Campaign of the Month: December 2021

Le Sang versé d'Occitanie

La Tour

Ars Magica :: Récit 2.2, Printemps 1204

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Contribution de Yakurou
⇝ Introduction : L’Armée b_arm_e.png

Printemps 1204, Comté de Foix.

Dans son sanctuaire, juste en dessous de la salle du conseil, Grimgroth se tenait debout, face à la fenêtre. Devant lui se dressait la chaîne de montagnes des Pyrénées, qu’il observait avec cette froideur qui le caractérisait, complètement détaché du spectacle qui se tenait devant lui. Après un soupir, il retourna à son bureau, où il s’assit, posant la missive qu’il tenait jusque là dans les mains. Il se demandait bien qui il pourrait envoyer.
Qui accepterait ? N’importe qui pouvait le faire, mais…

Ses pensées furent arrêtées, lorsqu’un corbeau vint se poser sur le rebord de sa fenêtre. Les deux êtres échangèrent un long regard, puis le corbeau se mit à croasser. Un nouveau soupir, et le Tremere se leva afin d’aller chasser l’oiseau. Une fois chose faite, il retourna s’asseoir.
Vulcris… sa présence était nécessaire à l’Alliance de la Crête de Brume, mais depuis que Grimgroth avait pris la place de Consuelia, leur relation n’avait fait qu’empirer. La vieille Ex-Miscellenea ne cachait pas son aversion pour le nouveau maître de l’Alliance, et ses volatiles étaient une source de nuisance incessante pour le Tremere.
Mais que pouvait-il y faire ? La cloîtrer, comme Clavius et Felix?

Ces deux mages étaient bien plus agréables à vivre, l’un cloitré dans ses souterrains en compagnie de ses rats, l’autre ayant fait voeu de mutisme, dont les seuls bruits étaient ceux de son “animal de compagnie”, une sorte de crapaud-chou-salade nommé Wartzle. Leurs recherches étaient intéressantes, et Grimgroth les suivait avec intérêt. Repousser la mort, et la réponse au secret du monde étaient deux sujets que le Tremere ambitieux pourrait utiliser à son compte.

Le dernier membre de l’Alliance n’était autre qu’Oculo, un mage… pour le moins bruyant. Extravagant. Qui ne cherchait rien d’autre dans la vie que la reconnaissance, que ce soit de ses pairs ou des vulgaires.

De nouveau, le corbeau vint se poser sur la fenêtre. Grimgroth le regarda d’un œil froid, mais son regard le traversa pour se poser sur une silhouette qui marchait d’un pas lent sur le chemin de la tour. S’il savait sourire, Grimgroth l’aurait sans doute fait. Mais peu de gens dans cette tour avaient déjà vu sa bouche se mouvoir dans ce sens.
Au fond de lui, il savait. Il avait trouvé.

Il reprit la missive qui lui était adressée, envoyée par un certain Raymon de Péreille.


Au pied de la tour, Astrid revenait, un sac de plantes sous le bras. Oculo, dans son immense bienveillance et dans un souci d’enseignement certain, lui avait demandé de concocter une recette qui rendrait la peau plus douce et belle. La jeune mage était alors partie au matin dans la forêt, et après avoir récupéré ses ingrédients, avait pris le chemin du retour. Avant même qu’elle ne frappe aux grandes portes de l’immense édifice, celui-ci s’ouvrit sur un vulgaire, un des servants de la tour.

“Bonjour ma Dame.

- Bonjour Jasper. Toujours à l’affût de mon arrivée je vois !

- C’est là mon rôle, ma dame."

Alors qu’Astrid entrait dans la tour, profitant de la fraîcheur propre aux bâtiments anciens possédant des murs épais, Jasper reprit la parole"

“Ma Dame, monsieur Grimgroth vous a fait demander…”

Astrid hocha la tête, et monta les escaliers de la tour au pas de course, ne s’arrêtant au sixième étage que pour déposer ses ingrédients, avant de rejoindre le maître de l’Alliance dans la salle du conseil. Alors qu’elle poussait les lourdes portes en bois massif, elle put constater que Gaubert et Jeanne étaient déjà à l’intérieur, assis sur de rustres bancs de bois, qui dénotaient avec la richesse des finitions de la pièce.

Grimgroth attendit que la mage se soit installée pour prendre la parole.

“Dans notre région se trouvent des hommes en colère, dirigés vers les peuples qui vivent proches de nous. Pour des raisons de croyances, certains pourrait porter la guerre jusqu’ici”

Il expliqua alors qu’un seigneur local s’est vu confier la tâche de bâtir une place forte, en haut d’un pic rocheux : la tour de Monségur, dans le but de protéger les Cathares des seigneurs et croyants qui leur voudraient du mal. Mais le temps étant compté, il demandait l’aide des mages de la Crête de Brume, en échange d’une source de Vis brute.

Habituellement, les Alliances essayaient de rester neutres dans ce genre de conflit, mais la position géographique de la tour de la Crête de Brume était délicate, et si la guerre venait à arriver jusqu’ici, la neutralité de l’Alliance serait compromise face à la nécessité de se défendre. Il fallait donc aller sur ce chantier, et aider, discrètement, à la rénovation de la tour.

Leur quête connue, les trois mages se préparèrent au voyage qui débuterait le lendemain, réunissant des vivres et des vêtements. Trouver une carte fut plus complexe : Astrid demanda à Oculo, le sachant possesseur de nombreuses cartes. Après avoir expliqué à grand renfort de gestes pleins d’emphase la difficulté d’obtenir ce morceau de papier indiquant le chemin jusqu’à leur destination, il consentit à lui en prêter une, la mettant au défi de créer la sienne au cours de son périple..

Après une bonne nuit de sommeil, c’est sous un ciel nuageux que le groupe de mages, en habits de travailleurs, se met en route vers Péreille. Au cours de la journée, ils firent la rencontre d’un groupe bien inhabituel : une quinzaine de voyageurs, tous en longues robes noires. Il ne fallut pas longtemps pour reconnaître là des disciples de Dominique de Guzman, un ordre monastique dont le rôle est d’enquêter sur la présence des Cathares.

Bien au fait de cette information, et au vu de leur objectif clairement opposé à celui de ces moines, le groupe décida de cacher son véritable but, se présentant comme des rétameurs ambulants cherchant travail et fortune au gré de la route, avant de reprendre le chemin.
Arrivés à destination, et devant le refus des gardes à les laisser rencontrer le seigneur des lieux, les mages décidèrent d’aller à la pêche aux informations chez une connaissance de Gaubert tout d’abord, puis à l’auberge de la ville ensuite. Ils y apprirent le nom du contremaître, ainsi que les différents problèmes que le chantier connaissait, à savoir un grand nombre de blessés, et des problèmes d’approvisionnement.

Ils passèrent la nuit à l’auberge, et firent le point au petit matin, mordant dans des fruits mûrs pour certaines, et dans une saucisse juteuse pour d’autres. Comment faire avancer le chantier tout en restant discrets ?

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Kapryss