Campaign of the Month: December 2021

Le Sang versé d'Occitanie

La Rencontre
Ars Magica :: Récit 2.1, Printemps 1204

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Contribution de Yakurou

⇝ Introduction :

Ses mains transies par le froid, serrées sur son bâton de marche, le voyageur avançait, le regard dans le vague.
A mi-chemin entre la peur et la joie.
Entre la colère et le doute.

Ses vêtements hauts en couleurs étaient bien ternes sous la lueur de la lune, alors qu’il fuyait ce qui avait été son foyer durant de nombreuses années.
Un foyer qui avait changé.
Un foyer qui brûlait.

Au loin, la douce lueur des flammes pouvait être remarquée par un observateur averti, et l’étrange animation qui remplissait la maisonnée des croix d’or en plein milieu de la nuit faisait comprendre qu’un événement inhabituel avait eu lieu.

L’incendie avait rapidement été maîtrisé, ne brûlant que quelques bâtiments, et les malheureux vulgaires qui vivaient dedans.

Mais c’est l’intention qui compte, non?


Après de longues journées, le décor avait changé. Fini les montagnes et les cols escarpés, bonjour plaines et forêts verdoyantes.
C’est dans l’une d’elles que le voyageur avait posé son bivouac, moment de repos qui fragmentait alors ce qui ressemblait maintenant plus à une errance qu’à une marche. Quelques branches ramassées, un feu de camp vite monté, dans une clairière où les rayons du soleil venaient illuminer la pitance de l’errant : trois navets et une pomme de terre.
Son cœur devint rouge. Aussi rouge que ses cheveux. La colère revint. Il n’avait jamais roulé sur l’or, mais le souvenir de ses voyages, des qualités de cuisinier de son maître lui revenait en mémoire.

Ce maître qu’il avait voulu protéger.
Ce maître qui l’avait abandonné.

Les yeux fixés dans le brasier grandissant, Gaubert se perdit dans ses pensées. La chaleur montait dans la clairière. L’herbes et les branches autour de lui commençaient à roussir.

Et puis, il ne fallut pas longtemps avant que de l’eau soit projetée, autant sur le foyer que sur le visage du jeune mage.

“Il ne faut pas brûler la forêt !”

Une toute jeune femme aux longues boucles brunes se tenait devant l’errant, les bras croisés, les sourcils froncés. Le mage mit de nombreuses secondes à comprendre qu’elle était la source de sa douche improvisée. Une bouffée de colère l’envahit, mais il était affamé, fatigué par sa trop longue fuite. Il y a des combats qui ne valaient pas la peine d’être menés.
Sans un mot, il se leva, pris ses maigres affaires, et repartit.
La jeune femme le regarda faire, perplexe.

Alors qu’il s’était éloigné, elle demanda :

“Qu’est ce que tu en penses, Nïm ?”

Un frisson, aussi léger qu’une brise, lui répondit dans le creux de sa nuque.

“Je suis bien d’accord avec toi.”

Astrid se tourna vers sa forêt, et après avoir salué les arbres présents, courut rejoindre l’homme.


Jeanne se réveilla en sursaut, se redressa sur sa couche.
Il lui fallut quelques secondes pour se remémorer où elle était, dévisageant les maigres décorations de sa chambre.

Ses visions étaient de plus en plus fréquentes. Et toujours sur les même sujet : ces deux mages, qui lui étaient pourtant si différents. Si futiles face à ses recherches, à son énigme. Elle se leva, enfila quelques couches de vêtements supplémentaires, et sortit dehors pour rejoindre le puits d’où elle tira de l’eau qu’elle but à petites gorgées.

Pourquoi ? Pourquoi ces deux mages revenaient-ils sans cesse dans son esprit ? Il fallait qu’elle sache, qu’elle comprenne. Une énigme en cachant une autre… Était-ce un message ? Une destinée ? Un signe d’un de ces dieux en qui les autres croient ?

Une énigme à résoudre. Mais pas dans sa demeure. La réponse était ailleurs.

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L'Affrontement
V20 :: Récit 1.14, Mai 2020

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Contribution de Yakurou
⇝ Introduction : La Diversion b_diversion.png

Victorien. Le conseiller Tremere de Toulouse.

Rutor était ainsi sous les yeux de la coterie depuis leur premier pas dans la Ville Rose. Caché sous le feu des projecteurs, sur le devant de la scène.

Le maître des lieux s’avance, et ordonne à Dominic, le seul dans son champ de vision, de ne pas bouger. Demande bien futile, le cerveau de celui-ci semble s’être bloqué. Il n’arrive pas à comprendre. Comment est-ce possible? Comment ce Damné, qui ne s’intéressait pas à la cour vampirique, qui semblait en dehors de toute intrigue… en dehors même du monde Caïnite… Comment pouvait-il être Rutor?

Heureusement pour les Infants Perdus, les deux autres membres sont plus réactifs. Alors qu’Elena ordonne à la gargouille de défoncer la porte menant à la Garonne, Alex essaye de capter le regard de Rutor pour l’immobiliser. Victorien n’en a cure, et réalise qu’il n’a pas à faire qu’à un pauvre Tremere esseulé portant un cadavre vieux de plusieurs siècles.
Il ordonne alors à Dominic d’aller s’enfermer dans les Geôles, le temps de pouvoir s’occuper des autres membres de la coterie.
Alex n’a pas dit son dernier mot. Fort du pouvoir Brujah obtenu en s’étant abreuvé du sang du Philosophe, il revient quelques secondes en arrière, et sort complètement de sa cachette, se plantant devant son ennemi. Cette fois, ne pouvant l’ignorer, Rutor lève les yeux vers le Gangrel. Grossière erreur.
Comme absorbé par les yeux de serpent d’Alex, Rutor est immobilisé, incapable de faire le moindre geste.

Alors qu’Elena continue d’essayer d’ouvrir une issue, un chemin vers la préservation de leur non-vie, que Dominic reprend ses esprits, sortant son arme, et qu’Alex garde son regard fixé sur Rutor, du bruit se fait entendre. Une personne armée entre en scène. Un autre camp se joint à l’affrontement.
Dominic et Elena se retournent vers ces potentiels ennemis, et le Tremere pointe son pistolet un peu à l’aveuglette. Il ne fallut que quelques instants avant qu’une rafale de tirs ne vienne perturber le semblant de silence qui régnait jusque-là, venant faucher Dominic.
Le Tremere est en sang, écroulé au sol, quand la gargouille parvient enfin à arracher la grille qui bloquait la sortie. Elena lui ordonne de venir protéger son compagnon, alors qu’elle part s’assurer qu’il n’y ait pas d’autres obstacles à leur fuite.

Alex, de son côté, ne parvient pas à réfréner ses réflexes : un simple coup d’œil vers la source des coups de feu brise l’emprise qu’il avait sur l’ennemi, laissant à Rutor la possibilité d’agir. Celui-ci fait voler une de ses statues inanimées vers les nouveaux arrivants, écrasant le premier des assaillants. Le premier… car d’autres arrivent, et font feu, tandis qu’Alex saute sur Rutor, afin de le frapper de ses griffes.
Le combat fait rage. Les nouveaux arrivants semblent équipés du dernier cri en matière de technologie, et l’un d’eux ressemble à s’y méprendre à Mathieu Mouclier.

Comprenant que c’est là l’occasion de s’enfuir, Alex et Elena tirent Dominic et la momie jusqu’à la rivière, laissant un Rutor en train de se transformer en créature hideuse affronter les fous aux armes à feu.

Une fois dans l’eau, la coterie essaye tant bien que mal de rester groupée, mais c’est sans Elena que Dominic et Alex parviennent à rejoindre la berge. La Ventrue a disparu, sans doute entraînée par le fort courant.

En manque de sang, le Tremere ne pense qu’à une chose : trouver à manger. Il se dirige vers un bâtiment fort bruyant, laissant Alex – en pleine discussion avec un poisson pour chercher à savoir où est Elena – garder la momie. Dominic ne parvient pas à se nourrir sans briser la Mascarade. Réussissant à se contrôler, il revient vers Alex, mais toujours autant affamé.
Le Gangrel hurle alors à la lune, appelant à lui un chien errant, sur lequel Dominic se nourrit, vidant ainsi le pauvre animal de son fluide vital. Après une remontrance, il leur faut repartir, afin de trouver Elena. Dominic retourne vers la boîte de nuit, et parvient à convaincre un homme de l’emmener jusqu’à un distributeur, où il retire assez d’argent pour acheter la voiture de son pilote d’un soir. Retournant voir Alex, ils prennent tous deux la route du Sud, qui longe la Garonne, afin de retrouver Elena. Ils profitent du trajet pour rentrer en contact avec Paris, leur transmettant toutes les informations qu’ils ont en leur possession.

Parvenue à l’orée de la ville, une force semble les repousser, provoquant un malaise chez eux. Il faut se rendre à l’évidence, Elena n’est pas ici. Peut-être a-t-elle réussi à rejoindre leur refuge ? C’est avec cet espoir que les deux Damnés retournent chez eux, mais pas au bain de saint Aubin. C’est a la discothèque qu’ils auront moins de chance de se faire repérer.

Ils tentent tant bien que mal de faire entrer discrètement le Damné momifié sans se faire repérer des membres du personnel qui s’affairent ce soir. Dominic prétexte un message important, et une prime offerte afin d’attirer l’attention, pendant qu’Alex fait rentrer le corps. C’est avec bonheur qu’il tombe sur Elena, visiblement séchée et changée, qui l’aide à emmener son lourd paquet jusqu’aux sous-sols.

Ainsi réunie, la coterie n’a pas le temps de souffler. Il leur faut au plus vite prévenir qui de droit, et prendre des décisions qui s’imposent. Au sujet du Philosophe, mais aussi au sujet de ce Damné en état de torpeur, dont le pieu dans le cœur a disparu sans doute au cours de la baignade improvisée. Par sécurité, Alex fabrique un nouveau pieu, qu’il souhaite planter dans le cœur de leur invité de fortune. C’est alors qu’il entend sa voix dans sa tête.

La momie serait un Assamite, du nom de Mahadi. Un Damné assassin, qui a une grande rancune contre Rutor. Il promet monts et merveilles à Alex, mais celui-ci, suivant le conseil d’Elena, ne se laisse pas berner. Il replace le nouveau pieu dans le cœur de Mahadi, attendant d’avoir plus d’informations à son sujet avant d’accepter un dialogue.

La coterie fait profil bas pendant quelques jours, mais ne peut se permettre de ne pas sortir. Si Victorien masque la vérité depuis si longtemps à la cour de Toulouse, il ne lui faudra pas longtemps pour persuader tous les Damnés toulousains que les Infants Perdus sont une source de problèmes. Ils jouent donc la comédie, se rendant à l’Elysium, et parviennent, à l’aide d’Hervé Moncelet, à rencontrer le Duc Arzailler en privé.
Celui-ci semble au début réticent à l’idée que la moitié de sa cour se soit liguée contre lui en cachette sans qu’il n’en sache rien, mais semble progressivement croire aux paroles des Infants Perdus.

Victorien est présent lui aussi à l’Elysium ce soir-là. Sous des airs de discussion amicale, la tension et le mensonge règnent à la cour de Toulouse. La violence et le sang sous le velours rouge.

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La Diversion
V20 :: Introduction (Récit 1.14), avril 2020

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L’Hôpital de la Grave était une institution aussi vieille de Toulouse elle-même. Elle avait accueillie de grandes populations malades pendant la peste au Moyen Âge, puis avait servi d’asile d’aliénés, de mendiants et de prostituées dès 1647. Construit sur les ordres de Raimond VI en 1197 sur les conseils de sa fille Constance, l’Hôpital tenait bon presque un millénaire plus tard. Il avait semblé logique, et particulièrement vicieux, à Rutor d’y dissimuler celle qui était à la fois mendiante, prostituée et aliénée : Dame Elyssa, reine Malkavien des invisibles, des miséreux. Elle qui avait vu naître ce lieu étant enfant, elle y trouverait son tombeau immortel. Un lieu paisible, facile à surveiller depuis l’autre rive de la Garonne où Rutor tenait son antre, à deux pas de l’université.

Mais cette paix à laquelle l’Hôpital de la Grave était habituée fut troublée cette nuit là. Lorsqu’un homme, mi animal, mi damné, surgit dans la nuit pour dévorer un mortel, puis un autre, laissant ce bétail agonisant à l’entrée de l’Hôpital, couvert de sang. Et lorsque l’incendie se déclara dans l’aile abandonnée de la Grave, dans cette partie jamais rénovée où nul n’osait entrer. Et lorsque des tirs d’armes automatiques résonnèrent contre le parvis, blessant quelques pauvres infirmières au moment de leur pause cigarettes après une garde particulièrement éprouvante à la maternité de l’Hôpital.

S’éloignant rapidement de ce joyeux bordel, Gassan eut une pensée sordide pour les deux femmes mourantes que ses balles avaient fauchées. " Pourtant, ils vous le disent bien sur les paquets, connasses. Fumer tue. "

Dans son dos, une ombre survolait l’incendie. Ses grandes ailes déployées, elle était pourtant invisible dans la nuit. Elle repéra sa cible et fondit sur lui en piqué. Il n’avait aucune chance de lui échapper.

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Le Suicide
V20 :: Récit 1.13, Mai 2020

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Contribution de Kapryss
⇝ Introduction : La Ruelle b_ruelle.png

Je t’arrête un instant, toi qui lit ces lignes.
Peut-être étais-tu venu ici en quête d’une belle histoire. Peut-être voulais-tu lire les aventures de héros courageux, évidemment victorieux, acteurs d’une fin heureuse.
Si c’est le cas, arrête ta lecture, il est encore temps.

02 Mai 2020

Il est 21h à peine à l’esquisse de mon récit. Les Infants Perdus, chacun de leur côté, reviennent d’avoir glané autant d’information que possible auprès de leurs contacts respectifs.
Alex fait un détour par l’hôpital de la Grave : il lui apparaît clairement qu’il faut mettre Dame Elyssa à l’écart, afin de la sortir au plus vite de l’équation de Rutor. Sans peine, il parvient à s’infiltrer jusqu’aux niveaux inférieurs, jusqu’à la cave miteuse qui sert de maison aux Orphelins. Ils sont présents en nombre comme la dernière fois, autour des vieilles tables en formica. Reconnaissant l’un d’eux, Alex lui confie un enregistrement audio à destination d’Elyssa, la priant de sortir de son refuge au lendemain afin d’être placée en sécurité. Et l’orphelin de comprendre l’urgence de la situation au vu de l’insistance du jeune Damné : il s’éclipse rapidement pour accomplir sa tâche. Alex rejoint le reste de la coterie avec le sentiment d’avoir bien fait.

Mais c’est sans compter sur Elena. A peine apprend-elle cette initiative que les murs des Bains de Saint-Aubin tremblent de sa colère. Il faudra toute la patience et la diplomatie de Dominic pour lui faire entendre raison : il est effectivement grand temps d’agir. L’immobilité laisse croître le danger, et celui-ci doit être stoppé.
Alors de fil en aiguille, une stratégie se dessine. Osée peut-être, désespérée sans doute. Aussitôt, Alex convoque Gassan afin de la lui exposer, tandis que Dominic file à l’épicerie se procurer alcool et allumettes.

« Mais… c’est complètement débile ! Vous voulez m’envoyer au suicide ?! »

Gassan manifeste avec franchise son désaccord. Mais faute d’avancées concrètes de son côté, hormis le fait qu’il a rencontré Inya et ne l’aime pas beaucoup, le Gangrel finit par accepter de mauvaise grâce la requête de la coterie : se rendre au domaine de Dame Elyssa afin d’y faire diversion pour attirer l’attention de Rutor à minuit. Il précise, énigmatique, qu’il s’y prendra… à sa manière.

Peu de temps après son départ, les Infants Perdus décident de se mettre en route. Il reste encore de potentiels alliés à aller prévenir. Mais pour plus de discrétion, pas d’Aston Martin au programme : Elena subjugue un client des Bains avec ses dons de Ventrue afin qu’il leur serve de chauffeur. Docilement, il les dépose à l’entrée du garage des bikers, qui leur ont déjà été utiles par le passé moyennant quelques billets.

La sécurité des lieux est assurée par un individu en hauteur, sans doute muni d’une arme à feu au vu de sa silhouette, ainsi que de trois armoires à glaces à la subtilité et l’intelligence douteuses. Une nouvelle fois, la Ventrue fait montre de ses talents afin de les convaincre de les laisser entrer elle et ses compagnons.
Le chef du gang se laisse aisément embarquer dans le plan suicide que lui propose Dominic. Il ne lui aura suffi que de quelques mots scrupuleusement choisis, quelques termes savamment placés, pour que le gang se mette en tête de se rendre à l’abbaye de Fanjeaux pour minuit, afin – pour citer leur langage laissant peu de place à l’imagination – d’aller « faire chier des nonnes, surtout si y’en a des boukak putain, abusé ». Ni une ni deux, le cortège de motos pétaradantes démarre vers le Sud.

L’influence d’Elena ayant fini par s’estomper dans l’esprit du pauvre homme reconverti malgré lui en taxi nocturne, c’est à pieds que les Damnés se rendent jusqu’à l’adresse fournie par Thémistocle, le domaine de Rutor.

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Nox, la chouette d’Alex envoyée pour surveiller l’endroit, semble s’être évaporée dans la nature, c’est donc un pigeon encore une fois qui sert d’informateur et rapporte au Gangrel la présence d’une gargouille.
Dominic partage alors son érudition avec le reste du groupe : les gargouilles sont un clan mineur de vampires, qui furent créés par les Tremere par thaumaturgie alchimique et demeurèrent longtemps à leur service, puisque n’étant initialement pas douées de volonté. Sous la pression de la Camarilla, elles furent libérées et acquirent leur libre arbitre, à l’exception de quelques unes devenues définitivement serviles du fait de tant de décennies de soumission. D’apparences diverses, certaines gargouilles seraient dotées d’ailes, et pourraient également devenir aussi résistantes que la roche.

La coterie attend donc patiemment son heure. Alex, juché sur un arbre et plus discret qu’un phasme, repère quelques minutes après minuit une impressionnante gargouille sortir de la maison et s’élancer vers les cieux. Sans doute la diversion aura-t-elle fonctionné, aussi il alerte Elena et Dominic par texto. Ceux-ci escaladent – non sans peine pour la Ventrue – le portail à l’arrière du domaine, et rejoignent leur acolyte.

Le bâtiment est massif. Ses fenêtres hautes aux volets fermés ne laissent rien apercevoir de l’intérieur, et le deuxième étage, lui, semble cloisonné. L’ouïe acérée du Tremere lui permet de détecter du bruit à l’intérieur, et l’absence de piège sur la porte. Alex prend alors le relais et crochète la serrure. Lorsqu’il entre le premier dans la bâtisse, il se mue en une effrayante créature à la peau de serpent et aux griffes acérées : le ton est donné.
Le hall dans lequel les Damnés pénètrent est accueillant. Chaleureux, décoré de magnifiques chandeliers et de statues de pierre, il s’en dégage une impression de douce chaleur sans doute généré par l’imposante cheminée au mur d’en face.

Dominic guide la coterie vers la direction d’où lui semble provenir un bruit de papier que l’on manipule. Et lorsqu’ils entrent dans la pièce qu’il désigne, ils découvrent une immense bibliothèque, dans laquelle un homme est assis occupé à lire. Évidemment, l’homme surpris pousse un cri d’alerte et dégaine un fusil, visant Alex. Celui-ci encaisse le coup de feu sans mal et parvient à tuer la goule – car c’en est une – lui faisant avouer dans un râle d’agonie que deux autres êtres gardent les lieux.

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La bibliothèque replonge dans un assourdissant silence, que les Damnés mettent à profit pour explorer un peu. A mille lieues de la fondation Tremere de Toulouse, qui est misérablement dépourvue de livres de rituels, celle-ci en est fournie. D’un côté de la grande pièce, une grille de métal ouvragée condamne l’accès à un escalier qui s’enfonce dans le sol, vers une cave, sans doute. Le cadenas résiste un moment aux talents d’Alex, mais finit par céder aux assauts de ses crochets. Et le groupe descend vers les entrailles du monde.

Les marches les emmènent jusqu’à une cave éclairée de bougies. Une cave inquiétante, dont le sol, par endroits, est couvert de cercles cabalistiques d’un rouge sombre de sang séché. De nombreuses statues aux origines diverses observent de leurs yeux de pierre l’arrivée des intrus. Dominic, par réflexe, sort son téléphone pour filmer les lieux, au cas où.
La grande cave montre plusieurs portes, et le Tremere décide d’ouvrir l’une d’elles. A l’intérieur, il découvre un sarcophage, dont sa maîtrise de la psychométrie lui révèle qu’il sert de lieu de repos à un vampire très puissant, très ancien, qu’il a par ailleurs déjà rencontré. Rutor, sans aucun doute.

De son côté, Alex, attiré par une grande porte ouvragée, est occupé à en crocheter la serrure sous le regard inquiet d’Elena. Lorsque la porte s’ouvre, elle laisse apparaître une salle richement décorée de tentures, de statues imposantes, et surtout, en son centre, d’un impressionnant trône de pierre. L’inquiétude de la Ventrue disparaît, et c’est comme magnétisée par ce symbole de pouvoir qu’elle s’en approche et y prend place, pendant que l’attention d’Alex est accaparée par une lettre qui traîne.

Elle n’y reste guère longtemps : l’une des statues s’anime. Ailée, immense, elle se dresse face à Elena qui aussitôt, par réflexe, tente un ordre désespéré.

« Arrête. »

Et la gargouille, sous ses yeux effarés, effectivement s’arrête et redevient de pierre. Ainsi, elles aussi sont sensibles aux pouvoirs vampiriques… Sans attendre, Alex et Elena rejoignent Dominic, qui de son côté a bien progressé. Il a ouvert une salle qui visiblement était – ou est toujours ? - une chambre de torture de Damnés… Cela aurait du les inciter à fuir, mais piqués par la curiosité, ils restent afin de fouiller l’endroit. Alex tend à Elena la lettre qu’il a trouvé.

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Un sarcophage fermé de nombreuses chaînes intrigue grandement le Tremere, qui insiste auprès d’Alex pour qu’il en perce les cadenas. Celui-ci finit par se laisser convaincre et au prix de longues minutes – que Dominic met à profit pour verser de l’alcool sur les cercles de sang – il parvient à ouvrir la tombe. Car c’en est une, et elle contient le corps desséché, momifié, rendu cassant par le temps, d’un Damné en torpeur depuis sans doute plusieurs siècles, un pieu planté dans le cœur. L’homme, car c’est clairement un individu masculin, est vêtu d’atours dans le style Persan.
On dit que l’ennemi de son ennemi est son ami. C’est en suivant cette logique que les Damnés se décident à emmener la momie.

Mais alors qu’Alex tente sans grand succès d’ouvrir une autre grille qui semble mener vers l’eau de la Garonne, leur issue de secours, un bruit de pas se fait entendre. Tranquille, très calme, le pas sûr et serein de celui, sans doute, qui vit entre ces murs. Elena ordonne aussitôt à la Gargouille de les protéger elle et ses alliés, bien consciente cependant que cela ne durera sans doute pas face à la puissance du Mage qui approche.

La coterie assiste, impuissante, subjuguée par une puissante magie mentale semblable à celle d’Elena, à l’arrivée de celui qu’ils craignent le plus en cette Ville Rose. Le légendaire Rutor… qu’ils connaissent déjà, sous un autre nom.

Victorien Charlier.

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La Ruelle
V20 :: Introduction (Récit 1.13), 1er mai 2020

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La ruelle était sombre, flanquée de chaque côté par de vieux immeubles populaires qui la noyaient de leur ombre. Seuls deux candélabres éclairaient faiblement le passage, si bien que Florent hésita à s’y engager. Il sortait d’une soirée arrosée avec ses collègues, qui avait terminé dans un club privé voisin, à mater des prostituées qui se faisaient sauter par de vieux pervers. Drôle de manière de fêter une promotion, mais dans sa boite toulousaine, on partageait beaucoup de choses entre collègues.

Florent, donc, hésitait mais l’alcool aidant, et surtout le sentiment d’être déjà très en retard pour retrouver sa femme, il s’avança dans le passage.

Une demi heure plus tard, ce n’est pas Florent qui ressortit du passage mais un Damné centenaire, aux yeux fous, dont la bouche était maculée de sang. De sang frais et bavard. Un sang qui lui avait raconté ce qui se passait aux Bains d’Aubin, qui fréquentait l’établissement, comment étaient disposés les lieux, qui avait les clefs. Le Gangrel souriait. Il était temps de rendre visite à son Infant.

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Le Sceau Rompu
W20 :: Récit 1.14, avril 2020

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Contribution de Breloque
⇝ Introduction : Le Hurlement b_hurlement.png

24 Avril 2020

L’espace d’une seconde, je n’entends plus rien. Je ne vois plus rien non plus, tous les sens mis sous l’éteignoir. Tout est noir, tout est vide. Le néant m’a happé tout entier le temps d’un battement de cœur. Comme si une image avait été ôtée de la trame de la vie. Comme si le conteur avait retenu son souffle.

Puis l’umbra trembla.

Une secousse terrifiante. Le goulet vibre, créant une onde de choc entre les deux faces de la réalité. Un galet tombe dans l’étang. La frontière entre le royaume spirituel et le tellurien a été profanée. C’est la première fois que je ressens cela. Le fait même qu’un tel outrage soit possible me donne la nausée. Si je ne comprends pas ce qui vient de se passer, je sens dans mes tripes que l’heure est grave. Le premier sceau de l’Apocalypse est rompu.

Par le lien mystique qui nous unit, je suis contacté par Audric : oui, je suis en vie, oui je vais bien. Idem pour la Mord-Dorée. L’évènement a été suffisamment puissant dans le monde des esprits pour être ressenti dans le réel par des créatures duales comme nous, les gardiens de Gaïa.

Depuis son retour au Sept, notre alpha s’échine à obtenir du matériel pour le combat à venir. Il est en pleine conversation avec Lakos, l’intendante, lorsque la secousse se fait sentir. Instinctivement et en un instant, il prend sa forme naturelle de Crinos et hurle en vain le rappel de sa meute. Après quelques échanges rapides et inquiets avec Lakos, il utilise un miroir accroché au mur pour passer dans l’umbra. Il y invoque Harfang, l’esprit-Chouette qui nous guide, pour s’enquérir de sa santé. Le gardien tourne la tête d’un angle incongru, le fixe de ses yeux jaunes et lui répond dans son langage :
« Quelque chose approche. Tous les animaux sont en danger. Le feu couve. L’écorce de l’arbre est attaquée. »

Dans la forêt, la Mord-Dorée est en train de ligoter des mulots vivants chassés un peu plus tôt, offrande pour notre totem, lorsque le séisme umbral fait trembler l’air autour d’elle. Son poil se hérisse et elle se précipite sous sa forme de louve jusqu’au cœur de notre cairn. Il y fait une chaleur anormale, comme en plein mois d’Août. Tout y est étrangement silencieux. Quelques minutes plus tard, elle est rejointe par Lame-de-l’Aube, la Gardienne en chef du Caern. Aucune menace n’est visible. Dans l’umbra, la Fianna remarque que les esprits d’habitude si sereins dans ce havre sont perturbés. Moins nombreux qu’à l’accoutumée, ils errent l’air hagard.

Pour ma part, je viens seulement d’arriver à la Bastide-de-Sérou, et je m’apprêtais à frapper à la porte de Calixte. Une fois le choc passé et mes esprits recouvrés, j’envoie un SMS à Issa, de crainte qu’il ne soit déjà arrivé malheur à la meute de la Couette-en-Patchwork. Sa réponse est sibylline, mais tout va bien a priori.

C’est un Calixte perturbé et inquiet qui m’accueille. Lui aussi a ressenti le phénomène. Contemplant notre reflet dans le miroir de la penderie qui trône dans son entrée, nous franchissons le goulet. Sous forme Lupus, notre maître des rites hume l’air pour tenter de comprendre ce qu’il s’est passé. Puis il reprend forme homidé et me questionne. Nous devisons un moment et je lui livre mes conjectures, basées sur nos expériences de ces cinq derniers jours, les visions envoyées par Chouette, le conte d’un changelin, ainsi qu’un mélange de nos déductions et de mes intuitions plus personnelles.

Abhorra.

La Pulsion, Incarna du Ver, jadis combattue par nos ancêtres, est de retour. Par le biais de son plus fidèle serviteur, son Maeljin, le Duc de la Haine en personne. L’incarnation d’un esprit majeur n’est pas un ennemi que l’on peut vaincre avec des moyens conventionnels. L’Os a un rôle à jouer dans ce combat. Et j’ai l’intime conviction que la Couette-en-Patchwork est aussi concernée : nos pas nous ont menés jusqu’à Narbonne, fief de Dommange à qui les Pastor ont remis le fétiche. Nos pairs sont aux prises avec plusieurs menaces dans cette cité sous l’influence du Ver. Il y a forcément un lien, et nous serions bien sots de l’ignorer. Vu comment l’Os était convoité par les serviteurs du Ver, je gage qu’ils n’en resteront pas là et voudront le récupérer. Le cairn de Narbonne pourrait donc tout à fait subir une attaque à la suite de nos actions. Notre propre Sept est en danger. Il faut nous mettre sur le pied de guerre, prendre l’initiative.

Je lui propose donc un plan en trois étapes. La première consiste à collecter autant d’informations que possible. La deuxième est de dédier un groupe à la protection du fétiche. Ils devront essayer de le purifier, d’en apprendre plus sur son histoire et son fonctionnement. Suivre la piste du Fée du côté de Foix semble être la meilleure option pour y parvenir. La dernière étape est de nouer une alliance avec la Couette-en-Patchwork, et d’avoir un groupe de guerriers capables de leur prêter main forte en cas d’attaque. Et vice-versa bien sûr, nous pourrons mettre nos forces en commun par le rite du Pont-de-lune si une attaque cible notre Sept ou le leur.

Quand Calixte évoque les réticences qu’aurait Porte-le-Sang, notre cheffe Seigneur de l’Ombre, quant à s’allier avec une meute urbaine, je lui glisse non sans malice que prendre le commandement du combat qui s’annonce lui vaudra sans doute une place dans les Chroniques d’Argent…

Je termine par dire tout haut ce que nous savons tous les deux : cela n’est que mon conseil et avis. C’est bien sûr Audric qui s’exprimera pour la meute du Harfang.

Vient enfin le moment de nos retrouvailles. Je suis soulagé de voir mon frère et ma sœur de meute en bonne forme. Un hurlement proche nous indique qu’une assemblée sera convoquée pour midi aujourd’hui. Tous les membres du Sept de la Montagne de Givre sont convoqués.

Je profite de cet interlude pour passer quelques appels téléphoniques. Bastien Sombre-Route nous apporte de précieuses informations. Dans l’ordinateur de Dommange, il a découvert le plan bien huilé d’Avenir Pyrénées Orientales, qui consiste à racheter un maximum de lieux culturels afin de les remplacer par des bâtiments industriels et des zones bétonnées où la construction ne sera jamais achevée. Mais il a surtout trouvé une information capitale : le commanditaire du vol du fétiche n’est autre qu’un certain Paul Simon, résidant à Carcassonne. Je frissonne. Ce n’est autre que Hurgh, l’alpha de la meute de la Lune Brisée, des danseurs de la Spirale Noire, la némésis de notre Sept dans la région. Rien de moins que les meurtriers de Trancred Sagesse-du-Faucon. Audric accueille cette nouvelle en serrant les poings, un rictus rageur lui barrant le visage.

J’appelle aussi le Professeur Caron : elle est ravie que nous ayons retrouvé le fétiche. Le nom de Koldo de la Sota ne lui dit pas grand-chose, mais c’est un prénom commun au pays-basque selon elle.

Je vois la Mord-Dorée s’isoler avec son instrument, elle nous concocte quelque chose.

Le soleil est au zénith.

Dans la clairière de l’Assemblée, nous sommes presque tous là. Calixte arrive avec quelques minutes de retard. Dans un murmure, je lui dis notre découverte du commanditaire du vol du fétiche. Il rejoint notre cheffe au milieu du cercle, qui lui jette un regard désapprobateur. Je vois à sa mine sévère qu’il digère cette nouvelle information.

Malgré son âge avancé, Porte-le-Sang parle avec l’éloquence qui sied à son rang. L’assistance l’écoute avec respect évoquer la secousse que nous avons tous ressenti. Le phénomène a été perçu dans de nombreux Sept en Europe, y compris celui de la Bénédiction du Soleil dans les Alpes, avec qui elle s’est entretenu. L’épicentre estimé serait dans les Pyrénées. Elle donne ensuite la parole à Calixte. Les esprits ont été très perturbés par la singularité qui a ébranlé l’umbra. Certains ont fui, se repliant dans les royaumes profonds. Leur instinct primal les a poussés à fuir un prédateur. Notre maître des rites annonce que les augures ne laissent pas de place au doute. Il fait le lien entre le phénomène et Abhorra. Il convoque aussi le mythe du Roi Noyé. Il rappelle à tous ce que sont les Pulsions. Tout laisse à penser que nous sommes confrontés à la manifestation de l’une d’elle. Je ferme les yeux de soulagement pendant que Calixte fait le récit du fétiche, de sa place dans le conflit à venir. L’Os et le tremblement ressenti ce matin sont tous deux le signe d’un danger extrême et imminent. Selon ses propres mots, « les pièces du puzzle s’emboîtent trop bien » et je ne peux qu’acquiescer intérieurement.

Porte-le-Sang reprend la parole pour parler de politique, cette vieille gangrène de la nation Garou. Même s’il n’y a pas de lien de subordination directe entre nos Sept, les Théurges de la Bénédiction du Soleil vont vouloir jeter un œil sur le fétiche… lorsqu’ils connaîtront son existence. Les Crocs d’Argent qui règnent là-bas voudront se l’arroger pour leur propre gloire. Elle pense donc que le Fétiche doit bouger, autant pour cette raison que pour sa protection.

Audric décide d’interrompre une première fois notre cheffe à ce moment-là, mais est vite réprimandé. Avec espièglerie, la Mord-Dorée vient au secours d’Audric, ajoutant une touche d’humour pour détendre l’atmosphère. Elle arrache même quelques sourires dans l’assemblée.

C’est le moment que choisit Calixte pour annoncer que celui qui a organisé le vol du fétiche n’est autre que l’alpha de la meute de la Lune Brisée. Un vent de stupeur souffle dans l’assemblée.

Porte-le-Sang dévoile son plan avec solennité. Elle a décidé de constituer deux équipes : une pour se défendre contre l’attaque des séides du Ver en quête de l’Os, et une autre pour utiliser l’Os. Je garde un visage impassible, mais je remercie intérieurement Calixte d’avoir réussi à convaincre notre cheffe. Jonas Lune-d’Océan, Gardien du Portail, en profite pour rappeler que la Litanie est très claire à ce sujet : nous devons porter secours à un Sept en danger, c’est la fonction première des Ponts-de-Lune. Je lui sais gré de cette intervention. Lame-de-l’Aube prend la parole à son tour pour assurer que ses guerriers se tiendront prêt et que le Sept sera défendu… cette fois. La petite pique n’est pas passée inaperçue et la Mord-Dorée lui rétorque avec morgue qu’il a été défendu au prix de nombreuses vies. Porte-le-Sang demande à Audric de « tenir sa meute », mais ce dernier semble approuver la réplique de notre conteuse.

La parole est donnée selon l’ordre hiérarchique. Daniel Broyeur-de-Gorges, alpha de la meute des Porteurs d’Ombre, annonce qu’ils sont prêts à affronter un ennemi qu’ils connaissent bien… mais qu’ils savent très puissant.

Vient enfin le tour d’Audric. Il rappelle que le cairn a été défendu jadis jusqu’en son cœur par la meute de l’Aube Nouvelle, au prix d’un sacrifice que personne ne doit oublier. Il défend ensuite la Couette-en-Patchwork : leurs méthodes déplaisent peut-être à certains de notre Sept, mais ils affrontent seuls des ennemis puissants. Ses derniers mots sont lourds de rage :

« Au titre de ma vengeance légitime, je demande solennellement le droit d’affronter la meute de Lune Brisée, et de porter le combat jusque dans leur tanière. »

Daniel s’y oppose, expliquant que même sa meute aguerrie serait incapable d’un tel exploit. Il assure Audric qu’il a entendu ses paroles concernant la meute de Narbonne et qu’il est prêt à verser son sang pour protéger le Sept de la Couette-en-Patchwork.

Porte-le-Sang conclue en affectant les missions : l’os sera confié à la meute du Harfang alors que la meute des Porteurs-d’Ombre restera au Sept se préparer au combat. Audric ne cache pas son dépit.

Mais l’assemblée n’est pas terminée pour autant. Porte-le-Sang donne la parole à la Mord-Dorée, en sa qualité de conteuse Fianna. Sous le regard approbateur de son mentor Thadée, notre jeune amie s’avance au milieu du cercle, son violoncelle en épicéa verni entre les mains. Je ferme les yeux pour me laisser porter par la mélodie et la voix de ma sœur. Sa chanson est tantôt mélancolique, tantôt enjouée, racontant l’histoire de l’Os de Cerf-Géant à travers les âges. Je vois qu’elle est parvenue à toucher son audience. Pour certains, le message est devenu bien plus limpide qu’à travers le discours de notre cheffe.

Porte-le-Sang remercie la Mord-Dorée chaleureusement. Elle nous souhaite d’être victorieux dans notre quête, mettant un terme à cette assemblée.

Ines et Thadée s’empressent d’aller féliciter la musicienne. Daniel discute avec Audric, et si je suis trop loin pour les entendre, je vois qu’ils se parlent avec un respect nouveau, d’alpha à alpha.

Finalement, je n’aurais pas dit un mot de toute cette assemblée et je m’en félicite. Je ne pouvais pas imaginer de meilleures décisions. Je vais trouver Jonas : nous appelons Bastien afin d’organiser toutes les modalités nécessaires à l’établissement d’un Pont-de-Lune.

Nous partageons ensuite un repas dans la salle principale de la ferme. Les discussions badines vont bon train, une façon comme une autre de chasser la tension.

Avant de reprendre la route, je vais m’isoler pour méditer deux heures durant. Le voyage accompli dans l’umbra profonde la nuit précédente a affaibli ma gnose et j’ai besoin de me ressourcer si je veux être utile à mes comparses.

C’est vers 15H que la camionnette de brocanteur floquée de son logo d’un loup portant un baluchon nous mène du côté de la ville de Foix. Malheureusement, nous n’avons pas le temps de passer voir ma nièce Sylvie qui habite là et s’occupe d’un centre de réinsertion.

Je dépose mes deux compagnons à Freychenet, et les laisse se mettre sur la piste de Koldo de la Sota sans moi, pendant que je vais passer à l’armurier pour récupérer ma commande spéciale : des balles en argent. Ne sait-on jamais, cela pourrait servir dans les heures à venir. Je répugne à manipuler la boîte de munitions, la présence de l’argent créant un désagréable picotement dans la nuque. Je m’empresse de les ranger à l’arrière du camion.

Freychenet est un petit hameau où une ferme fait office de mairie. La Mord-Dorée s’y fait indiquer le chemin jusqu’à la maison de Koldo de la Sota par un vieux fermier avec un accent à couper au couteau. Koldo serait un vieil homme, un rebouteux qui descend rarement de sa colline. Il paraît que la vue est magnifique depuis chez lui et qu’on peut apercevoir le château de Ségur.

Je récupère mes comparses en chemin et nous nous y rendons, empruntant une route de terre cahoteuse. Mais ma fidèle camionnette en a vu d’autres.

Nous parvenons à une fermette isolée, perchée sur l’arête d’une colline. Le lieu est assez typique avec une fontaine de pierre et quelques pots de bégonias bien entretenus. Un chien aboie sur Audric alors que nous sonnons à la porte.

Un petit homme rabougri au teint hâlé, à la peau labourée de rides et à la calvitie avancée nous accueille. Il traîne ses charentaises et nous invite à le suivre d’une voix nasillarde. Il fait sombre chez lui, tous les volets sont fermés. La maison est dans son jus : vieilles tomettes polies au sol, papier peint à la mode au siècle dernier, mobilier désuet. Il s’installe dans son fauteuil recouvert d’un plaid rapiécé et nous prenons place dans un canapé tellement usé que j’ai l’impression que mes fesses vont toucher le sol.

Sans ambages, persuadés d’avoir affaire à un allié au fait du monde occulte, nous lui confions l’os. Koldo voit tous les destins qui se sont brisés sur ce fétiche. Et depuis les temps immémoriaux de sa création, ils sont fort nombreux selon lui.

Il nous dit d’un ton irrévérencieux :

« Moué. Vot’ vieille babiole ? Vous voyez ça comme du pouvoir. Mais c’est pas que l’bout d’os qui compte, c’est l’esprit qu’y a dedans. Et tous ceux qui sont crevés pour lui, ben ils ont fini par l’affecter… et pas en bien. Bon. J’vais vous aider, j’ai rien d’autre à foutre d’toutes façons. »

Il se lève et se dirige vers une table en formica. Mon scrotum se contracte lorsqu’il fait tomber le précieux fétiche au sol et pousse un juron. Pourtant conscient de sa puissance, il le manipule comme un vulgaire bâton, ce qui fait bondir mon cœur à plusieurs reprises. Mes yeux habitués à la lumière distinguent de nombreuses plantes séchées dans des bocaux sans étiquette. Le vieux commence à marmonner en basque tout en jetant une poudre ocre sur l’os. Il se saisit ensuite d’un étrange objet composé de plumes et d’os, une sorte de colifichet chamanique. Le basque a laissé place à une autre langue au fur et à mesure de ce rite qui m’est totalement inconnu… de l’amérindien peut-être ?

Koldo revient vers nous et jette nonchalamment l’os dans notre direction. Les réflexes affûtés de la Mord-Dorée lui permettent de s’en saisir in-extremis avant qu’il ne touche le sol.

« Boueh, ce sera pas si simple d’apaiser cet esprit. Une mort a particulièrement compté pour lui. La mort d’un être qui s’est retrouvé coincé entre les mondes. Une femme. Un spectre désormais. Qui reste collé aux basques de la breloque. Allez donc voir où elle est crevée… » nous dit le vieil homme.

Nous cherchons comment le remercier pour son aide. Je note de lui faire livrer une caisse de bonnes boutanches. Et la Mord-Dorée lui chante sa dernière composition. Les jambes croisées dans son fauteuil, il oscille des charentaises et dodeline de la tête. Cela semble lui avoir plu. Le vieux chamane nous révèle enfin sa tribu : un Uktenah, fondateur du Sept des Sept Clans. Cela ne me dit rien, mais il est rare de les trouver de ce côté de l’atlantique.

Koldo de la Sota nous prodigue un dernier conseil : quelqu’un connaît bien les tragédies de la région. Un certain Jérémy Leroy, jeune artiste qui met les histoires du coin en chansons. Peut-être nous aidera t’il à retrouver le lieu de la mort du spectre ?

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Le Hurlement
W20 :: Introduction (Récit 1.14), 24 avril 2020

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Dans les profondeurs de la Terre, la musique et les chants du théurge impie résonnaient contre les parois d’acier du caern de la Lune Brisée. Autour du Danseur, les Garous se déhanchaient, se secouaient, arpentaient la spirale tracée au sol avec du sang d’humain en grognant leur plaisir de servir le Ver. Le rituel mené à son terme provoqua un tremblement intense qui saisit toute la fosse corrompue, et tous les Garous sentirent le Goulet se déchirer. Les Danseurs franchirent l’espace entre les mondes en hurlant à la nuit, et s’inclinèrent devant les Flaïels rassemblés dans la fosse.

Parmi eux, un se démarquait. Puissant, flamboyant de haine, armuré comme un chevalier, le visage caché sous un heaume de métal. Le Seigneur Acier s’avança vers les Garous, et même les puissants serviteurs du Ver qu’ils étaient tremblèrent à chacun de ses pas.

« Me voici prêt à entrer, fidèles servants, je sens que mon temps est venu d’apporter la guerre sur cette terre que j’ai foulée il y a trop longtemps. Les mages maudites ont presque achevé leurs rites, et une créature du Ver, parmi les plus puissantes à marcher dans la nuit, accueillera mon esprit et ma force. Vous avez préparé armes et châtiments pour punir les forces de Gaïa, je serais votre Apocalypse tant espérée, tant redoutée. La mort sera ma traine royale, et mon retour sera la plus grande croisade que les hommes ont connue. Soyez mes lames, mes épées, Garous dansants dans la spirale du Ver. Soyez mes héraults annonciateurs de mort. Soyez les éclaireurs de mon armée. Le feu de mon orage n’aura aucune pitié. »

D’une seule voix, d’un seul cri, tous les Garous assemblés hurlèrent à la mort, et la Pénumbra elle-même trembla sous la force de ce hurlement.

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La Croisée des Chemins
W20 :: Récit 1.13, avril 2020

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Contribution de Breloque
⇝ Introduction : L’Assassin b_assassin.png

Nuit du 23 Avril 2020

L’habitacle du véhicule hoquette sur les pavés des ruelles de Narbonne. Nous quittons aussi discrètement que possible les lieux de notre méfait, soulagés d’avoir enfin récupéré le précieux fétiche. La Mord-Dorée contemple un temps dans ses mains l’os de cervidé antique gravé de glyphes de pouvoir. Puis elle le range avec délicatesse dans la housse de son violoncelle, dans le compartiment d’habitude dévolu à sa hache. Elle reprend sa forme naturelle de louve et se love à l’arrière pour se reposer.

Audric ne savoure guère cette victoire bien longtemps. Il enrage à l’idée que Maxence Domange n’était qu’un simple humain, même pas un fomori ou autre puissant serviteur du Ver. Mais il est possible que l’agent de Pentex ne fusse qu’un intermédiaire de plus. De toutes façons, il ne faut pas sous-estimer les humains et leur pouvoir de nuisance. Ils n’ont peut-être ni force ni pouvoir, mais ont démontré leur créativité quand il s’agit de maltraiter Gaïa. J’espère d’ailleurs que nous trouverons des documents compromettants pour Avenir Pyrénées Orientales dans tout ce que nous avons subtilisé chez l’homme d’affaires. Il serait juste de stopper ces activités mortifères.

De retour au Macar, il y a de l’animation. Issa nous explique que c’est « soirée Rock ». Un soir par mois, le bar à vin accueille des groupes de musique de la région ou d’ailleurs. Audric ordonne à la Mord-Dorée de reprendre forme humaine avant de rentrer dans les lieux. Il y a trop de monde et elle aura du mal à se faire passer pour un simple animal de compagnie. Le Voile doit être protégé, la Litanie respectée. Mais la jeune Fianna n’est pas d’humeur et se soulage sur la roue arrière de ma camionnette pour montrer sa désapprobation.

Audric et moi traversons la salle du Macar qui est bondée ce soir-là. Le public est plutôt jeune et l’ambiance est festive. Un groupe joue de la musique rock sur une petite estrade. Nous ne nous attardons pas et filons à l’arrière-salle, guidés par Issa.

La Mord-Dorée est passée par l’arrière du bâtiment et emprunte une lucarne pour nous rejoindre. Georges s’agace de son incivilité. La louve reprend forme humaine, sa hache de combat à l’épaule, montrant ainsi à tous pourquoi elle a préféré éviter de se transformer jusqu’ici. En effet, en lieu et place de sa hache, c’est le fétiche qui se trouve dans le compartiment secret de sa housse de violoncelle. Audric l’ouvre devant les membres de la meute de la Couette-en-Patchwork présents dans la salle, révélant à tous l’os antique. Le croquis réalisé par le professeur Caron s’est avéré assez fidèle et elle n’avait oublié aucune rune. J’ai du mal à estimer sa puissance, et pourtant Gaïa sait que j’en ai vu passer de nombreux entre mes mains. C’est un fétiche si puissant qu’une meute complète pourrait s’y harmoniser.

Audric remercie Magda Victoire-Lucide à sa manière. Il ouvre grand les bras dans une posture sincère mais maladroite, invitation à une accolade. Pour le sortir de ce moment de gêne, la Mord-Dorée vient à son secours en lui faisant un câlin.

Georges Tue-la-Chance se rend compte de la puissance de l’objet que nous avons ramené… et le convoite. Il annonce que l’objet a été trouvé sur leur territoire et que la Couette doit revendiquer l’objet pour son propre combat. Mon sang ne fait qu’un tour et la tension monte entre lui et moi. Il faut l’intervention d’Audric et Magda pour interrompre notre esclandre. Georges quitte la pièce avec perte et fracas.

Bastien Sombre-Route, Théurge comme moi, est très intéressé par la relique. Avec notre accord, il utilise un fétiche de son cru pour étudier l’os. Il tient à la main un étrange appareil électronique semblable à ceux utilisés par les caissières des épiceries. Saugrenu que de voir un objet technologique devenu fétiche, même pour un homidé comme moi. Après plusieurs passages au-dessus de l’os, l’appareil émet un petit vrombissement. Bastien fronce les sourcils quand il nous dit qu’il y a quelque-chose qui cloche dans les résultats. Il hésite et butte sur ses mots, mais voilà comment je l’ai compris : l’empreinte machinscopique n’est pas saine. L’os est impur, mais ce n’est pas directement lié au Ver ni à la Tisseuse… c’est autre chose encore, comme une sorte de salissure qui pourrait altérer le fonctionnement du fétiche. Voilà chose bien inquiétante.

Pendant ce temps-là, la curiosité de la Mord-Dorée l’amène dans la salle principale du Macar où la musique rock rugit pour le plus grand plaisir du public. Il semble que quelque chose ait attiré son attention… Elle nous retrouve Audric et moi au dortoir dans le sous-sol, pour nous partager une chanson. Nous n’écoutons que d’une oreille, encore tourneboulés par la dispute avec Georges et la discussion avec Magda. Ce qui a le don de vexer notre amie, qui lâche son violoncelle sur le lit et claque la porte, un bout de papier à la main.

Je fais un rapport à Calixte par téléphone. Il nous enjoint à revenir au Sept dès que possible.

Tandis que la Mord-Dorée fait la fermeture du bar à l’étage, Audric et moi essayons en vain de trouver un peu de sérénité dans la méditation.

Dans les heures les plus avancées de la nuit, une fois que chacun a cuvé son vin et sa colère, nous retrouvons un peu de quiétude et d’unité. La Mord-Dorée nous partage sa chanson. C’est une complainte, une berceuse lugubre et mélancolique qui parle d’amour, de deuil et de parenté… mais aussi de l’héritage d’un os. Les paroles restent cryptiques cependant. Elle nous confie les avoir entendus ce soir même pendant le concert. Elle est parvenue à s’entretenir avec le chanteur en jouant la groupie. Ils discutent d’abord des chansons et du partage des connaissances. Il est au courant que nous avons trouvé le fétiche, et il enjoint notre amie à rencontrer le précédent propriétaire du fétiche en suivant les indices de la ritournelle. Il lui a conseillé d’aller jusqu’au village de Freychenet et de faire la rencontre d’un certain Koldo de la Sota. Dernier élément que la Mord-Dorée porte à notre connaissance : elle a reconnu l’odeur sentie sur Jacques le Siffleur, le changelin rencontré dans la chaumière de Catherine Medina. Était-ce lui sous une autre apparence ou un autre Fée ? Difficile à dire.

La Mord-Dorée semble enthousiaste à l’idée de suivre la voie indiquée par le peuple Fée. Je suis mal à l’aise à cette idée. Déjà, cela peut tout à fait être un piège et les facétieux changelins ont leurs propres motivations. Ensuite, il me semblerait déshonorable d’abandonner la Couette à son sort. Cette meute fait face à un ennemi plus fort qu’elle, le devoir me dicte qu’il faut leur prêter main forte. Enfin, nous devons rentrer au Sept et j’ai bien peur que nos chefs ne nous laissent pas agir à notre gré.

Je sens une ombre glacée s’installer dans mon ventre. Mauvais pressentiment.

J’ai pris ma décision. J’informe mes amis que je vais entreprendre un voyage dans l’umbra profonde et qu’ils devront retourner au Sept sans moi si je ne suis pas rentré avant l’aube. Une fois le goulet franchi, tout comme un esprit-araignée l’avait autrefois enseigné à mon ancêtre, je noue un cordon argenté à une saillie d’ephemera de notre dortoir. Là où je vais, ce sera le seul moyen de retrouver mon chemin.

L’esprit-gardien de notre meute, Harfang, répond à mon appel. Son plumage d’hiver blanc immaculé me rappelle son âge vénérable. Ses yeux jaunes me fixent alors que je lui demande d’être mon guide. Il acquiesce d’un hochement de tête gracieux.

Nous nous éloignons alors de la penumbra, empruntant les airets, ces sentes mystiques qui parcourent les royaumes spirituels proches. Je vole à tire d’aile derrière Harfang, grâce à ce don que Chouette nous fait. Rien ne peut remplacer le sentiment de liberté pure et sauvage qui m’habite à ce moment-là. Nous nous enfonçons toujours plus loin de l’autre côté du miroir.

De son côté, Audric a du mal à trouver le sommeil. Il entend Magda rentrer tardivement, vers 4H du matin. Elle est laconique et doute de la parole d’Audric quant à l’engagement de sa meute dans leur combat. Cela renforce la détermination du jeune Croc d’Argent, j’en suis certain.

24 Avril 2020

Le jour se lève, je ne suis toujours pas rentré.

Audric confie à Bastien les affaires de Dommange : papiers, ordinateur et téléphone portable. Il y a sûrement des actions à mener pour contrecarrer les plans de Pentex dans la région, et peut-être des informations utiles. Il donne à Magda la moitié de l’argent et de l’or trouvé chez Dommange.

Mes deux compagnons rentrent ensuite à la Bastide-de-Sérou en utilisant un chauffeur privé, un certain Hubert, commandé par Issa. Sur la route, Yseult presse Audric : son instinct la pousse à suivre la direction indiquée par le Fée, c’est selon elle là-bas que se passe la suite de leur conte. Inquiet quant à mon sort, l’alpha n’écoute que d’une oreille.

Enfin rentré dans notre Sept, Audric et la Mord-Dorée trouvent Calixte, notre maître des rites. Il reste bouche bée devant le fétiche que lui donne Audric. Il n’écoute que d’une oreille distraite le rapport de notre alpha et se retire pour aller étudier l’objet.

De mon côté, je ne compte plus les heures. L’exaltation a peu à peu fait place à la fatigue. Puis l’horizon change dans un fondu au noir.

Voilà, que je plane au-dessus d’une forêt de séquoia géants aux ramures sombres et aux troncs luminescents, sous une aurore boréale d’or et d’amarante. Mon cœur se serre devant un tel panorama. L’umbra profonde recèle bien des mystères… et des dangers.

Une ombre au-dessus de moi.

De gigantesques ailes iridescentes m’enveloppent et je me retourne face à Chouette, dans toute sa magnificence. Ses grands yeux vermeil sont posés sur moi. J’entends ses paroles formulées dans mon esprit.

Que viens-tu faire en mon royaume Gardien des nuits ?

Je lui fais part de mes doutes. Nous sommes à une croisée des chemins. Pour la première fois depuis qu’elle nous guide, je ne sais quelle voie à emprunter.

Qui a le plus raison, le Soleil ou la Lune ?

Mon esprit est troublé. Il n’y a pas de bonne réponse à cette question. Dans les chroniques, Luna est à l’origine de la création des garous et leur a inspiré la Rage. Mais il m’est impossible de défausser Hélios que je salue chaque matin dans les rites.

Interroge-toi sur les destinations de chaque route. Quel est ton objectif à toi, Fracas-Cendres ?

La réponse est simple, elle a toujours été là.

« Réaliser le destin de Peau-de-Lune et de la Mord-Dorée. Vaincre Abhorra et son Maeljin. »

Alors trace ta propre voie. Écoutez bien les messages que je vous envoie. Je ne vois pas tous les avenirs, à vous d’écrire le vôtre. Accomplissez une célébration en mon honneur, et souvenez-vous.

L’incarna qui nous a fait l’honneur de sceller la naissance de notre meute disparaît ensuite dans la nuit.

Je remonte le fil d’argent jusqu’au dortoir, sans faire de mauvaises rencontres grâce à Harfang qui me guide sur le chemin du retour.

Lorsque je remonte à l’étage, je ne peux m’empêcher d’entendre les membres de la Couette se disputer, plus divisée que jamais. Georges et ses partisans accusent Magda d’avoir été faible en nous laissant partir avec une relique puissante qui leur revenait de droit. Un objet qu’ils auraient pu utiliser dans leur propre combat. Bastien le contre en disant que l’objet est impur et que l’utiliser est risqué. C’est là que j’interviens. La discussion est à nouveau passionnée, mais je garde mon sang-froid et parviens à trouver une rhétorique qui fait mouche. J’espère avoir quelque peu renforcé la position de Magda Victoire-Lucide avant de quitter Narbonne.

Ma fidèle camionnette et moi rentrons enfin au bercail.

Je vais retrouver mon frère et ma sœur de meute. Je sais désormais quels conseils donner à notre chef pour la suite de notre périple.

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L'Assassin
W20 :: Introduction (Récit 1.13), 1659

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Pyrénées Ariégeoises, 1659

Il avait parcouru des lieues et des lieues depuis le plat pays de Flandres, usé ses chevaux et ses bottes, percer maints ventres et gorges pour parvenir jusqu’ici. Sous ses habits communs et fatigué par le voyage depuis le nord de la France, se cachaient son sang anglais et une allégeance sans faille pour Cromwell, le Lord Protecteur d’Angleterre qui avait ordonné la purge des Catholiques. L’alliance avec les forces françaises de Turenne contre l’Espagne avait été le prétexte à sa venue, et contrairement aux autres soldats de la couronne britannique, il était resté en France, missionné avec quelques hommes pour une tâche que les gens du commun ne pouvait pas comprendre, ni même imaginer.

Henry Hill rabattit sa capuche sur son visage, le dissimulant encore plus dans les ombres des bois de cette forêt humide. Ses hommes autour de lui avaient pris position, près au combat qui s’annonçait mortel. Le capitaine Hill revoyait encore les yeux de son commanditaire, Cromwell en personne, flamboyant, haineux, lorsque ce dernier l’avait chargé de retrouver les catholiques irlandais qui avaient fui les îles emportant avec eux un trésor.

« Un trésor inestimable, Capitaine » avait dit le Lord Protecteur. « Avec cette relique, un os de cerf, ces hérétiques pourraient réveiller quelques démons pour renverser la Couronne. Des démons géants, poilus aux griffes de sang. »

Alors Hill avait pris la route et traquer les fuyards. Jusqu’au sud de la France où les Irlandais avaient trouvé refuge, espérant mettre un pays entier entre eux et leur destin. En vain. Hill était le meilleur chasseur de la Couronne, et il ne repartirait pas sans son butin.

D’un geste, il ordonna l’attaque. La chaumière fut encerclée et incendiée. Ses habitants, des hérétiques impies invoquèrent des créatures monstrueuses, mais les potions fournies par Cromwell leur avait permis de ne pas céder à la folie et de vaincre, de leurs épées à lame d’argent, les monstres. Le combat avait été sauvage, et les anglais avaient été féroces, et leurs adversaires étaient désorganisés. En quelques minutes, dans l’incendie et l’affrontement, il ne restait plus des catholiques irlandais que leurs cadavres poilus. Mais dans les décombres, point de butin.

Maudissant ses adversaires, le Capitaine Hill s’apprétait à rentrer. A défaut de cet os, il revenait avec les peaux tannées des hérétiques. Cromwell apprécierait ce genre de trophées. En bon chasseur, le Lord Protecteur collectionnait les loups empaillés, il pourrait ajouter ces peaux à ses butins de guerre…

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Le Répit
V20 :: Récit 1.12, Avril 2020

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Contribution de Derry
⇝ Introduction : Le Fratricide b_seth.png

Après avoir vécu d’étonnantes péripéties dans la ville de Limoges, nous avons décidé de retourner dans notre fief principal, à savoir Paris. La nuit suivante, nous nous sommes séparés à la recherche d’aide et de réponses sur la suite des évènements.

Aparté d’Alex – Temple Parisien
28 Avril 20h00
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Après avoir raconté la “véritable” histoire de nos origines, qui daterait de l’Egypte ancienne, Sekouba fit le parallèle entre les 12 clans originaux et les 12 “apôtres” de Seth et affirma que le Livre de Nod était un mensonge.

Puis il m’appela, moi, le jeune né Gangrel mais dont le cœur chavirait entre mes origines et celle de ma famille d’accueil : les Setites.

Une fois seul avec mon mentor, j’essaie pour une fois de faire preuve de tact pour ne pas trop en dire mais sans devoir mentir à l’un des rares caïnites à avoir ma confiance.

Mais c’est ce dernier qui entame la conversation. Après avoir balayé les banalités d’usage, il me rappelle de faire preuve d’une grande prudence car les adeptes de Seth sont pourchassés. Ils sont craints car nous représentons la foi, la vraie ! De ce fait, nous sommes une menace à la fois pour la Camarilla, mais aussi pour les Anarchs ou le Sabbat.

Je rebondis donc sur ces paroles pour faire le parallèle avec la situation à Toulouse. Je lui parle donc de la cour corrompue d’Arzailler mais sans entrer dans les détails. Je mentionne toutefois la présence auprès du comte du Lasombra Ingelrando.

Sekouba fait très vite le rapprochement entre l’hostilité franche de son clan vis-à-vis du notre et de l’attaque sur Sahar.
J’aborde enfin les autres forces en présence, comme le sabbat, même si le pouvoir en place nie leur existence, et surtout le Tremere Rutor.

Après lui avoir expliqué dans les grandes lignes ce que nous avons compris des ambitions de ce dernier, mon mentor me conseille d’être plus stratégique et moins “Gangrel” (je ne savais pas que Gangrel était péjoratif) face à un tel adversaire et de trouver sa faiblesse. Cela me permettrait ensuite, à ma guise, de l’utiliser à mon avantage, ou de l’effacer complètement de l’équation?

Je le remercie donc pour ses précieux conseils et lui demande de faire part à Sahar de me solliciter si elle a besoin d’aide contre le comte toulousain.
Je profite également de la présence de mon tuteur pour approfondir mes connaissances de Serpentis. Je suis persuadé que cela me sera utile.

Aparté de Dominic – Bibliothèque François Mitterrand
28 Avril 20h00
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Dans la fondation Tremere, dont la construction en puits donnant sur les égouts permet des échanges avec les Nosferatus, Dominic repère Lisia en train d’étudier.

Respectueux, il attend calmement pour ne pas la perturber. Elle finit par le repérer et interrompt sa lecture pour l’accueillir chaleureusement. Elle l’emmène ensuite dans une alcôve privée très luxueuse, même pour le pilote d’Aston Martin.

Il commence par informer sa mère en ténèbres de l’officialisation de la chantrie de thaumaturge toulousaine dont les membres sont Lucius, Victorien et lui-même.

Elle souhaite en savoir plus sur ses homologues de la ville rose, et Dominic se montre peu flatteur vis-à-vis de Victorien, trop en retrait à tous les niveaux à son goût.

Notre mage de sang aborde ensuite le manuscrit du signe rouge et du plan de Rutor. Elle le met en garde que seuls les ouvrages authentiques détiennent du pouvoir, et que celui-ci en question contient des rituels ésotériques très complexes dont l’efficacité n’a jamais été prouvée.

Lisia reste cependant très intéressé par le grimoire et par la destruction du traître. Mais il faudra rester vigilant si ce dernier est réellement entouré de gargouilles et de fidèles.

Est également abordé le mystère autour d’Elyssa et visiblement à Paris également, son sang intéresse les thaumaturges.

Enfin, Dominic évoque ses origines, et l’identité de son sire. Son alliée le rassure en lui disant que son créateur non affilié ne remet pas en cause sa loyauté et que seuls nos actes parlent pour nous. Elle ajoute que l’enquête faite sur lui n’a donné qu’une seule information, son sire serait dans l’entourage d’un certain Nerio.

L’enquête va donc pouvoir reprendre, car, grâce aux contacts d’Elena, Dominic est en possession des noms de ses 2 lieutenants.

Avant de retourner à Toulouse, Dominic profitera de ce haut lieu de savoir pour se faire enseigner l’anti-magie

Aparté d’Elena – Domaine de Charles de Sens
28 Avril 20h00

Lorsque la Ventrue arrive dans la demeure de son père en ténèbres, elle est très rapidement reçue par ce dernier. Il la félicite de venir lui apporter les informations en personne car au final, on ne peut compter que sur soi-même.

Après avoir abordé les pistes autour de Valentine, des ses rapports, de sa mort ultime réelle et des éventuelles causes de sa disparition, Elena rentre dans le vif du sujet en abordant Rutor.

Elle lui raconte toutes les informations en notre possession, sur son objectif de s’affranchir des contraintes communes à tous nos clans et à tous les vampires, mais en gardant le bénéfice de nos points forts.

Charles de Sens demande alors à sa protégée la nature de la menace contre Villon évoquée par la Nosferatu dans ses rapports. La coterie n’a pas su identifier précisément ce détail, ayant dérivé sur d’autres enquêtes mais le vieux Ventrue met le doigt dessus… Rutor est un régicide, faisant tomber les couronnes. Mais il s’étonne de l’inaction des Tremere face à un rebelle thaumaturge.

Il conclut aussi que c’est le mythique mage du sang qui a tué Valentine, ce qu’Elena ne contredit pas.

Face à cela, Elena essaie d’insister sur la menace que représente Rutor, qui détient les 3⁄4 de la cour d’Arzailler dans la paume de sa main. Que son plan est sur le point de réussir mais ses mots ne réussissent pas à transcrire la menace imminente et Charles De Sens y voit une opportunité d’asseoir son pouvoir et de s’affranchir de l’hégémonie Toréador.

Heureusement, ce que les mots de notre Ventrue n’ont pas réussi à exprimer, sa gestuelle et sa posture, eux, l’ont parfaitement fait.

Il comprend que le thaumaturge est une pièce non négligeable, avec des capacités, des motivations et des ambitions obscures. Ainsi, nous devrons mieux le cerner pour ensuite décider de son sort.

Les missions concernant Rutor étant données, Elena mentionne également la présence et l’influence du Lasombra sur le comte de la ville Rose. Elle ajoute que ce dernier connaît son sire et donc, par extension, la connaît elle !

Retour à Toulouse
Nuit du 1er Mai

Après avoir passé 3 jours sur Paris, nous reprenons la route en échangeant nos informations durant le trajet.
Elena et moi-même ne voulant pas pas faire d’escale, notre dame use de ses dons de persuasion sur notre chauffeur pour que le trajet se fasse en une nuit, même si cela se fera au détriment de son permis.
Et, au regard de la vitesse affichée sur le compteur, elle a su se montrer très persuasive. Le trajet a donc été très rapide.

Toulouse
2 Mai 20h00

De nouveau, la coterie se sépare pour enquêter, chacun ayant ses méthodes. Nous nous mettons d’accord pour cependant se retrouver ensuite et faire le point sur les éventuelles informations que nous aurions pu avoir en supplément de celles que nous avions déjà.

Dominic se rend dans la bibliothèque où il réalise que la médiathèque de la ville aurait probablement un univers occulte bien plus développé que celui tenu par les thaumaturges… Il y a, en revanche, beaucoup de livres sur les sciences humaines, l’histoire…

Il décide donc de contacter Victorien, qui se défend en prétendant lire dans les âmes plutôt que dans des vieux bouquins. Pour lui, la partie surnaturelle est bien remplie, au regard des nombreux ouvrages sur la mythologie.

C’est un dialogue de sourd duquel Dominic réalise que son homologue Tremere paraît être bien plus à l’aise auprès des humains qu’auprès des membres de “sa famille”.

Dominic repart donc un peu bredouille mais en sachant qu’il ne pourrait compter, en cas d’urgence, que sur Lucius pour l’aider sur Toulouse questions concernant des faits magiques.
Après s’être davantage rapprochée de Maxine, Elena contacte Hervé Moncelet pour obtenir des informations et des ragots sur les membres de la cour de la ville rose.

Elle apprend ainsi les conflits entre Inya et les Anarchs. Son mentor mentionne l’ambition de pouvoir de Jules De Grevy, et l’ombre faite par la légitimité d’Aymeric à prendre le pouvoir.

En effet , en plus de son ancienneté, le toréador est le seul véritable Occitan de la cour Il n’a cependant aucune ambition politique, mais son rayonnement fait de l’ombre à quiconque dirige Toulouse. D’autant plus qu’il est moins fidèle à Villon qu’à sa région natale. Il la privilégiera toujours, renforçant sa légitimité dans le cœur occitan.

Notre chère Ventrue demande ensuite s’il existe, dans cette ville, de fervents opposants à Villon, mais la réponse est négative, ou du moins personne d’assez puissant pour ne pas être ignoré.

Hervé raconte ensuite l’histoire des reines de Toulouse, dont Sybille qui après sa trahison et la prise de la couronne, souhaitait la paix entre Toulouse et la France, en gardant son indépendance.

La rumeur raconte que Villon est à l’origine de la fin de Sybille car elle lui faisait trop d’ombre en tant que chef de la ville des arts…

Cependant, malgré la disparition de sa reine, l’esprit d’indépendance occitane subsiste toujours dans les esprits, malgré que la ville ait été rattachée à Bordeaux… Et cela explique qu’aucun roi n’ait été mis sur le trône depuis, pour éviter l’émergence d’un vrai pouvoir occitan.

En cela, Arzailler est un compte fantôme parfait, complètement effacé…

Après ces échanges riches, Moncelet avertit Elena sur le danger de déterrer des informations, aussi bien pour notre image que notre survie.

Je me rends pour ma part auprès de Sahar, dans l’église de Saint Aubin. Après lui avoir demandé si elle pouvait se renseigner dans son réseau hors camarilla sur quelques têtes de la cour, à savoir le Lasombra, Inya et De Grevy, je l’avertis sur les dangers que représentent Rutor.

Je lui fais part de ma demande à ce qu’au besoin, pour son propre bien, elle quitte quelques nuits la ville si je lui venais à lui demander, mais elle me dit qu’elle ne le fera pas sans bonnes raisons, ce que je comprends.

Je lui fait également savoir de vive voix cette fois, qu’elle pourra compter sur mon aide contre le comte et ses coups bas.

Enfin, ayant une idée derrière la tête, je lui demande l’autorisation d’inviter Elyssa en ces lieux, car j’ai besoin de lui parler en terrain neutre, ce qu’elle accepte.

Face à l’intérêt que lui porte Rutor, les Tremere de Paris, et à l’importance qu’elle semble avoir pour tous sur le terrain de jeu occitan, je décide d’organiser une rencontre pour lui faire part de mon plan. Ainsi, si elle accepte, Rutor n’aura plus son ingrédient principal pour son rituel. Si elle refuse, je me verrais contraint de la retenir de force le temps de lui sauver sa non-vie.

Je me rend donc discrètement auprès de ses orphelins et en persuade un de lui transmettre le dictaphone contenant les instructions de rendez-vous.

Je repars ensuite informer ma coterie de ma manœuvre osée.

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