance – un Nosferatu dénommé Innocent – pour obtenir des informations sur la localisation de Sybille, et je reviens quelques heures plus tard avec une réponse : la soeur de Béatrix, désormais devenue une goule d’ Esclarmonde a été emmenée de force à la Basilique Saint Sernin.

C’est là-bas que nous nous rendons, laissant Béatrix à l’abri dans ma planque.

D’ordinaire, le couvre feu aurait rendu nos déplacements suspects. Mais ce soir, en raison de l’incendie qui frappe la ville, les rues sont pleines, agitées. Nos déplacements jusqu’à la Basilique ne s’en trouvent perturbés qu’une fois arrivés à ses pieds, ou des gardes empêchent les nécessiteux de rentrer pour y trouver leur habituel refuge. Ce soir, l’incendie avait en effet rassemblé les croyants pour une messe spéciale. Agenouillé devant une porte dérobé afin d’en ouvrir l’accès, j’entends Baruch psalmodier un sort pour nous rendre invisibles aux yeux des occupants des lieux.

Une fois à l’intérieur du cloître désert, alors que Sagal s’emploie à détecter des traces de magie dans les différentes pièces du pourtour du jardin, je me rapproche du puits. J’ai fait l’intime expérience du goût des Damnés pour les souterrains, à l’abri de la lumière du jour. Peut-être ce puit est-il un passage?

Baruch décide de s’en assurer en questionnant l’eau, lui demandant si des gens passaient souvent par elle. Elle répond que non, mais lui explique, en des termes imagés, qu’elle peuple non seulement ce puits, mais également une pièce souterraine.

Se transformant en poisson, Baruch se jette dans le puits, à la recherche de cette pièce. Après avoir attendu quelques minutes avec Sagal, sans nouvelles de notre ami, nous rentrons nous aussi dans le puits.
Quelques minutes de nage plus tard – respirer sous l’eau ne m’est désormais plus un problème, et Sagal possède une bonne condition physique – nous découvrons une vaste pièce. Trouvant ce qui ressemble à une berge, nous émergeons de cette eau sombre et glacée.
Non pas que le froid me gène, mais on est toujours mieux les pieds sur terre. J’essaye de comprendre où nous nous trouvons, et j’avance vers une petite pièce faiblement éclairée.

Sybille s’y trouve, enchaînée. Ainsi que Tres.

Je crie ma colère, et me défait aisément du premier sort que le mage me lance, pour tenter de m’immobiliser. Sagal, juste derrière moi, saisit cette occasion pour cribler de roches effilées celui qui tua sa sœur de Sept, vingt ans plus tôt. Avec rage elle l’immobilise, le plaque au mur par une violente tempête.
Me précipitant sur Tres afin de le frapper de mes poings, je remarque Baruch, à l’autre bout du couloir, en train d’incanter. Mais je me concentre sur mon ennemi, qui ne tarde pas à s’endormir des suites du sort de Baruch.

Je profite de ce moment pour le laisser choir au sol, et observer les lieux.
Sagal est déjà penchée sur Sybille, soignant ses plaies comme elle sait si bien le faire.
Je remarque alors des jarres remplies de sang. Je sais l’attrait qu’ont les Tremere pour ce liquide, et pour rien au monde je ne leur laisserait. Je m’en saisis pour les vider dans l’eau, alors que Baruch fouille Tres, trouvant les clefs des chaînes de Sybille.

Une fois revenu auprès d’eux, il reste encore une tâche : Tres ne peux rester en vie. Je me résoud donc à m’en occuper. Après avoir demandé à Sagal et Baruch de sortir, je m’approche du corps inanimé du Mage.

J’ai mis du temps à m’y habituer. Du temps avant d’accepter que c’est ainsi que je dois me nourrir maintenant. Il m’a fallu plus d’un an avant de ne plus avoir la nausée après chaque repas.

Mais c’est la première fois que je ressens du plaisir. Voir cet homme qui a détruit mon ancienne Alliance, qui a provoqué tant de morts parmi mes amis… le voir ainsi, sans défense, me rend heureux.

Je secoue la tête.

Non. Ce n’est pas normal. Ce que je suis n’est pas normal. Tout va changer… je vais trouver une solution.

La nuit m’a beaucoup coûté, alors il faut que je me nourrisse. Ouvrant la bouche, et laissant la Bête en moi prendre le dessus quelques instants, je plante mes canines dans le coup de Tres, et le vide entièrement de son sang.

La nuit finit bientôt. Accompagné de Sybille et de Sagal, nous rentrons en vitesse à la planque pour y passer la journée.
Baruch reste en arrière, et interroge le corps sans vie de Tres. D’abord sur les reliques présentes dans la Basilique, puis sur les raisons de sa trahison des Mages.

“Je n’ai pas trahi les Mages. J’ai choisi un chemin que peu empruntent. Les créatures de la nuit peuvent être de puissants alliés…”

Malgré la mise en sécurité de ses deux filles, Dame Constance refusera de se laisser libérer, acceptant ainsi de rejoindre le paradis auquel elle aspirait. Alors qu’on venait à peine d’éteindre l’incendie qui avait brûlé la moitié de la ville, son bûcher sera érigé, et la Mage Jerbiton sera une victime de plus de l’Inquisition.

Une alliance de Mages sera créée à Toulouse, dont Sagal et Baruch deviendront les premiers membres, en lien étroit avec Béatrix et Sybille. Cette dernière sera étreinte quelques temps plus tard par Esclarmonde pour devenir l’une des deux Roses de France.

Quant à moi, ma recherche n’est pas encore terminée. Il existe un moyen, je le sais. La Golconde est proche, je la trouverais.

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Une dernière faveur
Vda :: Récit 1.15, Février 1244

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Contribution de Breloque
⇝ Introduction :

Février 1244

Dix-huit années se sont écoulées depuis le sacre d’Esclarmonde. Nulle trace de la sagesse vengeresse, l’Assamite Sophia qui n’est finalement jamais revenue de sa mission, quittant de facto la coterie. Sebastian et Adhémar forment désormais un duo et sont restés à œuvrer en la cité de Béziers, développant leur influence tout en pourchassant leurs idéaux respectifs. Ils ont régulièrement des nouvelles d’Innocent, le Nosferatu bien installé à Toulouse.

C’est pourtant sous des auspices indésirés que les trois vampires se voient réunis derechef. Le grand jeu des intrigues et du pouvoir ont poussé les damnés à échanger bien des faveurs. Et dans cet exercice, c’est Stéfano, le Malkavian envoyé de Rome, qui ressort grand vainqueur. Et ce dernier n’a rien trouvé de mieux que de confier une simple besogne à Sébastian, Adhémar et Innocent pour éponger leur dette. Ô, rien de plus qu’une petite peccadille : se rendre jusqu’au Pog de Montségur, la dernière place forte des Cathares assiégée par l’armée du Roi et l’Inquisition… puis infiltrer la place forte et faire taire à jamais le dernier évêque albigeois ainsi qu’une jeune femme qui réponds au patronyme de Béatrix. Perronelle qui n’est autre que la petite-fille de Raymond VI de Toulouse, et ce faisant, la propre nièce de Sébastian.

C’est donc sur les routes d’Occitanie que se retrouvent à nouveau les trois vampires, leur coche escorté par des chevaliers sans terre, des faydits désormais à leur service. Une fois dépassé le village de Bram, le convoi progresse jusqu’au Col du Tremblement où se trouve le campement des croisés. Cela fait maintenant deux ans que le siège s’éternise face à une défense impénétrable. Le site est exceptionnel par sa nature, à se demander comment un tel fort a pu être bâti en un lieu aussi accidenté.

Les lettres d’introduction signées de la main de Stéfano permettent de ne pas perdre de temps en arrivant au campement. Là, les damnés font la rencontre du Sénéchal Hugues des Arsis, un vétéran des croisades bourru et pragmatique. Ils se présentent sous de nouveau patronymes, Adhémar est Phénélon de Malatma, Sébastian est Robin de Casteigneau et Innocent demeure Innocent de Saint-Sernin. Rendez-vous est pris pour dîner avec le sénéchal la nuit suivante, le temps que les voyageurs s’installent. A ce titre, les damnés insistent pour s’installer dans un ensemble de grottes troglodytes, à presqu’une heure de marche de là. Le lieu a le mérite de proposer un couvert plus solide qu’une simple tente. Les vampires profite des dernières heures de la nuit pour se balader et évaluer la situation. La double fortification rend le lieu vraiment imprenable. Sans compter que les montagnard cathare réussissent à passer par les falaises pour garantir l’approvisionnement de la place forte. Sans compter que la falaise est percée de moult tunnels et galeries. Innocent constate d’ailleurs des traces de passage récent en plusieurs endroits.

Innocent et Sebastian tentent une approche du Roc de la Tour, le premier rempart. Ils sont vite repérés, et le cor des soldats cathares sonnant l’alarme résonne dans la vallée. Une salve de flèches enflammées les accueille. Ils aperçoivent des éclaireurs croisés tapis dans les fourrés, qui restent cachés.

Le lendemain soir. Lors du souper, Hugues des Arsis explique aux vampire sa stratégie. Il n’a pas d’autre choix que d’attendre qu’ils meurent de faim, et il fait son possible pour empêcher tout ravitaillement. Il fait montre d’une admiration polie quant à la résilience des défenseurs. Il étale sur la table une carte grossière de la zone. Sebastian y désigne l’endroit où il a vu des éclaireurs la veille, mais chose surprenante, le sénéchal dit n’avoir envoyé personne.

Après réflexion sur la meilleure approche à cette situation, c’est Innocent qui part en éclaireur sous un manteau occultation jusqu’au Roc de la Tour. Invisible aux yeux humains, il n’a aucun problème s’infiltrer. Une vingtaine d’hommes d’armes protègent le lieu. Il poursuit son ascension. Mais à l’approche du castrum, un lourd sentiment de danger s’installe dans ses entrailles et stoppe sa progression. Sa Bête refuse d’avancer. Il fait demi-tour.

Pendant ce temps-là, Sebastian et Adhémar se perdent en palabres au-dessus d’une partie d’échec. Aucun d’eux ne voit d’intérêt à faciliter le massacre des cathares. Ils convergent sur l’idée de satisfaire à la mission sans faciliter l’inéluctable massacre.

Peu après le retour d’Innocent, un cor résonne dans le campement croisé. Des blessés sont ramenés.
Sous une des tentes, un lieutenant interroge l’un d’eux : « Je veux savoir qui vous êtes ! »

L’homme interrogé n’est autre que… Folch, une vieille connaissance des vampires. Les éclaireurs repérés plus tôt n’étaient donc pas des croisés, mais agissaient de leur propre chef. Sebastian envoûte le lieutenant pour qu’il quitte la tente. Folch explique alors ce qu’il s’est passé. Il a rendu un ultime service à son vieil ami, le Petit. Il a fait diversion au Roc de la Tour pour lui permettre de franchir la première ligne de défense et approcher le castrum.

C’était là le dernier souhait du garou cathare.

Sébastian, Adhémar et Innocent décident de passer à l’action. La prochaine nuit, ils se rendront avec un drapeau blanc jusqu’au Roc de la Tour pour parlementer.

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L'Incendie
Ars Magica :: Récit 3.9, Août 1934

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Contribution de Flokta

⇝ Introduction :


Récit de Baruch

21 années ont passé.
Moi qui pensais trépasser au cours d’un combat ou partir sur un bûcher, me voilà dans cette ville qui a tant changé depuis mes derniers écrits..

Toulouse n’est plus très accueillante à nos égards. Depuis que les Dominicains, chargés par le pape Gregor IX, sont devenus les espions et juges de l’Inquisition dans la région, nul n’est à l’abri et nombreux sont nos amis vulgaires qui ont été exécutés pour leurs croyances et leurs valeurs. Et… que dire de nos frères et sœurs brûlés au nom de la sorcellerie ?
Tant de vies si injustement prises.

J’y ai, au moins, retrouvé mes anciens compagnons.
Sagal, que j’avais retrouvée pour me soigner, était jusque-là restée auprès des Garous dans sa forêt. Agus ne veut toujours pas me donner son épée, malgré mon nouveaux rang de Destructeur du Ver. Quel manque de reconnaissance !
Elle était toujours occupée : rituels, combats et surveillance rythmaient son quotidien mais elle m’accordait toujours du temps. Avec nos discussions, j’ai appris que son Sept avait été dissout, à sa grande tristesse. Son Sept était ce qui s’apparentait le mieux à une famille.

Pour Gaubert… ce fût plus compliqué d’avoir de ses nouvelles. Il s’était volatilisé après notre passage à Prouilhe. Je pense qu’il voulait être seul après avoir vu tant de ses amis disparaître. (En plus de devoir s’habituer à son nouvel oeil !).
Mais malgré la distance, je restais persuadé que le Gaubert que nous avions connu était toujours là. Que la flamme de son cœur était toujours aussi étincelante que celle qu’il avait laissé sur la sépulture d’*Astrid*.

En est pour preuve qu’en cette nuit du 15 août, il est là. À soudoyer le garde de la porte de la ville de Toulouse, pour nous laisser entrer, Sagal et moi.
Malgré le bonheur des retrouvailles, l’odeur ambiante est prenante. Une odeur de corps brûlés, ou plutôt le mélange de l’odeur d’ossements et des corps enterrés que l’on aurait sorti de terre pour les consumer. Cette profanation, nous la devons à l’évêque Guillaume Arnaud. C’est lui qui applique la loi ici et il est en partie la cause de notre présence.

Nous sommes là en mission. Riccarda, une amie de Constance de Toulouse, avait dû quitter Toulouse en vitesse lors de sa dernière visite à Dame Constance, sœur du Duc de Toulouse Raymond VII. C’est elle qui avait prévenu Sagal du danger qu’elle courait. Constance avait été arrêtée, et placée sous bonne garde en attendant son procès, qui doit avoir lieu demain soir. Gaubert nous a informé que c’est bel et bien Guillaume Arnaud en personne qui doit la juger, au Château Narbonnais.

Assez rapidement, nous avons décidé d’aller là bas sans attendre, le meurtre et le chantage de Guillaume Arnaud s’annonçant trop complexe à mettre en œuvre en aussi peu de temps.
Une fois arrivés, le plus discrètement possible pour éviter les rondes du couvre-feu, nous y découvrons une immense bâtisse construite directement sur la muraille. A moitié dedans, à moitié dehors. A l’intérieur, le château est bordé des maisons bourgeoises qui s’y collent. Devant la porte de bois du château se trouvent trois gardes dont le plus proche nous interpelle :

“HOLA, QUI VA LA ?”
“Seulement des villageois, Mon… mon fils est enfermé ici et j’aurais voulu aller le voir quelques instants.” répond rapidement Gaubert, bourse déjà en main pour soudoyer un nouveau garde.
“TON FILS EST UN HÉRÉTIQUE POUR ÊTRE ICI, QUI ME DIS QUE TU N’EN ES PAS UN AUSSI ?”

A peine avait-il fini sa phrase que Gaubert s’est élancé sur le garde. Le soldat est parvenu à esquiver et à mettre sa lame sous la gorge de notre compagnon.

“Allez paysan, prouve nous que tu n’es pas un hérétique et récite le Notre Père !” lui lance le soldat, déjà prêt à lui offrir un aller simple pour le paradis.

Gaubert le lui récite sans peine, pendant que Sagal s’agite à côté de moi. Je crois qu’elle essaye de se signer, mais il faut bien admettre que la religion n’est pas son truc, elle fait visiblement n’importe quoi.
Une fois terminé, le garde relâche Gaubert, en lui disant que ce ne serait pas ce soir qu’aurait lieu le procès de “son fils”, que ce soir c’était le jugement de quelqu’un de la bourgeoisie et que nous, pauvres paysans, n’avions rien à y faire. Sur ce, nous nous déplaçons dans une ruelle proche. Ces gardes se méfient trop désormais pour qu’on puisse passer par la porte pacifiquement.

A la question ”Que faire, maintenant ?” de Gaubert, Sagal et moi répondons en chœur. “Une diversion”. Et même mieux : un incendie !
Après avoir réglé des détails – que faire des vulgaires endormis dans les maisons voisines ? – et convaincu Gaubert, qui se prononçait étrangement contre ce feu, mais finalement accepte, j’allume une charrette remplie de foin pour les chevaux.
Sagal ordonne au vent et, d’une violente bourrasque, décuple la puissance du feu en emportant les braises sur les toits de chaume.
Avant de partir, je préviens les vulgaires du feu, en criant et frappant frénétiquement à la porte d’une maison pour qu’ils puissent à leur tour, prévenir les autres et éviter des morts inutiles.

Le feu prend rapidement sur les maisons, et intensément. A nous deux, nous avons formé un parfait Gaubert !

Les gardes s’agitent pour donner l’alerte et aider les villageois à contrôler l’incendie, tout comme la ville entière qui s’éveille désormais. L’incendie est, en quelques minutes, devenu incroyablement grand.

Profitant de la diversion, et aidés par le nuage de fumée que Sagal avait levé, nous nous sommes faufilé par la porte libre de gardes pour tomber sur un couloir. A gauche, par une alcôve, se trouve la salle des gardes et au bout du couloir, une porte d’où s’échappe du bruit.

Gaubert entre, d’un pas assuré et traverse la pièce jusqu’à rejoindre le public. La salle, qui sert de tribunal, est grande, un labyrinthe en mosaïque représenté au sol, tandis qu’une statue ailée au fond surplombe les vulgaires et leurs paroles.

Le public se constitue principalement de bourgeois, à cause du couvre-feu. Se trouvent là également des capitouls, conseillers de Raymond XII, vers qui Gaubert se dirige sans hésitation avant d’entamer une discrète discussion avec l’un d’entre eux, un dénommé Themistocles. Au total, une quinzaine de personnes sont présentes. Dans le fond, sous la statue et entourée de gardes, se trouve Dame Constance de Toulouse. Devant elle, s’agitant et parlant avec conviction, évoquant les faits reprochés, se trouve Guillaume Arnaud, Bible en main.

A l’extérieur, toute la ville s’est agitée. L’odeur du bois brûlé s’est infiltrée et, en tendant l’oreille, l’agitation ambiante s’entend, entrecoupée du glas des cloches d’alarme.

Les faits reprochés à Dame Constance sont les suivants : hérésie et sorcellerie.
Son père était Cathare. Et, étant donné qu’il avait emmené ses filles sur les champs de bataille, elle est désormais soupçonnée d’être Cathare elle-aussi. Pour la sorcellerie, les accusations se basent essentiellement sur la chevelure rousse de Constance, et sur quelques témoignages. La sentence pour l’une comme pour l’autre des accusations est la mort. Alors pour les deux, sa sentence est déjà fixée.

Il nous faut agir, et vite donc. Avant que je puisse me rapprocher de Sagal, elle s’est déjà éclipsée en dehors de la pièce.
Pour gagner du temps, j’énonce quelque formule et Guillaume Arnaud, si convainquant et fluide dans ses paroles, commence à buter sur les mots, se masser les tempes et arrête de bouger. Comme si.. un violent mal de crâne venait de lui arriver.

Avant qu’il ait fini son monologue, Sagal sous sa forme animale arrive dans la salle en apportant panique et stupeur. Elle commence à piauler, comme le plus féroce des chacals. Le public s’écarte instantanément pendant que Guillaume Arnaud se frappe pour être sûr de ne pas rêver.

“PAR LE PAPE ! CECI EST UN CHATIMENT DE DIEU, FUYONS !”

Ce furent mes mots et, aussi convaincant que je puisse être, les cris et les chaises déplacées dans la hâte sur le sol couvrirent mes paroles. Crier avec un masque n’est pas très efficace.

Guillaume commence alors à crier que ceci est la preuve que Dame Constance est une sorcière, que c’est de son fait qu’une créature aussi sauvage qu’un chacal soit ici !
Un des soldats arrive en sortant sa lance et Sagal recule vers le couloir et se replie pour y échapper.
Dans le même temps, Gaubert est venu à mon oreille, me dire que l’on devait partir sans délai. En suivant le public sortant, nous retrouvons le couloir principal, et Sagal, déguisée en tenue de servante.
A l’extérieur, le petit feu de charrette s’est transformé en monstre de feu, illuminant le ciel comme s’il faisait jour et brûlant les poumons de tous ceux qui étaient là.
Cela n’était plus un petit feu de chaume, mais bien l’incendie de tous les quartiers Sud de la ville. Voire de toute la ville. Les villageois couraient aux puits et jusqu’à la Garonne, seau, bol, saladier en main pour éteindre les flammes et prévenir leurs avancées.

Là, dans une bulle qui semble hors du temps, à quelques mètres du château, Gaubert nous partage un résumé de sa conversation avec Constance.
Ils avaient pu converser par télépathie. Constance était là parce qu’elle n’avait pas le choix. Ses filles, Sybille et Beatrix étaient en danger et seraient emprisonnées puis exécutées si elle fuyait.

Gaubert nous dirige ensuite vers sa planque.
Une petite maison mal entretenue en plein centre de Toulouse. Remplie de bric-à-brac jusqu’au plafond, et que nous traversons jusqu’à atteindre sa chambre. Rien d’anormal, sauf un trou dans le sol, avec une corde y descendant. Cette corde mènerait vers les catacombes. Cet endroit nous servira désormais de point de rassemblement, sur décision de Gaubert.

Une fois la visite finie, Gaubert nous donne plus de détails sur les filles de Constance. Sybille a disparu, personne ne sait où elle est. Beatrix quant à elle, se cache dans un hôpital de la ville. L’hôpital de la Grève, spécialisé dans le soin de la lèpre, qui se trouve de l’autre côté de la Garonne.
De là, le plan est simple : récupérer et mettre en sécurité les filles de Constance, avant de la secourir. Beatrix sera la première.

Le trajet jusqu’à l’hôpital nous demande quelques temps, étant de l’autre côté de la Garonne. Par chance, l’incendie ayant troublé toute la ville, le couvre feu n’existe plus en cet instant. Sur le pont traversant le fleuve, les maisons s’empile, puisque exemptées de taxes. C’est à se demander si le pont ne va pas se dérober sous nos pieds à cause du poids.

Quelques pas plus loin, une grande bâtisse en bois apparait dans la fumée entourant la ville. Pas très éclairée et pas très animée à l’extérieur, on devine sa fonction seulement aux lettres au-dessus de la porte. Un nouveau plan est rapidement mis en place. Sagal, de par ses grandes qualités de guérisseuse, part seule devant, disant vouloir aider aux soins avec l’incendie et les quelques possibles patients arrivant.
La personne à la porte crie si fort en ouvrant qu’on l’entend d’ici, avec Gaubert.

Une fois Sagal disparue dans la porte après quelques minutes de discussions, je repose sur Gaubert, bras par-dessus son cou. Je vais me faire passer pour un blessé, et lui pour mon sauveur qui m’a amené ici.

“C’EST POUR QUOI ?” demande une religieuse – une certaine Soeur Jasper – en ouvrant.

“Vite ! Il est blessé ! J’ai essayé mais il ne se réveille pas !“ répond Gaubert.

Une jeune femme, derrière la soeur, l’écarte de le l’encadrement de la porte.
“Mais poussez-vous ma soeur ! Il nous faut l’aider !“

Une fois à l’intérieur, la jeune religieuse indique un lit dans une petite pièce, où Gaubert m’allonge. A la vue de mon masque, elle demande si je ne suis pas lépreux et, après la réponse de Gaubert, soulève mon masque en se penchant sur moi, essayant de repérer des blessures sur mon visage dans cette chambre si sombre, éclairée avec la seule chandelle que la religieuse a apportée.

Après un moment d’observation, elle se demande à voix haute si je ne suis pas prêtre avant d’essayer de me réveiller. Face à ses échecs, elle retourne à Soeur Jasper, restée dans l’entrée et lui demande d’aller chercher Dame Beatrix. Entre-temps, Sagal rentre dans la pièce, libérée de Jasper qui gardait la porte. Quelques minutes après, elle était de retour, avec une jeune femme habillé normalement.

Cette femme s’approche de moi, recommençant les examens et pose une main sur mon masque pour l’enlever. D’un mouvement vif, j’attrape son poignet en la regardant fixement.

“Approche mon enfant” dis-je en chuchotant
“Vous dites ?”
“Êtes-vous bien Béatrix, fille de Dame Constance de Toulouse”
“C’est.. C’est bien moi, oui.”
“Votre mère nous envoie. Nous allons vous aider.”

A peine ai-je terminé ma phrase que quelqu’un tambourine violemment à la porte.

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D'une couronne et d'épines
Vda :: Récit 1.14, Septembre 1226

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Contribution de Breloque
⇝ Introduction :

Ce soir-là, les calices sont de grande qualité. Il se trouve que les invités aux festivités ont bu du bon vin et goûter les meilleures venaisons, à l’occasion du mariage du fils du propriétaire de la grande maison bourgeoise dans laquelle la coterie se trouve. Humains et damnés s’adonnent chacun à leur façon aux libations.

Mais le jeu politique est bien présent ce soir-là, et ce malgré l’apparence de fête qui règne dans la grande salle du banquet. L’élection du Prince de la Cité de Toulouse est pour très bientôt et les membres du Concile sont courtisés par les deux principaux candidats.

Stéfano reçoit la petite coterie de Béziers. Il est persuadé que des adeptes de la Curie Ecarlate se terrent encore en Occitanie, et il entends bien les pourchasser, jusqu’au dernier. Cela réveille de vieux souvenirs pour Sebastian et Adhémar. Le ventripotent Malkavian évoque la possibilité de la fondation d’un groupe, composé de nombreux mortels pour brûler de l’hérétique et être une force de frappe contre leurs ennemis communs. Adhémar lui propose que d’importants moyens soient consacrés pour la construction de la Basilique Saint-Sernin. Sebastian confirme que tous les membres restants de la Curie Ecarlate seront débusqués et traduits en justice. Les émissaires d’Esclarmonde parviennent à convaincre Stéfano, moyennant des moyens pour renforcer la foi chrétienne dans le sud de la France.

Sebastian et Adhémar ont une petite conversation amicale afin de se remémorer ce qui les lie et les a amené là où ils sont aujourd’hui.

Innocent partage l’information de l’existence de la nécropole sous Béziers avec ses congénères Nosferatu, ainsi que comment y accéder. Cela créée une grande effervescence parmi se pairs. Ce n’est pas évènement anodin.
Le lendemain soir, Dame Esclarmonde se rend jusqu’au Château Narbonnais, escorté par les trois damnés. Sur le pont qui mène à ce lieu iconique, ils sont victimes d’une nouvelle embuscade… tendue cette fois par Arnaud Fils de Willa en personne. Ce dernier hurle d’une voix tonitruante :

« A GENOUX ! » et ce sont des mots de pouvoir.

Esclarmonde cède à cette injonction, mais elle est interrompue dans son geste par Adhémar qui la prend dans les bras. Les pouvoir que la Toréador maintenait jusqu’ici se dissipe, laissant un goût amer dans la bouche de Sebastian.

Innocent disparaît dans les ombres. Sebastian fait appel au pouvoir du sang pour décupler sa force. Le Malkavian s’efforce de réveiller la Toréador… qui bondit et s’enfuit en direction du château Narbonnais sitôt ses sens recouvrés.

Le combat fait rage, les damnés use de toutes leurs disciplines pour défaire leurs adversaires.

Le Petit se transforme en une énorme bête poilue qui terrasse plusieurs adversaires. C’est la débandade chez les assaillants. C’est Innocent qui affronte Arnaud Fils de Willa et lui tient la dragée haute. La victoire est sienne. Il plante un morceau de bois dans le cœur du vampire pour le maintenir en torpeur. Ils emportent avec eux la Couronne de Mikaelys et le corps immobilisé du candidat malheureux.

Les damnés retrouvent Dame Esclarmonde dans le Château Narbonnais. Les retrouvailles tournent court car Sebastian a recouvré une certaine liberté affective et fait montre d’une grande froideur à l’égard de sa Reine.
Le corps d’Arnaud Fils de Willa est déposé dans un coin de la pièce.

Il est temps de faire face à l’assemblée du Concile. Tous les candidats sont réunis avec leurs plus proches alliés.
Un des suivants de Thémistocle attire grandement l’attention de l’assemblée avec son troisième œil sur le front. Un membre du clan des Salubriens. C’est bien la première fois pour les vampires de la coterie de Béziers qu’ils rencontrent pareil personnage.

L’heure n’est pas aux bavardages, et Lissandre de Béraut ouvre la séance. Il déclare quatre candidats : Dame Esclarmonde, Arnaud Fils de Willa, Thémistocle et… Sebastian.

Thémistocle intervient en disant qu’il n’en n’est rien et qu’il n’aspire pas à cette fonction. Sebastian demeure impassible face au regard interrogateur d’Esclarmonde. Ramonda la trouvère fait l’éloge des candidats, dressant un véritable panégyrique de chacun d’eux. Adhémar réprime un bâillement.

C’est au tour de Dame Esclarmonde la Noire de faire son discours, scellant devant tous son alliance avec Stefano.
Thémistocle prends la parole à son tour. Il propose qu’un Prince ne soit pas désigné, car Paris arrive avec une armée.

Sebastian s’offusque de ne pas avoir été consulté quant à sa candidature. Il se range à l’avis de Thémistocle pour qu’un Conseil soit nommé en lieu et place d’un Prince, à la manière des Capitoules nommés chez les mortels toulousains. Son verbe est haut et son discours touche l’assemblée.

C’est enfin l’heure du vote, qui ne présente aucun suspense quant à son issue.

Esclarmonde pose la couronne sur sa tête. Elle est rejoint par Stefano et sa suite.

Thémistocle et ses alliés se portent aux côtés de Sebastian, ainsi que Salim Al-Ahzan. C’est une petite victoire pour le Prince de Béziers.

C’est bien la Toréador qui devient le nouveau Prince de la ville de Toulouse, mais pas uniquement… Esclarmonde la Noire se déclare Reine. Elle reçoit félicitations ou conseils de la part des membres de la coterie.

Arnaud Fils de Willa est condamné à la mort véritable : il est abandonné à la lumière du jour dans un puits.

Quelques semaines plus tard, les armées du Roi de France s’arrêtent juste avant Toulouse grâce à l’intervention de Stefano.

Louis VIII décède sur le chemin du retour vers Paris d’une mystérieuse maladie.

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La Vengeance
Ars Magica :: Récit 3.8, Avril 1213

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Contribution de Kapryss

⇝ Introduction :


Récit de Sagal

Nous poursuivons le Mage Tres dans les profondeurs du monastère de Prouilhe. Dès la première salle, sous le regard de la statue de Zatkiel, la présence du Ver se fait sentir : nous sommes entrés dans le Rego Infernal. Approcher les Enfers est une sensation étrange… désagréable, même. Baruch et Gaubert avaient beau m’avoir raconté en partie ce qu’ils avaient vécu dans l’antre de Tremere, je n’y étais pas préparée. Je me sens d’un coup diminuée, comme si ici la magie était estompée…

Agus, toujours sous sa forme de Garou féroce, s’impatiente, nous demande de nouveau laquelle de la petite ou de la grande porte il doit franchir. Nous choisissons la plus grande, Gaubert prend le temps de murer la petite afin de ralentir une éventuelle fuite, puis nous nous engageons dans le couloir.

Au bout du couloir, nous débouchons sur une petite salle dans laquelle se trouve un homme. Terrorisé, il prend immédiatement la fuite dans le couloir d’en face, et alors qu’Agus va bondir pour le prendre en chasse, je l’en dissuade, car nos deux autres compagnons sont restés à l’arrière un moment pour soigner les blessures du Mage du Flambeau et je crains qu’à deux nous ne soyons pas de taille contre l’ennemi devant nous. C’est donc à quatre que nous reprenons notre progression et notre découverte des lieux. L’endroit est visiblement un cachot, dont les quelques cellules renferment les restes de victimes ayant perdu la vie depuis bien longtemps. Peu de mobilier, rien d’intéressant hormis une épée que Gaubert déniche rapidement, la fouille est rapide. Deux des cellules sont closes, et une autre abrite un charnier derrière lequel se cache le pauvre homme tétanisé, roulé en boule au sol en proie à de forts tremblements. A l’image du gibier que je chasse, il fait le mort pour protéger sa vie…

Mais nous ne chassons pas, là. Pas du vulgaire, en tout cas. Je tente de l’interroger, sans succès. Est-ce la vue du Garou qui l’a plongé dans cet état ? Ou bien d’être ainsi interrogé par une femme nue ? Les gens sont décidément d’une pudeur, pfff…
Toujours est-il que Baruch parvient à le calmer à l’aide de sa magie mentale, pour qu’il réponde à nos questions. Il se prénomme Emiliano, et est chargé de surveiller les geôles. Il explique qu’il se passe ici des choses qui dépassent son entendement, et il dit avoir peur d’une des cellules qui d’après lui renferme « un homme qui n’est pas vraiment mort ». Enfin, il informe être ici sur les ordres d’un certain Éon de l’Étoile. A la mention de ce nom, je frémis de colère… mon instinct me dicte que c’est lui qui a tué Farah. Nous laissons le vulgaire vivre et fuir, contre la promesse de ne pas donner l’alerte – il file sans demander son reste.

Gaubert parvient à ouvrir l’une des deux cellules fermées, qui renferme un cadavre bien plus frais, mort il y a quelques jours tout au plus. Il s’agit d’un de ses amis, un certain Christole, et celui-ci a visiblement subi une torture lente et inhumaine, d’un impressionnant sadisme. Gaubert, évidemment sous le choc, s’éloigne rapidement. J’imagine bien qu’après toutes les pertes qu’il a subi récemment parmi ses proches, celle-ci est un nouveau coup dur… Alors que je ressors de la cellule, je laisse Baruch derrière moi, et je l’entends qui incante une magie à la limite de la nécromancie, afin d’interroger le cadavre du malheureux. Ha ! Et dire qu’on trouve les Bjornaer primitifs, au moins on a la décence de laisser les morts en paix, nous ! Il parvient tout de même à apprendre que c’est le Mage Tres qui est à l’origine de la torture mortelle. L’esprit de Christole implore Baruch :

« Dis à Gaubert de protéger ma bien-aimée… »

Un cri rauque de douleur de Gaubert nous fige, et c’est en alerte que nous accourons à ses côtés. Il a fait fondre la porte à barreaux de la dernière cellule, et est aux prises avec un mort-vivant décharné, enchaîné au sol. Son bras, qui arbore désormais une vilaine morsure, ruisselle abondamment de sang. Par un réflexe de survie il parvient à invoquer des flammes mortelles, réduisant le mort-vivant en un tas de cendres.

Chancelant, Gaubert se redresse et refuse mes injonctions à se tenir tranquille et attendre que je le soigne. Une véritable tête de mule, typique d’un Mage du feu. J’hésite à l’assommer pour qu’il se calme, mais ça n’est finalement pas nécessaire : il trébuche, pris de vertiges qui le contraignent à s’asseoir.

Alors que je parviens à réduire le saignement de sa blessure et à bander l’ensemble – c’est loin d’être parfait, mais je n’ai plus rien sur moi qui puisse l’aider dans l’immédiat – Baruch tente de plaisanter pour détendre l’atmosphère. Il informe aussi Gaubert des dernières paroles de son ami, ce qui a pour effet de faire jaillir des larmes de ses yeux. Et une larme de sang de son troisième œil.
Les blessures physiques, je sais y faire, mais face aux blessures de l’esprit, je suis impuissante. Alors je rejoins Agus et reste à ses côtés sous forme de Chacal, je laisse Baruch faire. Je l’entends et le vois exhorter le Mage du Flambeau, lui rendre son épée avec un sourire encourageant.

« Allez viens. Ta vengeance t’attend. »

Notre vengeance, Baruch. Moi aussi, j’ai perdu un être cher ici.

Mais pour l’instant, peu importe les mots, il nous faut agir. Gaubert partiellement remis sur pied prend la tête du groupe et nous retournons à la première salle. Agus s’emploie à détruire le mur dressé auparavant afin que l’on passe la petite porte. De nouveau s’étend devant nous un long couloir, qui débouche sur un spectacle ignoble : le Mage Tres est là, au centre d’un cercle de rituel rouge tracé sur les pierres du sol, sa tunique est imbibée d’un sang qui n’est pas le sien et dont une grande bassine gît quelques mètres devant lui. Il a les yeux clos, concentré sur un puissant sort de barrière de Vim – Baruch est formel quand à sa nature. La salle est grande, on peut y voir une gargouille, un trône, quelques étagères avec des livres, il s’agit d’un Sanctum peut-être. Mais le plus notable, c’est le grand trou dans le sol, la Béance, tout au fond de la pièce, qui semble absorber toute lumière autour d’elle. Il en remonte des cris, des râles d’agonie, des hurlements de souffrance. Aucun doute : s’il existe une porte vers les Enfers, nous l’avons trouvée.

Mais trêve d’inaction. Agus se jette sans hésiter sur le Mage, assénant sa grande épée sur la barrière. L’impensable se produit : la lame rebondit, et nous apercevons une fraction de seconde des mains spectrales à la surface de la sphère protectrice, qui tentent de happer le loup.
La force physique ne saurait traverser la barrière, je m’emploie donc à reprendre forme humaine. Il veut du Vim, il va en trouver. Simultanément, alors que je concentre mon Vim dans mes mains pour percer la barrière, Gaubert disperse les pigments du cercle ritualiste au sol en volutes de gaz rouge, pensant affaiblir également la protection du Mage.

Mais rien n’y fait. Non seulement la sphère de Vim tient bon et absorbe mon sort, mais en plus j’échappe de peu à l’emprise des mains spectrales, alors que des rires lointains, moqueurs, résonnent autour de nous. C’est une catastrophe. Je sais mon Vim puissant, mais la proximité des Enfers l’estompe tellement que je suis impuissante. Baruch tente une autre stratégie, celle de contrôler momentanément le corps de Tres afin de briser sa concentration, mais il échoue aussi.

Gaubert se met en rage. L’air autour de nous s’échauffe, et alors qu’il nous hurle de sortir, nous courons nous mettre à l’abri afin d’échapper à sa fournaise. La grande pièce devient un véritable four, dont la chaleur se fait ressentir jusque dans les couloirs dans lesquels nous nous sommes réfugiés. Puis tout redevient calme. Avec précautions, j’entre à nouveau dans la grande pièce et découvre le Mage aux prises avec Gaubert, sa barrière magique détruite. C’est le moment ou jamais. Le combat fait rage, Baruch se joignant à Gaubert face à Tres dont la force physique est impressionnante. Mais alors que j’allais leur prêter main forte, un hurlement de douleur me parvient depuis un couloir que je n’avais pas encore remarqué. Agus.

Mon cœur s’emballe, et mue par l’instinct, je cours à sa rencontre, laissant mes deux comparses aux prises avec Tres. Je trouve mon compagnon blessé, terrifié, en fuite devant un danger que je ne vois pas. Je le suis pour couvrir sa fuite, vers la grande salle. Il détale vers les escaliers menant à la surface.

Dans le même temps, Tres échappe aux deux Mages, en plongeant dans la Béance des Enfers…

Je n’ai pas le temps de les avertir du nouveau danger qui a fait fuir Agus, car il est déjà là. Il s’agit d’un homme majestueux, un seigneur qui entre dans la pièce entouré d’une aura d’ombre et de majesté. Le voici donc… le fameux Éon de l’Étoile. Tous trois à cran, nous n’hésitons pas une seconde et déferlons nos sorts sur lui : le feu mortel de Gaubert, un grand jet de pierres pour ma part, et un sort de bannissement de la part de Baruch, qui a facilement identifié l’homme comme étant un Damné. Il recule visiblement effrayé et se retranche dans le couloir, nous offrant un sursis que Gaubert met à profit pour murer l’entrée de la Béance afin de se préserver du retour de Tres.

C’est animés de rage que nous nous lançons à la poursuite de l’ennemi, courant dans le couloir, puis dans la pièce ou le Damné a trouvé refuge. J’entre première et mes yeux croisent son regard, un regard charmant. Je ressens instantanément son ordre mental.

« Ne bouge pas. »

Je ne suis pas née de la dernière pluie, et si les années m’ont offert quelques rides, elles ont aussi renforcé ma Parma Magica. Ainsi, sa tentative futile ne m’atteint pas. Je riposte en lançant à sa face une bourrasque de vent qui aurait pu déraciner un arbre.
Je m’écarte pour laisser mes compagnons faire leur œuvre sur l’ennemi sonné : Baruch immobilise son corps, offrant à Gaubert le loisir de l’incinérer jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un petit tas de cendres et quelques morceaux d’os calcinés, que Baruch récupère afin de les étudier.

Ainsi s’éteint définitivement Éon de l’Étoile.

C’est fait, mon amie, ma sœur de Sept. Te voilà vengée à présent.

La suite est assez floue dans ma mémoire, l’adrénaline retombant peu à peu. La fouille du lieu ne donne pas grand-chose, tout juste quelques manuscrits et une peinture, un portrait d’une jeune femme blonde qui d’après Gaubert ressemble à une Mage Jerbiton du nom de Constance de Toulouse.
Inquiète pour Agus, je le retrouve avec soulagement dehors, sous sa forme humaine, et me jette dans ses bras. Il lui faudra du temps sans doute pour estimer son honneur lavé de la lâcheté de sa fuite, de la honte de sa défaite.

Le couvert de la forêt nous offre à présent la sécurité nécessaire à prendre du repos. Je chuchote au vent un message pour Kashem. « C’est fait. » Sa réponse me parvient presque immédiatement : « Les ténèbres s’avancent, le futur est bien sombre. Il nous faudra trouver des alliés, déjà je m’y attelle. Fais de même, Sagal. »


Quelques mois passèrent en Occitanie…

La mort d’Éon de l’Étoile, qui tenait l’arrière garde de la Croisade, et l’attaque de Fanjeaux par le groupe de Mages, forcèrent Simon de Montfort à séparer son armée en deux. Montségur était si bien protégée et Simon de Montfort si affaibli qu’il ne parvint pas à prendre le bastion Cathare. L’année suivante, son frère tenta également de prendre le bastion, sans succès. La ferveur des Cathares était immense : ils avaient chassé le Diable en personne !

Du côté des Mages, la victoire sur les créatures du Ver permit de sceller une solide alliance. En effet, les Garous offrirent à Gaubert, Baruch et Sagal une amulette chacun, l’amulette du Sauvage, marquant une alliance à vie avec les Garous d’où qu’ils soient pour peu qu’ils soient du côté du Sauvage. Le titre de Destructeurs du Ver leur fut même octroyé.

Dans les années qui suivirent, grâce au témoignage des trois Mages, le tribunal provençal d’Arles jugea un mage dénommé Tres, pour ses actes infâmes et son infernalisme. Il comparut libre, et à l’issue de ce jugement, ressortit libre ayant réussi à prouver qu’il pourchassait des mages renégats, hérétiques, lancés à la recherche d’un certain Signe Rouge. Il reconnut la destruction de l’Alliance de la Crête des Brumes, expliquant qu’il avait mis fin à une coalition de Mages Rouges qui visaient à faire déferler les Enfers sur terre grâce à l’intermédiaire d’un manuscrit expliquant comment invoquer et faire posséder un corps humain, vivant ou mort, par une entité suprême des Enfers…

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La Quête
Ars Magica :: Introduction (Récit 3.8), avril 1213

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Fanjeaux, avril 1213

Les ténèbres reculaient, les ombres s’allongeaient à mesure que l’aurore approchait. Comme si le soleil chassait les vices et les fautes de cette terre baignée de sang. Mais ses rayons n’étaient pas encore là, et Éon de l’Etoile profitait de ces quelques instants avant l’aube pour regarder le ciel éclairci, la cime des arbres d’Occitanie, les clochers des villages voisins.

Le Damné vivait reclus depuis tant d’années qu’il en avait perdu le compte. Sa seule bouffée d’air frais, il la respirait lorsque ses congénères étaient couchés, lorsque les mortels n’étaient pas encore levés. Damné, c’était vraiment le terme qui lui collait à la peau depuis qu’il avait assisté au brasier de Béziers. “ Tuez-les tous, et Dieu reconnaîtra les siens “ avait lancé le légat du Pape à ses côtés lorsque la quatrième croisade avait débarqué en terres occitanes. Éon ne savait pas si Dieu avait reconnu les siens parmi la demi-douzaine de milliers de morts cathares et chrétiens de la ville en flamme, mais il savait que cette nuit-là, un prêtre de sang, corrompu par les Ténèbres, l’avait maudit à jamais depuis son bûcher.

Éon avait cherché la vérité, tout d’abord. Il avait cherché qui était Monseigneur Alvaro, de quels pouvoirs ce dernier disposait réellement. Ayant compris que la nuit et les ombres obéissaient à cette secte de sang que dirigeait Alvaro, le chevalier s’était alors mis en quête d’une solution, d’une relique. Il avait engagé un mage errant du nom de Tres, il avait recruté des guerriers endurcis parmi les vétérans de la croisade, ils avaient même débusqué des monstres des âges reculés dans les grottes des Pyrénées, et ils avaient battu la campagne à la recherche de toutes les reliques qui auraient pu éteindre la malédiction lancée par le vieux Lasombra. Tres et Éon s’étaient même attaqués à une fondation de mages pour leur dérober quelque manuscrit mythique provenant de Terre Sainte, mais en vain, un voleur s’était enfui avec quelques nuits avant l’arrivée de ses troupes.

Le Damné ne lâcherait rien. S’il devait passer par l’acier ou les crocs la campagne occitane, il le ferait. Il avait déjà sacrifié beaucoup pour cette quête, à commencer par sa foi qui s’était étiolée au contact de Simon de Montfort, un autre Damné qui semblait être l’envoyé du Diable en personne. Éon de l’Etoile refusait de laisser sa destinée entre les mains d’un hérétique de la Curie Ecarlate mort depuis longtemps, peu importe tout le sang que l’Occitanie aurait dû verser.

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Jusqu'à la Lie
Vda :: Récit 1.13, Septembre 1226

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Contribution de Breloque
⇝ Introduction :

Le Nosferatu guide le Brujah et le Malkavian dans les tréfonds de Toulouse, sous le Château Narbonais. C’est dans la nécropole que se trouverait la fameuse relique, la couronne du précédent Prince de la ville. Un symbole de pouvoir qui pourrait faciliter l’accession au trône d’Esclarmonde.

Le groupe arrive dans un vaste caveau, orné d’un bas-relief au sol : un dragon majestueux qui prend son envol. Sous une dalle secrète dans cette pièce, un tunnel débouche sur les égouts. Au bout d’un couloir, Innocent soulève une grille et s’enfonce dans les ténèbres.

La coterie progresse dans le boyau à la lumière d’une torche, le long d’un ruisseau d’immondices nauséabonds. Un bas-relief sur un mur dépeint de nouveau un dragon : les vampires repèrent que l’œil du dragon, une fois pressé, déclenche un mécanisme qui ouvre une porte. Les secrets se cachent dans les secrets.

Une fort odeur de rouille, d’humidité et de putréfaction assaille les vampires qui progressent dans un endroit plus ancien que les catacombes. Ici des cercueils, là des ossements qui gisent abandonnés depuis fort longtemps. Des détritus jonchent le sol, amas informes et objets en décomposition.

Un autel avec des restes indescriptibles laissent imaginer que de sombres rituels se sont déroulés en ces lieux.
Un des cercueils est scellé d’une lourde chaîne. Un sarcophage de pierre, avec le gisant d’un chevalier en armure datant peut-être des premières croisades. De vieux ossements reposent à l’intérieur. Mais toujours pas de couronne à l’horizon.

Sebastian découvre un tas de babioles dans un vieux coffre vermoulu. Peut-être un trésor ramené des croisades ?

Une grande statue d’un roi barbu décore une alcôve. Elle possède un singulier couvre-chef : la couronne.

Les vampires n’ont guère le temps de savourer leur découverte. Une créature les prends à revers. Une salamandre géante, bien décidée à dévorer les intrus. Innocent et Sebastian lui font face pour la combattre, pendant qu’Adhémar négocie avec la statue afin de récupérer le précieux couvre-chef.

Le monstre ressemble aux basilic des contes et légendes. Son regard pétrifie le Nosferatu. Sebastian parvient à l’immobiliser grâce à sa puissante discipline. Mais c’était sans compter sans la peur panique d’Adhémar qui lui lance des pierres et des morceaux de cercueil à la face, la réveillant par mégarde. La créature en profite pour mordre le bras du Brujah. Le Malkavian tente de libérer son ami, en tentant de taper sur la tête de la créature avec le morceau de couvercle d’un cercueil.

Le monstre fini par reculer sous l’influence du pouvoir de charme de Sebastian.

Mais ce dernier commence à succomber à nouveau à la frénésie, ayant du puiser trop profondément dans ses réserves de sang pour soigner ses blessures.

Innocent et Adhémar prennent la poudre d’escampette et tombent nez-à-nez avec Jehanne, accompagnés de deux hommes d’armes. Le Nosferatu crie « La Bête ! La Bête ! » ce qui convainc la Toréador et ses hommes de reculer dans le cloaque.

Adhémar résume en quelques mots la situation à la nouvelle venue, qui est nimbée d’une aura de noblesse. Elle offre un de ses serviteurs en pâture à un Sebastian en pleine frénésie qui le dévore jusqu’à la dernière goutte.
S’ensuit une conversation polie dans un boyau putride sous la ville. L’homme qui suit Dame Jehanne et se présente comme Hugues de Camargue, son défenseur. Elle précise qu’elle a des accords avec le clan d’Innocent.
Une fois qu’il a recouvré ses esprits, Sebastian est fatigué des palabres et des mauvaises rencontres. Il use de son pouvoir temporel pour les ralentir… puis il bondit pour attaquer Jehanne.

Adhémar pousse des « oh » et des « ah ». Innocent se précipite sur son garde du corps et le tue rapidement.
Sebastian est particulièrement redoutable et parvient à neutraliser Jehanne en la vidant de son sang. Mais il n’en reste pas là. Dans l’euphorie du moment, il décide de satisfaire sa Bête. Il aspire jusqu’à la dernière goutte de vitae de la matriarche Toréador… et dévore son âme. La damnée tombe en poussière.

Les deux cadavres sont jetés dans le puits au Basilic pour laisser le moins de traces possible des sombres évènements qui se sont déroulés ici.

Les vampires regagnent leur refuge après cette nuit éprouvante.

Le jour passe sans encombre, un repos bien mérité.

Au début de la nuit nouvelle, les vampires vont chasser afin d’être bien gaillards pour la petite sauterie organisée par Stefano.

Adhémar confie la couronne à Sebastian, voulant se débarrasser de ce fardeau en lui disant :

« Quand je vois cette couronne mon ami, je crois que nous buvons le flacon jusqu’à la lie. »

La coterie se hâte de rejoindre Dame Esclarmonde qui tient sa cour au Château Narbonnais. Sebastian avance jusqu’à elle pour requérir une audience privée. Il lui offre la couronne en gage de sa dévotion. Et il lui apprend que problème que représentait Jehanne n’est désormais plus qu’un lointain souvenir.

Dame Esclarmonde est pleine de gratitude. Elle lui fait un don précieux… en tranchant sa veine et en lui permettant de boire à son poignet. La laisse est bien serrée désormais.

La couronne était celle de son Sire, Mikaelis, qui lui a transmis ses valeurs. Elle pose la relique sur sa tête. De retour dans le hall, les damnés présents sont stupéfaits de voir Esclarmonde avec sa nouvelle coiffe.

Les vampires escortent leur Reine jusqu’à la fête de Stefano. Elle ne compte pas y rester bien longtemps, seulement pour honorer l’invitation. Charge à ses plus fidèles alliés de négocier son adhésion pour le vote à venir.

C’est un fastueux banquet qui se tient à l’adresse convenue, pour les noces du fils d’un riche marchand anonyme. Tous les membres du Conseil sont présents, ainsi que tous les damnés d’importance… sauf Thémistocle.
Parmi les goules de Stéfano, Adhémar reconnaît sa descendance, un certain Baptiste de Pierrefendre, réveillant des vieilles blessures.

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Embuscade !
Vda :: Récit 1.12, Septembre 1226

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Contribution de Breloque
⇝ Introduction :

La rencontre avec Thémistocle se solde d’une manière plutôt frustrante, le vieux vampire refusant d’entendre les arguments de Sebastian.

Innocent guide de nouveau les vampires dans la nuit toulousaine en direction du lieu de villégiature de Stéfano di Roma, non loin de la basilique de la cité. Il est le dernier membre du Conseil des Anciens à convaincre.

Au détour d’une ruelle, la coterie est pris en embuscade par une bande marauds. Usant de leurs pouvoir les vampires se défendent face à leurs assaillants non sans difficulté. Sebastian use de ses pouvoirs de manipulation du temps pour ralentir quelques malandrins. Puis il charme un autre pour qu’il se retourne contre ses anciens amis. Innocent se jette dans la bataille et répands la mort avec ses griffes et son épée.

Les tristes ladres sont nombreux et aguerris. Ils usent d’un vil stratagème : de la poix brûlante jetée depuis le toit a ébouillante Sebastian et Estelle. Sebastian est pris d’une dangereuse frénésie. Estelle est guidée par Adhémar jusqu’à un puits pour apaiser un temps ses souffrances.

Une des fripouilles est questionnée par le Nosferatu : un maure les a payé pour participer à ce guet-apens. Il est né à Toulouse et s’appelait Roger le Vif. C’était un mercenaire réputé astucieux.

Il faut quelques dizaines de minutes au groupe pour se réunir. Un nouveau membre en fait partie : Santiago faisait partie des mercenaires avant d’être charmé par le Brujah. Selon lui, Roger avait l’habitude de travailler avec un homme dont la description corresponds à celle d’Arnaud Fils de Willa.

Les vampires reprennent leur route jusqu’à la basilique Saint-Sernin. Adhémar, fidèle à ses habitudes, se présente aux nombreuses statues qui orne le lieu, notamment celle de Saint-Saturnin.

Stefano est habillé d’une robe monacale et accueille Sebastian comme une brebis de l’Eglise. Le Malkavian est moins arrogant et omnipotent que la dernière fois qu’il l’a croisé. Leur conversation est polie et mesurée. Le représentant de Rome n’est pas facile à convaincre car Esclarmonde incarne fort peu les objectifs de sa faction.

Il invite la cour toulousaine en grande pompe le lendemain soir. Dame Esclarmonde est invité, et il sera là l’occasion pour elle de conclure une alliance avec lui.

Charge à Sebastian de transmettre cette invitation à sa Reine. Il rédige un peu plus tard une missive, qu’il confie au Petit. Celle-ci résume en quelques mots l’invitation du Malkavian à l’attention de sa maîtresse.
Adhémar donne un peu de son sang à Estelle pour la revigorer.

Innocent propose au groupe une dernière visite avant l’aube. Il pense savoir où se trouverait la couronne du Prince de la ville, une relique que les Nosferatu cherchent depuis bien longtemps. Selon lui, les siens auraient retrouvé sa trace dans la nécropole du Château Narbonais.

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